L’exposition au musée Sursock de la collection de Adnan et Adel Kassar m’a inspiré cette réflexion. Les œuvres exposées, trouvées avec intelligence, émotion et sensibilité, émerveillent. Les Kassar donnent l’impression d’être des «touche-à-tout». Cela dénotant savoir, culture, raffinement et engagement. Engagement à préserver la vocation de l’Orient, son histoire et son avenir. Que vont donc chercher deux banquiers dans les souks, les mosquées, les rues, les boutiques, les déserts, les hammams ? Des souvenirs, des fantasmes, des beautés enfouies, une histoire passée qui se revit et se réactualise au ralenti, sous nos yeux ? Ils nous permettent de voir et revoir certaines gravures, certaines toiles, relire des expressions enfouies çà et là et interpréter postures, gestes, conversations et bribes d’histoire. Ils nous permettent de chercher la profondeur de l’image dans certains souks ou rues, ce que les passant espèrent et croisent à l’intérieur ou à l’extérieur. Comprendre ou non deux siècles passés. Toutes les œuvres ne sont certes pas d’une facture égale. Mais l’ensemble est cohérent, reposant, profond, laissant une trace de non achevé. Parfois on aurait voulu davantage, non pas par boulimie, mais plutôt par curiosité. Et le non vu n’est pas accroché. Nous vous invitons à aller le chercher. Trouvez-nous un complément. Trouvez-nous la suite. Enrichissez notre mémoire. Faites-nous oublier l’Orient misérable d’aujourd’hui. Puissent ces œuvres inspirer les jeunes, les artistes, les poètes, les politiciens, les journalistes, les Libanais et les étrangers vivant dans cette partie du monde. Merci aux frères Kassar ! Élie JABRE