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Actualités - OPINION

Ne faites pas le jeu de Sharon, conseillent des diplomates occidentaux

L’intensification du tempo des opérations militaires au Liban-Sud inquiète au plus haut point les gouvernements occidentaux. Qui, ne sachant pas comment calmer le jeu dans les Territoires, se disent que l’ouverture d’un deuxième front dans la région ferait voler en éclats les dernières chances de sauver le processus de paix. Les bombardements réciproques à Chebaa ou à Ghajar, les roquettes transfrontalières provoquent un climat tendu à se rompre. Et les chancelleries européennes mettent Beyrouth en garde, tous les jours, contre des développements dramatiques débouchant sur une véritable guerre sharonienne de dévastation contre ce pays, à l’instar de ce qui se voit dans les Territoires ou même pire. L’infrastructure libanaise, déjà branlante, risquerait d’être rasée, le tourisme ruiné, l’économie nationale par terre. Le péril s’articule autour du prétexte en or qu’offrent à Israël les katiouchas qui visent la Galilée, et qui n’ont rien à voir avec la libération de Chebaa, si tant est que la guérilla dans cette enclave puisse se justifier. Les diplomates occidentaux insistent donc : comme en 1996, le Liban se trouve menacé dans ses œuvres vives. Ces ambassadeurs hochent la tête, dubitatifs, devant les explications complexes fournies par les autorités libanaises. Qui soutiennent pratiquement une chose et son contraire. C’est-à-dire qui affirment vouloir à la fois respecter la ligne bleue, maintenir le calme frontalier et laisser la bride sur le cou au Hezbollah. Du moins à Chebaa dont on veut faire un cas à part. Comme si dans un même chaudron, il était possible de séparer le bon grain de l’ivraie. Ces diplomates, reprenant en substance les arguments avancés il y a peu par leur homologue américain, M. Vincent Battle, répondent aux officiels libanais : «Nous admettons que vous vous sentiez des droits, encore que la légalité internationale ne vous le reconnaisse pas. L’important, cependant, ce n’est pas que nous vous donnions éventuellement raison, mais qu’en face, c’est-à-dire en Israël, on n’est pas prêt à manifester à votre égard la moindre compréhension. Surtout dans une situation régionale aussi explosive. Vous marchez sur des œufs, ou sur un fil d’acier, prenez-y bien garde. Si l’État hébreu est focalisé pour le moment sur les Territoires, rien ne dit qu’il ne réagira pas violemment à toute dégradation notable à sa frontière Nord. Tout comme il pourrait compter les points pour le moment, pour vous faire payer ensuite la note, une fois qu’il aura les mains libres, après un quelconque règlement de trêve avec les Palestiniens. Sans compter que si la guerre s’éternise en Cisjordanie, ce qui lui pose déjà problème, il trouverait peut-être intérêt à provoquer l’ouverture d’un deuxième front pour faire diversion. Tentation d’autant plus grande sans doute, que sa position politique est de ce côté-ci bien meilleure qu’en Palestine, que le monde entier plaint». À part les conseils donnés à titre amical, ces représentants des grandes capitales demandent officiellement au Liban de geler complètement les opérations à Chebaa. Et, a fortiori, d’empêcher les Palestiniens des camps de lancer des missiles à travers la frontière. En précisant que le calme devrait être entier au moment où le secrétaire d’État US, M. Colin Powell, aura engagé sa mission dans la région. Bien entendu, pour que le Liban fasse efficacement acte de présence sur son propre territoire, il lui faut déployer sans plus tarder son armée sur la ligne bleue, ajoutent les diplomates. Qui rappellent que l’interception à distance, comme cela s’est vu ces derniers jours, de trublions palestiniens ou syriens n’est pas toujours possible. Comme en témoigne du reste la poursuite de tirs de katiouchas hors du cadre de Chebaa. Dans la même logique, les ambassadeurs souhaitent que les autorités libanaises nettoient bien la région, et même les camps palestiniens, sur le plan de l’armement pour neutraliser une fois pour toutes les milices et autres organisations activistes. Bien entendu, ces exigences sont rejetées par le pouvoir local. Qui ne veut pas mettre le Hezbollah sur la touche. Et qui ne peut pas entrer dans les camps. À noter que, selon des sources étrangères, Israël aurait proposé, il y a quelques mois, de se retirer de Chebaa, si la libanité en est prouvée. Et si la résistance s’engage à arrêter ses opérations. Ces sources ajoutent que la libanité de Chebaa n’a pas été officiellement établie, d’une part. Et que d’autre part, on aurait fait comprendre à l’État hébreu que la résistance dite libanaise ne stopperait ses actions qu’une fois le Golan récupéré par la Syrie. Le Golan qui n’est pas plus embrasé que les frontières de l’Égypte ou de la Jordanie avec Israël, relèvent en conclusion ces sources. Philippe ABI-AKL
L’intensification du tempo des opérations militaires au Liban-Sud inquiète au plus haut point les gouvernements occidentaux. Qui, ne sachant pas comment calmer le jeu dans les Territoires, se disent que l’ouverture d’un deuxième front dans la région ferait voler en éclats les dernières chances de sauver le processus de paix. Les bombardements réciproques à Chebaa ou à Ghajar, les...