Actualités - CHRONOLOGIE
Erakat réclame une commission d’enquête internationale sur les massacres La polémique s’envenime entre Israël et les Palestiniens
le 13 avril 2002 à 00h00
Les Palestiniens tentaient hier de mobiliser la communauté internationale contre les «massacres» qu’ils accusent l’armée israélienne d’avoir commis dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, alors qu’Israël parlait d’une «campagne mensongère». Pour le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, «la bataille (médiatique) pour les morts» a commencé. Le chiffre exact de ceux-ci n’était toujours pas connu hier, notamment parce que l’armée israélienne interdisait toujours l’accès du camp à la presse, mais il ne faisait aucun doute qu’il était très élevé, environ 250, selon un haut responsable israélien, «des centaines», selon les Palestiniens. Autre certitude : le camp, un réduit d’environ un kilomètre carré où vivaient quelque 15 000 personnes, était totalement dévasté, selon de nombreux témoignages. Le haut négociateur palestinien Saëb Erakat a demandé hier au secrétaire d’État américain Colin Powell d’aller constater «les massacres israéliens» dans le camp de réfugiés de Jénine (Cisjordanie) et appelé l’Onu à créer une commission d’enquête internationale. «Nous demandons à Colin Powell de se rendre d’urgence dans le camp de réfugiés de Jénine pour voir les crimes et massacres israéliens qui ont fait des centaines de morts palestiniens, dont des enfants, des femmes et des vieillards», a déclaré M. Erakat à Gaza. «C’est un aveu du gouvernement israélien des massacres contre notre peuple», a-t-il estimé au sujet de l’annonce par l’armée israélienne qu’il y avait vraisemblablement eu des centaines de morts et de blessés dans le camp, où elle s’est heurtée pendant près d’une semaine à une résistance acharnée. «L’Autorité palestinienne poursuivra (le Premier ministre israélien Ariel) Sharon et tous les criminels de guerre israéliens devant une cour internationale», a déclaré M. Erakat. Il a en outre indiqué que l’Autorité palestinienne allait demander à l’Onu de former une commission d’enquête. «Nous appelons les Nations unies à créer immédiatement une commission d’enquête internationale sur les massacres israéliens à Jénine, parce que c’est un camp de réfugiés sous administration des Nations unies», a expliqué M. Erakat, en référence à l’agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa). Le député arabe israélien Mohammed Barakei, de la liste communiste Hadash, a fait état à la radio de témoignages de résidents du camp, selon lesquels des civils ont été tués dans le dynamitage de maisons par l’armée et des blessés sont morts sur place faute de soins. Il a fait appel à la Cour suprême d’Israël pour interdire à l’armée de récupérer les corps afin de les enterrer dans un cimetière spécial. Un haut responsable israélien a, pour sa part, affirmé que «l’accusation de massacre ne tient pas debout» et catégoriquement rejeté la demande de commission internationale. «C’est un mensonge éhonté des Palestiniens, qui présentent comme un massacre une bataille rangée au cours de laquelle l’armée israélienne a subi des pertes sévères», a-t-il ajouté dans une allusion à la mort de 23 soldats dans les combats, dont 13 tués dans une embuscade. «Les Palestiniens, qui se glorifient d’avoir combattu jusqu’à la mort et d’avoir fait du camp de Jénine leur Stalingrad, ne peuvent présenter toute l’affaire comme des meurtres gratuits», a-t-il ajouté sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, les Palestiniens refusent d’enterrer les corps pour «donner une impression de tuerie systématique par une mise en scène morbide». Il a estimé à environ 250 le nombre de Palestiniens tués dans ces combats. Auparavant, le porte-parole de l’armée avait parlé de plusieurs centaines de morts, pour ensuite rectifier le tir et indiquer que cette estimation incluait aussi les blessés. Une confusion qui illustre l’embarras des autorités. L’armée se préparait à évacuer d’une façon ou d’une autre les corps dans les prochaines heures, a indiqué un porte-parole militaire. «Il n’était pas possible d’évacuer les corps auparavant à cause des tirs et de la présence de très nombreux engins explosifs, mais on va pouvoir le faire bientôt, le camp étant à présent sous contrôle» israélien, a-t-il déclaré. Les corps devaient être évacués, soit par des ambulances palestiniennes, soit par l’armée elle-même, a-t-il dit. Selon le quotidien Haaretz, deux compagnies d’infanterie accompagnées de rabbins de l’aumônerie militaire devaient fouiller le camp à la recherche de cadavres. Les corps des civils devaient être remis aux hôpitaux et aux familles, alors que ceux des combattants devaient être enterrés dans un cimetière de la vallée du Jourdain réservé aux auteurs d’attaques anti-israéliennes, selon le journal. La ville de Jénine est occupée depuis le 3 avril, mais l’armée a mis plusieurs jours avant de prendre le contrôle du camp de réfugiés du même nom, un bastion des groupes armés palestiniens, notamment le Mouvement de la résistance islamique Hamas et le Jihad islamique.
Les Palestiniens tentaient hier de mobiliser la communauté internationale contre les «massacres» qu’ils accusent l’armée israélienne d’avoir commis dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, alors qu’Israël parlait d’une «campagne mensongère». Pour le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, «la bataille (médiatique) pour les morts» a commencé....
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