L’Angleterre du football a passé une mauvaise semaine, inquiète coup sur coup pour ses deux meilleurs joueurs, Michael Owen (Liverpool) et David Beckham (Manchester United), touchés l’un mardi, l’autre mercredi, dans des matches de Ligue des champions. Le cas de Beckham, 26 ans, 49 sélections, est le plus sérieux. Le capitaine de la sélection anglaise a le deuxième métatarse du pied gauche cassé, à la suite d’un tacle effrayant de Pedro Duscher, un Autrichien d’origine argentine, comme les futurs adversaires de l’Angleterre au premier tour du Mondial, début juin au Japon. De là à ce que les tabloïds anglais s’engouffrent dans la brèche, il n’y avait qu’un pas, franchi aisément avec l’aide de quelques extraits bien choisis de quotidiens argentins. Ce nouvel épisode du feuilleton Beckham, l’un des plus populaires outre-Manche, avait commencé jeudi matin par des gros titres comme «Notre pire cauchemar» ou «L’agonie de Beckham». Comme les nouvelles étaient plutôt rassurantes, un nouveau thème a vite été trouvé, 20 ans après la guerre des Malouines : Duscher l’Argentin visait Beckham l’Anglais, selon les tabloïds déchaînés. L’essentiel est ailleurs, dans le fait qu’une indisponibilité de six semaines, soit l’hypothèse la plus souvent avancée, permettrait à un Beckham reposé de jouer le Mondial dans un état de fraîcheur absolue, contrairement à beaucoup de ses adversaires. L’ombre d’Owen Mais les bonnes nouvelles ne font pas vendre du papier, donc les tabloïds se gardent bien de souligner qu’il s’agit du pied gauche de «Becks» et non de son pied droit magique, qui lui sert à centrer et tirer des coups francs aussi importants que celui contre la Grèce (2-2), début octobre 2001, qui qualifia l’Angleterre pour le Mondial. Le gauche est son pied d’appui, certes, mais c’est moins grave qu’un problème de genou ou de cheville, et comme les premières 48 heures d’une telle blessure sont cruciales, d’autres rebondissements pourraient bien intervenir dans les prochaines heures, si l’on se fie à certains docteurs plus optimistes que d’autres. En attendant, le cas d’Owen est tout aussi intéressant. Le Ballon d’or européen 2001 a lui aussi été touché à un pied, mardi, lors de la défaite contre le Bayer Leverkusen (4-2). Finalement, ce n’est pas grave, mais Owen n’a marqué que deux buts cette saison en Coupe d’Europe et manqué trois belles occasions, mardi soir, en Allemagne. Sur sa forme de la saison dernière, Owen aurait au moins marqué une fois et Liverpool se serait qualifié pour les demi-finales. Mais Michael, 22 ans, révélé par un but extraordinaire contre l’Argentine, en 8e de finale du Mondial-98 (2-2), n’est plus que l’ombre de lui-même, au terme d’une saison émaillée par des blessures à répétition. La méforme persistante d’Owen est aussi inquiétante, pour l’Angleterre, que la blessure de Beckham.