Actualités - ANALYSE
Conflit de plus en plus intense entre Powell et Rumsfeld sur la politique à suivre Divergences au sommet du pouvoir américain sur le P-O
le 27 avril 2002 à 00h00
Une âpre bataille au sommet de l’Administration américaine sur la politique à suivre au Proche-Orient provoque malaise et mécontentement au sein de l’appareil diplomatique du pays, reconnaissent des responsables américains. S’ajoutant à la traditionnelle rivalité entre le Pentagone (Défense) et le département d’État (Affaires étrangères) pour faire valoir leurs vues auprès de la Maison-Blanche, la crise israélo-palestinienne a aggravé les antagonismes. «Il y a un sentiment d’absence de direction à suivre, qui provoque beaucoup de ressentiment et parfois de la colère», selon un responsable du département d’État, parlant sous le couvert de l’anonymat. L’atmosphère est «morose», en raison notamment du peu de succès rencontré par le secrétaire d’État Colin Powell lors de sa récente tournée au Proche-Orient, où il n’est parvenu à obtenir ni un cessez-le-feu, ni un retrait militaire israélien des territoires palestiniens, ni encore moins une amorce de processus politique, reconnaissent des diplomates. Les luttes intestines au sein du pouvoir américain ont été mises sur la place publique hier avec un article du Washington Post, dans lequel plusieurs diplomates parlent, sous le couvert de l’anonymat, de démoralisation. La raison principale réside dans le conflit de plus en plus intense entre M. Powell et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld pour définir la politique proche-orientale, selon le journal qui estime que ces divergences ont largement contribué à l’échec de la mission du secrétaire d’État. La participation très remarquée du numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, à une manifestation de solidarité avec Israël à Washington, au beau milieu de la mission de M. Powell, a notamment alimenté les commentaires sur la rivalité entre les deux ministères. Alors que M. Powell est en faveur de pressions sur le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, pour qu’il retire ses forces de Cisjordanie et négocie avec les Palestiniens, M. Rumsfeld et ses conseillers veulent donner à M. Sharon une grande marge de manœuvre et considèrent ses actions militaires comme une guerre légitime contre le terrorisme. Le secrétaire à la Défense et son entourage, dont le ministère a obtenu plus d’influence sur la politique au Proche-Orient que par le passé, voient également peu d’intérêt à essayer de faire entrer le président palestinien, Yasser Arafat, dans un processus de négociations, relève le Washington Post. Des responsables du département d’État relevaient hier que certains éléments de l’article étaient exacts, tout en se refusant à exagérer les états d’âme des diplomates américains. «La crainte de voir différents secteurs de l’Administration se téléscoper a augmenté depuis ce voyage», a assuré un diplomate américain. «Je ne suis pas en mesure de dire si le secrétaire d’État pense qu’on l’a court-circuité, mais beaucoup d’entre nous le pensent», a-t-il ajouté. «Cela étant dit, les gens ne se promènent pas dans les couloirs du département d’État en pleurant», a-t-il déclaré. Un autre responsable a minimisé l’idée qu’il puisse s’agir d’un conflit personnel entre le «faucon» Rumsfeld et la «colombe» Powell. «C’est de la foutaise pour le microcosme politique», a-t-il assuré, tout en reconnaissant qu’il y avait un problème de fond. «La vraie question, c’est de savoir quelle politique nous avons dans cette région. Les gens de la direction du Proche-Orient (au département d’État) s’arrachent les cheveux, et ce sont eux qui sont démoralisés», affirme-t-il.
Une âpre bataille au sommet de l’Administration américaine sur la politique à suivre au Proche-Orient provoque malaise et mécontentement au sein de l’appareil diplomatique du pays, reconnaissent des responsables américains. S’ajoutant à la traditionnelle rivalité entre le Pentagone (Défense) et le département d’État (Affaires étrangères) pour faire valoir leurs vues auprès...
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