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CÉRÉMONIE - Passation de direction au Goethe Institut entre Monika von Kraft et Rolf Stehle Vibrant plaidoyer de Ghassan Tuéni pour la tolérance (photo)
Par GHANDOUR-HERT MAYA, le 18 avril 2002 à 00h00
Cérémonie de passation des pouvoirs, ou plutôt de direction au Goethe Institut. Monika von Kraft, après cinq ans de bons et loyaux services, a en effet remis la direction du centre culturel allemand à son successeur Rolf Stehle au cours d’une cérémonie chargée d’émotion. En présence de l’ambassadeur Gisela Kaempffe-Sikora, du ministre de la Culture M. Ghassan Salamé, de divers représentants des Centres culturels français et britannique, et de l’invité d’honneur, M. Ghassan Tuéni, qui a prononcé un discours sur le dialogue culturel entre l’Allemagne et le Liban. Côté broderie musicale, le pianiste Ghaswan Zerikly a joué, devant un public attentif et admiratif, une sonate de Mozart et le premier mouvement de la sonate Au clair de lune de Beethoven. Mme Von Kraft a rappelé dans son mot les trois piliers sur lesquels le Goethe Institut a fondé sa politique : l’enseignement de l’allemand, une bibliothèque et un centre de recherches, et l’organisation de programmes et manifestations culturelles. Elle a ensuite introduit M. Rolf Stehle. M. Tuéni a entamé sa présentation par une citation de Goethe tirée de son Divan. S’adressant à Mme Von Kraft, il a déclaré : «Vous avez enrichi la vie culturelle du pays en organisant plusieurs séminaires sur les droits de l’homme, de la femme, des prisonniers, sur le multiculturalisme, l’énergie solaire ainsi que maintes manifestations artistiques, littéraires, poétiques et musicales. Mais, surtout, mue par un grand élan de tolérance, vous avez organisé un séminaire sur “les chances et limites du multilinguisme et du multiculturalisme” dont le modérateur était le recteur de l’USJ». M. Tuéni a ensuite fait allusion à une pièce de théâtre du philosophe allemand Lessing Nathan le sage. Lessing donne avec cette œuvre poétique une leçon de tolérance religieuse aux ergoteurs de son temps... et du nôtre également. L’histoire se déroule à Jérusalem, pendant la troisième Croisade. Un templier condamné à mort, ainsi que dix-neuf chevaliers du même Ordre, trouve grâce auprès de Saladin en raison d’une certaine ressemblance avec le frère de celui-ci, mystérieusement disparu. Le chevalier a saisi sa chance et demandé à Nathan le Sage, le père adoptif de Récha, la main de sa fille, à qui il a sauvé la vie au cours d’un incendie et dont il s’est épris. Nathan est pris d’un doute et il hésite : une enquête menée autour du chevalier lui prouvera que Récha, présumé juive, et le templier sont en réalité frère et sœur, enfants du musulman Assad, frère cadet du sultan Saladin. Le secret une fois révélé, Récha, le templier, Nathan et Saladin oublieront le fossé que la religion avait jusque-là creusé entre eux. «Une formidable leçon de tolérance qui nous laisse espérer que les trois religions monothéistes et leurs cultures pourront coexister et dialoguer en paix et appliquer les commandements de leur Père (qui est aux cieux et non sur les scènes de combats)», a remarqué M. Tuéni. Celui-ci a ensuite rendu à Goethe ce qui lui appartient : «Son œuvre est universelle, et ce n’est pas par hasard que les Instituts culturels allemands dans le monde portent son nom». Le conférencier a ensuite appelé à une Aufklärung Arabe, invitant l’Occident à y participer. «Les Arabes et le monde musulman en général ont perdu quelque peu l’intérêt qu’ils devraient porter à leurs philosophes, théologiens, historiens et scientifiques médiévaux et post - médiévaux». M. Tuéni a conclu avec trois questions : «Comment se fait-il que la fascination des Allemands pour l’Orient et plus particulièrement le Proche-Orient n’a-t-elle pas produit une ou deux générations de germanophones dans le monde arabe alors que l’orientalisme a pris une grande ampleur en Allemagne ? L’Allemagne est-elle entrée dans le monde arabe par la mauvaise porte ? Celle du l’occupation ottomane ?». Les philosophes de l’histoire et les historiens de la culture n’ont pas encore trouvé la réponse à ces interrogations ni à la suivante : «Quelles sont les raisons qui ont conduit la culture islamique à devenir répétitive, sans renouveler ses écoles de pensée alors que le monde Occidental s’en inspirait pour faire revivre ses racines méditerranéennes ?». À méditer. M.G.H.
Cérémonie de passation des pouvoirs, ou plutôt de direction au Goethe Institut. Monika von Kraft, après cinq ans de bons et loyaux services, a en effet remis la direction du centre culturel allemand à son successeur Rolf Stehle au cours d’une cérémonie chargée d’émotion. En présence de l’ambassadeur Gisela Kaempffe-Sikora, du ministre de la Culture M. Ghassan Salamé, de divers...
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