L’armée israélienne s’est retirée hier de la zone urbaine de Jénine, en Cisjordanie, alors que la poursuite des violences faisait dix morts Palestiniens ailleurs dans les territoires palestiniens. Les forces israéliennes se sont retirées de la ville de Jénine et du camp de réfugiés adjacent, dévasté lors de sa conquête. Elles devraient quitter d’ici à dimanche Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Confirmant ce retrait, le ministre de la Défense, Binyamin Ben Eliezer, a estimé que l’offensive avait «atteint ses objectifs» et qu’il fallait à présent «trouver une issue politique» au conflit avec les Palestiniens. L’armée continue d’occuper les abords de Jénine, dont le camp a été le théâtre des combats les plus violents de l’offensive déclenchée le 29 mars. Elles occupaient toujours hier trois zones urbaines autonomes de Cisjordanie : Naplouse, Bethléem et Ramallah, où le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat est toujours assiégé. Dix Palestiniens ont été tués jeudi soir et vendredi matin dans la bande de Gaza et en Cisjordanie par des tirs israéliens, dont plusieurs en tentant d’attaquer des soldats et des colons. Un Palestinien s’est tué en faisant exploser vendredi sa voiture bourrée de 100 kg d’explosif à un barrage militaire israélien proche du bloc de colonies de Goush Katif, dans le sud de la bande de Gaza, selon l’armée israélienne. Deux soldats israéliens ont été légèrement blessés dans l’explosion. À Rafah, dans le sud de ce territoire, trois Palestiniens ont été tués dans la nuit pendant une incursion de l’armée israélienne. Deux autres Palestiniens, déguisés en soldats israéliens, ont été tués au même moment près de la colonie de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, qu’ils s’apprêtaient à attaquer, selon la même source. L’opération a été revendiquée par les Brigades al-Qods, branche armée du mouvement radical du Jihad islamique. Un autre Palestinien, transportant des explosifs, a été tué jeudi soir alors qu’il tentait de s’infiltrer dans la colonie de Dugit, dans le nord de la bande de Gaza, selon l’armée israélienne. En Cisjordanie, un enfant de 9 ans a reçu une balle dans l’abdomen jeudi soir à Beitounia, un faubourg de Ramallah alors qu’un adolescent de 15 ans a été tué d’une balle dans la tête vendredi matin dans le centre de la ville, selon une source médicale palestinienne. Par ailleurs, un Palestinien a été tué vendredi matin par des militaires israéliens près de la «ligne verte» séparant la Cisjordanie d’Israël. L’armée israélienne a d’un autre côté capturé hier Khaled Tafesh, le chef pour la région de Bethléem de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam. Elle a arrêté en outre une adolescente palestinienne à Bethléem, en Cisjordanie, soupçonnée de préparer un attentat-suicide en Israël. Sur le plan diplomatique, Israël se trouvait sur la défensive face aux terribles images des ravages causées par son armée dans le camp de Jénine. L’État hébreu est accusé par les Palestiniens d’y avoir commis un «massacre», ce que l’armée israélienne nie. Des dizaines de Palestiniens tués sont «sans doute» ensevelis sous les décombres d’une «centaine» de maisons détruites par l’armée dans le camp, a reconnu jeudi soir une porte-parole de l’armée israélienne. L’envoyé spécial de l’Onu, Terjé Roed-Larsen, avait estimé jeudi «totalement inacceptable» le fait «que le gouvernement israélien n’ait pas autorisé, depuis 11 jours, les équipes de sauvetage et de recherches» à entrer dans le camp. Sur ces faits, une dizaine de corps ont été déterrés hier dans la cour de l’hôpital du camp de Jénine, en Cisjordanie, où ils avaient été inhumés provisoirement, selon une journaliste sur place. Ces corps ont été extraits du sol où ils avaient été enterrés sous un peu de sable, afin de les inhumer plus tard dans le cimetière du camp. D’autres corps restent à déterrer. Selon les Palestiniens, des centaines de Palestiniens ont été tués lors de l’occupation du camp. L’armée israélienne parle, elle, de dizaines de personnes, tuées dans les combats. L’armée israélienne a annoncé avoir transféré 25 corps aux Palestiniens. Un survivant trouvé dans les décombres Un homme a été trouvé vivant hier après avoir passé dix jours dans les décombres du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, a indiqué un responsable du Croissant-Rouge palestinien. L’homme a été hospitalisé, a précisé le responsable des secours d’urgence de l’association, Hossam Charkaoui, qui n’a pas pu apporter plus de précision sur son état. Il a néanmoins souligné qu’il s’agissait du premier véritable cas de personne trouvée vivante dans les décombres du camp dont le centre a été dévasté par l’armée israélienne. «Les autres étaient à demi-bloquées dans les débris ou bien avaient peur de sortir», a-t-il expliqué. Selon lui, 26 corps ont été trouvés jusqu’à présent dans les ruines, dont ceux de 4 enfants, 2 femmes et 2 personnes de plus de 65 ans. Une équipe internationale de secours est arrivée sur place pour tenter de repérer et sauver d’éventuels survivants, selon M. Charkaoui. Un ministre « regrette » que « davantage de terroristes » n’aient pas été tués Le ministre israélien de la Justice, Meïr Shitrit, a «regretté» que «davantage de terroristes» n’aient pas été tués pendant les opérations de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, dans une déclaration à la télévision publique. En réponse aux critiques de l’envoyé spécial de l’Onu Terjé Roed-Larsen sur le bilan des morts et les destructions provoquées par l’opération israélienne, M. Shitrit a répliqué en proclamant que si «M. Roed-Larsen tient tellement à ces réfugiés palestiniens il n’a qu’à convaincre son pays, la Norvège, de leur ouvrir ses portes pour les accueillir». «Israël a n’aucune responsabilité vis-à-vis des réfugiés palestiniens», a ajouté M. Shitrit sans donner d’autres précisions. Israël a déclaré le camp «zone militaire fermée» après son occupation le 3 avril et en a refusé ensuite l’accès aux médias, sauf à un petit groupe de journalistes accompagnés par l’armée.