Actualités - REPORTAGE
Musique - Les champions du rock hexagonal déterrent la hache de guerre Bertrand Cantat pour le keffieh et contre la mondialisation(photo)
Par GEMAYEL Diala, le 08 avril 2002 à 00h00
Vainqueur aux dernières Victoires de la Musique, section rock, pour Des visages des figures, son dernier album, Noir Désir n’est ni Sting, ni Elton John, ni aucun de ceux de la galaxie du star-système. En recevant le trophée, Bertrand Cantat, le chanteur charismatique du groupe, a lu une lettre à ne pas piquer des vers à J2M (Jean-Marie Messier, président d’Universal, qui a «absorbé» Barclay, la boîte de production initiale de Noir Désir). En substance, les quatre mauvais et géniaux garçons du rock hexagonal ont déterré la hache de guerre contre la mondialisation à outrance. Belle prise de position (qualifiée pendant leur passage à Beyrouth par Cantat d’«action sanitaire») qui n’est pas la première : il y a eu les sans-papiers, le mouvement Attac et, depuis quelques mois, l’engagement massif pour la Palestine. Le filtre Alors, porter le keffieh, comme le fait Bertrand Cantat pendant la tournée régionale en Syrie, au Liban, au Yémen et en Turquie – un projet lancé et organisé par le CCF de Damas- et vouloir «voir des gens et des publics différents» plutôt que de donner des conférences de presse formatées, ne fait qu’enfoncer le clou de l’engagement tous azimuts de Noir Désir. La rencontre avec les journalistes, samedi matin, quelques heures avant le concert à l’Unesco, était donc pour le moins attendue : les deux bavards de la bande, Bertrand Cantat et le batteur Denis Barthe, abattent leurs cartes et l’assistance boit du petit lait en entendant des phrases comme «il y a un filtre politique et médiatique entre le Proche-Orient et l’Europe», «cette région est cernée», «on a toujours tendance à oublier la racine du mal», «donner un concert en Israël, non, chanter dans les territoires autonomes avec les Palestiniens, oui». Mais quand la discussion dérape, Denis Barthe interrompt avec un sourire et rappelle que pour eux, «l’important c’est la paix». Les esprits sont assez embrasés et il y a de quoi. Noir Désir portant le keffieh, c’est ne plus avoir l’impression, pour quelques jours, de crier dans le désert : pour preuve, pendant leur passage à Damas, le groupe est descendu dans la rue participer à une manifestation propalestinienne. Hommages et crochets du gauche Mais l’engagement du groupe ne devait pas obstruer l’aspect musical et, fort heureusement, cela n’a pas été complètement le cas. Bertrand Cantat rappelle qu’il a trouvé le nom de «Noir Désir» «par hasard, avant d’apprendre qu’il était en fait extrait d’un poème de James Joyce», que les musiques de leur adolescence ont été celles d’AC/DC, Clash, Sex Pistols, The Doors, Léo Ferré ou Jacques Brel, et que «dès qu’on est classés, on se sauve». Le chanteur rend un hommage malicieux à Manu Chao, la guitare du morceau Le vent nous portera», extrait de Des visages des figures (un garçon qui ira loin) puis à Brigitte Fontaine, présente sur «L’Europe», du même album et pour laquelle il a ces mots tendres et drôles : «une déesse peut porter un dentier». Un petit crochet (du gauche) à la politique française («les gens votent contestataires parce qu’ils savent qu’on se fout de leurs gueules», «au deuxième tour, choisir entre Chirac et Jospin, ça va être difficile, mais il vaut mieux une mauvaise gauche qu’une bonne droite») et retour à la musique et à une passion intacte depuis 1986 avec une «redécouverte passionnante» de leurs titres initiaux remixés sur One Trip One Noise, sorti en 1998 : «Nous avons reçu une cassette d’un amateur de Belgrade qui avait retravaillé “Septembre, en attendant” (de l’album 666 667 Club, 1996)», explique Bertrand Cantat. «L’idée nous a plu et nous avons écouté plus de 120 remixes avant de faire le choix final». Cette conférence de presse et le concert qui l’a suivie auront sans doute poussé les consciences et les volontés à reprendre du poil de la bête pour les causes, les meilleures, qui ne manquent pas. Noir Désir ou Le grand incendie (titre d’ouverture du dernier album) ? À qui veut de reprendre le flambeau. D.G.
Vainqueur aux dernières Victoires de la Musique, section rock, pour Des visages des figures, son dernier album, Noir Désir n’est ni Sting, ni Elton John, ni aucun de ceux de la galaxie du star-système. En recevant le trophée, Bertrand Cantat, le chanteur charismatique du groupe, a lu une lettre à ne pas piquer des vers à J2M (Jean-Marie Messier, président d’Universal, qui a...
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