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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE L’éternel printemps des Médicis sur cimaises Ils cultivaient aussi de magnifiques jardins (photos)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Il n’y pas que les jardins suspendus de Babylone. Ceux qu’ont cultivés les Médicis, avec art et science, sont aussi fabuleux. Ils s’y sont promenés et les ont immortalisés en faisant appel à de célèbres peintres pour les fixer sur toile, comme on les fixerait aujourd’hui sur pellicule. Ces illustrations font l’objet d’une grande exposition se tenant à la National Gallery of Art à Washington. Elle s’intitule «Le fleurissement de Florence : Les Médicis et l’art botanique». De prime abord, le nom des Médicis est associé aux manigances, aux empoisonnements, aux papes et aux aventures amoureuses. Ce que l’on connaît moins, c’est leur passion pour les jardins : ceux plantés de fleurs, d’herbes, de légumes, de fruits, de bosquets, etc. Et leur souci de répertorier dans des librairies spécialisées les espèces florales et végétales qu’ils possédaient ou pas. Ce n’est pas tout, ils engageaient des botanistes pour superviser, cataloguer et étudier ce qui poussait sur leur terre. Ils avaient réussi à faire fleurir des iris d’Iran, des tournesols du Pérou et plusieurs autres plantes exotiques, notamment des narcisses et des fritillaires d’Orient. Peintres de cour et peintres de jardin Et comme ils avaient des peintres de cour pour exécuter leurs portraits, ils avaient aussi un groupe d’artistes chargés de reproduire sur toile les spécimens garnissant leurs jardins. Aujourd’hui donc, on peut admirer à Washington 68 de ces œuvres, plus spectaculaires les unes que les autres. Lorsque de nos jours, un agriculteur obtient un potiron de 80 kilos, il fait appel à son journal local pour le photographier. Lorsqu’en 1711, le grand duc Cosme 1er avait réalisé un tel exploit, il avait demandé à un artiste nommé Bartolomeo Bimbi (1648-1729) de le peindre. Bimbi était un spécialiste des merveilles du potager. Parmi ses toiles les plus étonnantes, un chou-fleur de neuf kilos et une composition donnant à voir un arrangement de 115 variétés de poires. Au service des Médicis se trouvaient deux autres artistes, Jacopo Ligozzi (1547-1626) et Giovanna Garzoni (1600-1670). Le premier avait le souci de restituer la texture des fleurs. Il utilisait plusieurs couches de gouaches pour obtenir des effets de transparence et de velouté. Il scrutait son sujet avec l’œil d’un homme de sciences. Giovanna Garzoni (1642-1651) demeure l’une des plus importantes artistes femmes de l’Italie. Son pinceau était plus décoratif que celui de ses collègues. Témoin une de ses créations regroupant un lierre, une jacinthe, quatre cerises et un artichaut qui dit une envie de fantaisie plutôt qu’une préoccupation académique. Ailleurs, ses nénuphars, ses roses, ses paillons peints sur des vases de Chine sont davantage un plaisir de l’œil qu’une leçon de choses. Mais elle est restée fidèle à son modèle original. Comme le souhaitaient ses commanditaires. Car, du côté des Médicis, on cherchait à traiter, sur toile, les végétaux pour leur beauté intrinsèque et naturelle sans les affubler, comme il était d’usage à l’époque, d’une connotation poétique et métaphysique. Une approche qui a pleinement épanoui l’art botanique. Sur le terrain, leur effort n’était pas moindre. Le duc Cosme1er avait créé, à Pise, en 1543, le premier jardin botanique d’Europe. Puis il en a ajouté un autre à Florence.
WASHINGTON-Irène MOSALLI Il n’y pas que les jardins suspendus de Babylone. Ceux qu’ont cultivés les Médicis, avec art et science, sont aussi fabuleux. Ils s’y sont promenés et les ont immortalisés en faisant appel à de célèbres peintres pour les fixer sur toile, comme on les fixerait aujourd’hui sur pellicule. Ces illustrations font l’objet d’une grande exposition se tenant à...