Actualités - REPORTAGE
SOCIÉTÉ - Publicités dégradantes pour caser au mieux les domestiques étrangères Quand les employées de maison sont assimilées à une marchandise (photos)
Par MASSOUD RANIA, le 01 mai 2002 à 00h00
«Des prix fous, fous, fous !», «Offre spéciale sur les Sénégalaises : un mois sans TVA et sans garantie bancaire», «Un cadeau vous attend avec chaque femme de ménage…»… Tels sont les slogans qui paraissent sur les pages de certaines publications périodiques à caractère publicitaire ou sur des banderoles sur les murs de la ville. «Commercialisées», des femmes d’Asie orientale et d’Afrique font l’objet de ces annonces. Des offres, une réduction de prix, des cadeaux : les agences offrant les services des employées de maison sont prêtes à tout pour décrocher un contrat de deux à trois ans, même si cela doit se faire aux dépens de la dignité humaine. Taxées, soldées et importées, les employées de maison étrangères sont devenues semblables à tout autre produit commercial sur le marché libanais. Avec le mois des soldes et l’application récente de la TVA, la concurrence entre les agences en question n’est pas passée inaperçue. Les femmes de ménage perdent leur qualité humaine pour devenir une sorte d’investissement ou un simple produit importé. «Des prix fous !». Le «prix» de la Sri Lankaise varie entre 825 et 1 600 dollars, suivant la langue qu’elle maîtrise. L’Éthiopienne est à 1 400$, la Philippine est à 1 500$. Un prix spécial est prévu pour les arabophones du Bangladesh ; elles sont à 800$. Leur salaire mensuel varie entre 100 et 200$. Certaines agences vont même jusqu’à proposer des offres «exceptionnelles», pour se différencier de leurs concurrents : garantie contre la fuite, assurances médicales, possibilité d’échange en cas de mésentente… «Si la femme de ménage ne travaille pas comme il faut, ou pas assez rapidement, ou bien si elle souffre d’une maladie nerveuse quelconque, vous pouvez l’échanger», annonce une des agences. «Et en cas de suicide, nous vous remboursons l’argent que vous avez payé avec une indemnité de 150$ !». Apparemment, il y a un prix pour tout, même pour la vie humaine… Scandaleuses, inhumaines et dégradantes, ces offres sont publiées régulièrement dans les annonces des journaux publicitaires, sans scrupule et sans aucun respect envers ces milliers de femmes qui viennent de l’autre bout du monde à la recherche surtout d’un meilleur niveau de vie. «Recevez avec chaque servante un tablier de travail (…) et une montre gratuitement», «Nouveau : nous avons des musulmanes et des chrétiennes arabophones et anglophones !», précisent plusieurs agences dans leurs annonces. En outre, et grâce à l’évolution technologique, la possibilité de choisir une employée sur Internet existe. Le choix peut être fait suivant la photo, la religion, la langue, l’âge, la taille, le poids, l’éducation, l’expérience et, bien sûr, la nationalité. Des Philippines, du Sri Lanka, d’Éthiopie, du Vietnam, du Népal, du Nigeria, de l’Inde, du Congo, du Bénin, du Bangladesh, le choix est vaste et très varié. «Les Philippines travaillent très bien, mais les Éthiopiennes sont par contre très propres…Pour une première fois, je vous conseille l’Éthiopienne», propose le propriétaire d’une agence de services ménagers. Apparemment, la concurrence entre ces femmes est très importante. Elles sont devenues malgré elles l’objet d’une offre, d’un cadeau et d’un slogan sur une petite annonce en noir et blanc dans un journal publicitaire hebdomadaire. Rania MASSOUD
«Des prix fous, fous, fous !», «Offre spéciale sur les Sénégalaises : un mois sans TVA et sans garantie bancaire», «Un cadeau vous attend avec chaque femme de ménage…»… Tels sont les slogans qui paraissent sur les pages de certaines publications périodiques à caractère publicitaire ou sur des banderoles sur les murs de la ville. «Commercialisées», des femmes d’Asie orientale...
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