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Actualités - REPORTAGE

SANTÉ - Le gène du diabète lipoatrophique enfin identifié Cinq familles libanaises recrutées pour une étude à l’hôpital Saint-Antoine à Paris

En 1998, grâce à une bourse offerte par l’association Aide aux jeunes diabétiques, dix-neuf enfants de cinq familles libanaises ont été recrutés pour les études entreprises par le Dr Jocelyne Magré, chercheuse à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, pour identifier le gène responsable du diabète lipoatrophique. Quatre ans plus tard, ce gène étant enfin identifié, le Dr Magré a tenu à communiquer les résultats de ses recherches aux parents et enfants malades. La chercheuse participait aux XXXIIIe congrès de l’Association des pédiatres de langue française. La rencontre a eu lieu au campus des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph (USJ), en présence notamment du Dr Éliane Khallouf, endocrinologue pédiatre à l’Hôtel-Dieu de France et professeur adjoint à la faculté de médecine de l’USJ, et André Mégarbané, responsable du laboratoire génétique de l’USJ. Les Drs Khallouf et Mégarbané avaient participé au recrutement des patients libanais avec l’aide des membres de plusieurs familles, de religieux et d’infirmières. Ces patients sont originaires des villages de Deir el-Ahmar et de Becharré. «Le diabète lipoatrophique est une maladie très rare qui touche une personne sur un million», explique le Dr Magré. «Cette maladie est caractérisée par une quasi-absence du tissu adipeux dans le corps et une augmentation de la masse musculaire et du volume du foie». Les enfants atteints du diabète lipoatrophique ont leur métabolisme basal très élevé. Par conséquent, ils sentent toujours la faim, souffrent de la chaleur et transpirent d’une façon permanente. «Ils souffrent également d’une hypertriglycéridémie, car ils n’ont pas de graisse dans leur corps», souligne le Dr Magré qui précise que deux formes de cette maladie sont distinguées : le syndrome Berardinelli-Seip qui est présent dès la naissance et le syndrome de Lawrence dans lequel l’absence de la graisse apparaît plus tard dans l’enfance. «En plus des familles libanaises, l’ADN de quatre familles originaires du sud-ouest de la Norvège a été également collecté», indique le Dr Magré. «Ces derniers étaient suivis par le Dr Martin Seip, qui a décrit la maladie». Pour identifier le gène responsable du diabète lipoatrophique, le Dr Magré a eu recours au clonage positionnel qui vise d’abord à localiser le chromosome muté puis à identifier le gène. «Cette étude, qui a été réalisée en collaboration avec le Pr Mark Lathrop du Centre national de génotypage à Evry, a révélé le locus de la maladie BSCL2 sur le chromosome 11 dans la région q13», précise la chercheuse qui poursuit : «Dans onze autres familles, dont la majorité est d’origine portugaise, la maladie est liée à ce même locus. Par contre, dans les autres familles qui proviennent principalement de l’Europe centrale ou d’Afrique, la maladie n’est pas liée à cette région». Le Dr Magré explique, par ailleurs, que le mode de transmission récessif de cette maladie est confirmé. Ainsi, deux personnes portant chacune cette mutation donneront naissance à un enfant souffrant du diabète lipoatrophique. «Parfois, la même mutation est retrouvée chez plusieurs familles, qui, à première vue, ne semblaient pas apparentées», ajoute-t-elle. «C’est le cas, par exemple, des cinq familles libanaises dont le lien de parenté a été prouvé». «Jusqu’aujourd’hui, treize mutations différentes ont été identifiées. La plupart sont des mutations nulles, c’est-à-dire qu’elles entraînent la production d’une protéine tronquée probablement inactive», note le Dr Magré. Le gène est identifié, mais un long travail reste encore à faire. «Nous sommes tombés sur une protéine qui n’a rien de commun avec ce qui est connu», constate-t-elle. «Pour le moment, certains traitements donnent beaucoup d’espoir, comme le traitement à la leptine qui a été déjà administré à neuf patients américains. Les résultats de ce traitement se sont avérés spectaculaires notamment en ce qui concerne la diminution du taux des triglycérides. La thérapie génique ? C’est pour plus tard». Selon le Dr Magré, il est important au stade actuel de sensibiliser la population contre les mariages consanguins. Il est également nécessaire de mieux traiter les enfants atteints du diabète lipoatrophique et de leur assurer les médicaments nécessaires. Rassurant les Libanais en raison du fait que cette mutation n’existe pas au niveau de la population générale du pays, le Dr Magré souligne que cette protéine a retenu l’intérêt des chercheurs qui se penchent sur le problème de l’obésité, d’autant que cette protéine empêche la formation de la graisse. Et de conclure : «Plusieurs équipes travaillent déjà sur cette protéine. Son rôle sera donc rapidement défini au niveau mondial». N.M.
En 1998, grâce à une bourse offerte par l’association Aide aux jeunes diabétiques, dix-neuf enfants de cinq familles libanaises ont été recrutés pour les études entreprises par le Dr Jocelyne Magré, chercheuse à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, pour identifier le gène responsable du diabète lipoatrophique. Quatre ans plus tard, ce gène étant enfin identifié, le Dr Magré a...