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Actualités - CHRONOLOGIE

AFGHANISTAN - Les membres du gouvernement intérimaire vivent dans l’insécurité Campagne d’arrestations au lendemain de l’attentat de Kaboul

L’attentat manqué, lundi, contre le ministre afghan de la Défense, Mohammad Qassim Fahim, illustre une nouvelle fois la fragilité de l’élite afghane face à la violence couramment utilisée dans ce pays pour régler les différends politiques. Une bombe apparemment destinée au ministre, chef militaire de l’Alliance du Nord, a tué au moins quatre personnes et en a blessé 50 autres, en explosant quelques secondes avant l’arrivée d’un convoi qui transportait le général Fahim, à Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan. Les autorités afghanes ont d’ailleurs annoncé hier une série d’arrestations. «Un certain nombre de personnes, susceptibles d’être derrière cette attaque, ont été arrêtées», a déclaré le général Din Mohammad Jurat, responsable des affaires de police au ministère de l’Intérieur. Il a précisé qu’environ 15 personnes étaient en garde à vue et que d’autres arrestations pourraient suivre. «Ils sont détenus car les autorités judiciaires de Jalalabad les soupçonnent de probables liens avec l’attaque», a-t-il dit. Selon le général Jurat, aucune inculpation n’a cependant été prononcée et les responsabilités exactes n’ont pas été déterminées. Cet attentat manqué survient quelques jours après l’annonce par les autorités afghanes qu’un complot contre le gouvernement intérimaire dirigé par Hamid Karzaï avait été déjoué, fomenté par des partisans de l’ancien Premier ministre et chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar, qui ne reconnaît pas la légitimité de M. Karzaï. Première victime d’un acte de violence contre un membre du gouvernement intérimaire, le ministre de l’Aviation civile, Abdul Rahman, avait été tué en février sur l’aéroport de Kaboul, dans des circonstances restées floues. Hamid Karzaï avait accusé des responsables de la sécurité de son gouvernement de l’avoir assassiné, alors que plusieurs témoins et responsables gouvernementaux avaient raconté que le ministre avait été lynché à mort par une foule de pèlerins furieux d’attendre en vain un avion pour La Mecque. Une tradition d’assassinats politiques Des menaces d’attentat auraient aussi retardé le retour, très attendu, de l’ancien roi Mohammad Zaher Shah, âgé de 87 ans, après 29 ans d’exil à Rome. Prévu initialement pour la fin mars, ce retour est à présent fixé au 16 avril. Selon le Washington Post, le retour de l’ancien roi a été différé après un appel téléphonique du président américain George W. Bush, le 21 mars, au Premier ministre italien Silvio Berlusconi, évoquant la possibilité d’un assassinat. La menace, selon des diplomates cités par le journal, venait d’opposants membres de l’Alliance du Nord, la coalition de minorités ethniques qui a combattu les talibans et domine aujourd’hui le gouvernement intérimaire. Le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, a récemment reconnu que plusieurs responsables afghans, y compris Hamid Karzaï, avaient été avertis de possibles risques pour leur sécurité. «Il ne fait aucun doute que l’Administration intérimaire bénéficie du soutien populaire mais, en même temps, nous savons qu’elle a des ennemis en Afghanistan, il s’agit des derniers talibans, des membres d’el-Qaëda, sans oublier d’autres ennemis comme ceux qui considèrent que la situation politique ne va pas dans le sens de leurs intérêts personnels», a dit samedi M. Abdullah. «La sécurité est menacée par l’ensemble de ces ennemis, a-t-il ajouté. Quand nous parlons de sécurité en Afghanistan, je pense que nous sommes un peu loin maintenant d’une situation où la sécurité et la stabilité seraient pleinement assurées». De longue date, l’histoire de l’Afghanistan a été émaillée d’assassinats politiques. Le roi Zaher Shah lui-même était monté sur le trône en 1933 après l’assassinat de son père, Mohammad Nadir Shah. Mohammad Daoud, cousin de Zaher Shah qui avait renversé le roi et proclamé la république en 1973, a été assassiné cinq ans plus tard, en 1978, dans un nouveau coup d’État appuyé par Moscou. Quant à l’ancien président prosoviétique Najibullah, il avait été exécuté lors de la prise de Kaboul par la milice fondamentaliste des talibans en septembre 1996. Le général Fahim lui-même a hérité du poste de chef militaire de l’Alliance du Nord après l’assassinat, le 9 septembre 2001, du commandant Ahmad Shah Massoud, dans un attentat dont est soupçonné le réseau terroriste el-Qaëda, deux jours avant les attaques du 11 septembre aux États-Unis.
L’attentat manqué, lundi, contre le ministre afghan de la Défense, Mohammad Qassim Fahim, illustre une nouvelle fois la fragilité de l’élite afghane face à la violence couramment utilisée dans ce pays pour régler les différends politiques. Une bombe apparemment destinée au ministre, chef militaire de l’Alliance du Nord, a tué au moins quatre personnes et en a blessé 50 autres, en...