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Actualités - CHRONOLOGIE

Les divergences entre Israël et les USA sont d’ordre tactique Sharon a pris un risque mesuré en ignorant les injonctions américaines

En refusant d’obtempérer sur-le-champ aux exigences américaines pour un retrait immédiat des six villes de Cisjordanie occupées par les forces israéliennes, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a pris le risque d’une querelle avec son principal allié. Mais ce différend n’aura sans doute pas d’effet durable sur les relations bilatérales. «Je ne pense pas que cela aura un impact négatif à long terme», affirme un expert israélien, Barry Rubin, car il y a, selon lui, «une similarité de vues» sur le conflit israélo-palestinien entre M. Sharon et l’Administration américaine. Il n’en reste pas moins que l’offensive militaire israélienne en Cisjordanie déclenchée le 29 mars a fait éclater au grand jour les divergences d’ordre tactique entre Israël et les États-Unis. Réagissant tardivement aux pressions de Washington, l’armée israélienne a évacué mardi matin Kalkiliya et Tulkarem, deux villes palestiniennes autonomes du nord de Cisjordanie. Mais elle continuait d’en occuper quatre autres, plus de 48 heures après que le président américain George W. Bush eut personnellement exhorté M. Sharon, dans un appel téléphonique, à mettre fin à l’offensive. M. Bush a répété le message lundi soir sur un ton visiblement excédé. «Nous avons un petit conflit (avec les États-Unis), mais je pense que c’est inévitable», déclare un autre expert israélien, Gerald Steinberg. «C’est une erreur de croire que quoi que veuillent les États-Unis, Israël va immédiatement s’exécuter», poursuit-il, car les intérêts des deux pays ne coïncident pas toujours. «Les relations avec les États-Unis sont extrêmement importantes, mais détruire l’infrastructure du terrorisme est encore plus important à ce stade», ajoute M. Steinberg. Pour Washington, la priorité est de convaincre les pays arabes de soutenir une éventuelle attaque contre l’Irak. Pour cela il devra en premier lieu mettre fin aux opérations militaires israéliennes. Mais pour Israël, la priorité absolue est de prévenir de nouveaux attentats-suicide, ce qui «justifie» de prolonger l’offensive, quitte à mécontenter Washington. «Nous écoutons très attentivement les Américains et sommes disposés à coopérer», explique un responsable israélien qui a requis l’anonymat, «mais nous ne voulons pas voir une nouvelle campagne terroriste dans les rues de Jérusalem, de Tel-Aviv ou d’autres villes». Selon un récent sondage, près des trois quarts des Israéliens approuvent l’offensive militaire actuelle. En dépit des relations extrêmement étroites entre les deux pays et du fait qu’Israël est, avec environ trois milliards de dollars par an, le premier bénéficiaire de l’aide américaine, les querelles ne sont pas rares. La plus grave se produisit au début des années 90, alors que l’hôte de la Maison-Blanche était George Bush, le père de l’actuel président, et le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir, alors chef du Likoud (droite). Provoqué par la poursuite de la colonisation dans les territoires occupés, ce différend avait ébranlé le gouvernement israélien. Rares sont ceux, toutefois, qui pensent que le différend actuel entre MM. Bush et Sharon ira aussi loin, dans la mesure où les deux hommes partagent la même vue sur le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. M. Bush a ainsi accentué ses attaques contre M. Arafat, l’accusant d’avoir «trahi les espoirs» de son peuple et affirmant qu’il craignait qu’il ne soit «pas à la hauteur» pour conclure un accord de paix. Le responsable israélien cité précédemment rappelle d’ailleurs que si M. Bush a demandé à M. Sharon de mettre fin à l’offensive israélienne, il a exigé beaucoup plus, et sur un ton autrement plus comminatoire, de M. Arafat, sommé de lutter contre la violence.
En refusant d’obtempérer sur-le-champ aux exigences américaines pour un retrait immédiat des six villes de Cisjordanie occupées par les forces israéliennes, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a pris le risque d’une querelle avec son principal allié. Mais ce différend n’aura sans doute pas d’effet durable sur les relations bilatérales. «Je ne pense pas que cela aura un...