Les États-Unis, les Nations unies, l’Union européenne et la Russie ont appelé hier Israël à un «retrait immédiat» de toutes les zones palestiniennes occupées récemment et ont exprimé collectivement leur plein appui à la mission que va entreprendre au Proche-Orient le secrétaire d’État américain Colin Powell. Dans leur «Déclaration commune», les quatre demandent «un cessez-le-feu immédiat et effectif», et «un retrait immédiat des forces israéliennes des villes palestiniennes, y compris Ramallah, et en particulier le quartier général du président Yasser Arafat», chef de l’Autorité palestinienne. Cet appel a été lancé à l’issue d’une réunion à Madrid de Colin Powell, avec Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères, Josep Piqué, ministre espagnol des Affaires étrangères et président en exercice de l’UE, Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, et Javier Solana, haut représentant de l’UE pour la politique extérieure. Le «quartette» a exprimé «son profond soutien» à la mission du secrétaire d’État qui part aujourd’hui pour Amman puis Jérusalem, afin de rencontrer le Premier ministre israélien Ariel Sharon, et également Yasser Arafat, peut-être à Ramallah où il se trouve depuis décembre dernier. Alors que sur le terrain les violences se poursuivaient, les quatre ont appelé le président Arafat à «entreprendre le maximum d’efforts possibles pour arrêter les attentats terroristes contre des Israéliens innocents». Ils lui ont demandé «d’utiliser pleinement son autorité pour persuader le peuple palestinien que toute action terroriste doit cesser immédiatement». Arafat reconnu comme interlocuteur légitime Face au gouvernement israélien, qui a mis hors jeu politique puis emprisonné Yasser Arafat dans son quartier général en ruines de Ramallah, les quatre, dont les États-Unis, ont considéré dans leur Déclaration que le chef de l’Autorité palestinienne demeure leur interlocuteur, en tant que «chef élu et reconnu du peuple palestinien» qui dispose d’une «autorité politique». Colin Powell a appelé, au cours de la conférence de presse, à la fin de la violence qui «déstabilise la région et détruit la perspective» de deux États, Israël et la Palestine. «Nous appelons aujourd’hui à la fin de la violence et à la fin de la réponse à la violence», a-t-il souligné. Le «quartette» a également manifesté sa «grande préoccupation» face à la situation humanitaire et à «l’énorme souffrance des populations civiles» dans le conflit israélo-palestinien. Le «quartette» a appelé «le gouvernement israélien à respecter le droit international pour protéger les civils et à cesser de provoquer des dommages et des destructions civils». Il a en outre appelé les donneurs internationaux à «une grande générosité» pour faire face à la situation et «aider l’Autorité palestinienne à la reconstruction des infrastructures détruites». Face à l’étendue des destructions, M. Powell a évoqué hier un vaste plan de reconstruction des institutions de l’Autorité palestinienne. Peres qualifie le communiqué conjoint de « positif » Le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres a qualifié de «positive» la déclaration commune de la Russie, de l’Union européenne (UE), des États-Unis et de l’Onu sur le Proche-Orient à Madrid. «Israël considère le communiqué conjoint comme positif, puisqu’il appelle à adopter les propositions de cessez-le-feu d’Anthony Zinni», indique un communiqué de M. Peres. Ce dernier n’a toutefois pas commenté la demande internationale pour un retrait immédiat des villes palestiniennes réoccupées. Arafat doit cesser d’appeler « martyrs » les auteurs d’attentats, affirme Piqué Le ministre espagnol des Affaires étrangères Josep Piqué a invité hier le président palestinien Yasser Arafat à cesser d’appeler «martyrs» les auteurs d’attentats-suicides anti-israéliens et à les qualifier de «terroristes». Interrogé par la radio espagnole Cadena SER, le ministre a estimé que les attentats-suicides sont «des actes purs et durs de terrorisme. La nécessité d’avancer dans un processus aboutissant à un État palestinien n’explique certainement pas ce type d’attentat, mais fait obstacle à un futur de paix pour le peuple palestinien et pour le peuple d’Israël, a-t-il affirmé. C’est pourquoi il faut à nouveau le condamner (l’attentat de mercredi) et insister auprès de l’Autorité palestinienne pour qu’elle ne se livre à aucun type de justification», a poursuivi le ministre. «Elle ne peut pas dire que des attentats de ce type sont commis par des martyrs de la cause, elle doit les condamner sévèrement et expressément, et dire littéralement qu’il s’agit d’attentats terroristes», a-t-il ajouté.