La mort du chef d’un groupe armé palestinien à Tulkarem, en Cisjordanie, dans une explosion attribuée à Israël, a entraîné une attaque dans laquelle un soldat israélien a été tué, minant encore davantage la trêve. Auparavant, on avait indiqué de sources militaires israéliennes que trois soldats israéliens avaient été blessés, dont deux grièvement. La direction palestinienne a imputé à Israël l’assassinat du chef à Tulkarem des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, un groupe armé proche du mouvement du président palestinien Yasser Arafat, le Fateh, accusant le gouvernement israélien d’attiser la tension. «La direction israélienne a repris sa politique d’assassinats qui va menacer la sécurité, la stabilité et le calme qui régnaient dans la région durant les semaines passées», a affirmé le porte-parole de la direction dans un communiqué. Si les accusations palestiniennes sont confirmées, il s’agirait du premier assassinat d’un activiste palestinien par Israël depuis plus d’un mois. Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont revendiqué l’attaque contre les soldats, à un barrage routier près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Le groupe a affirmé avoir voulu ainsi venger son chef Mohammed Raad al-Karmi, ainsi que la démolition de maisons palestiniennes à Rafah, dans la bande de Gaza, le 10 janvier. «Notre action est une riposte immédiate et rapide à l’assassinat de notre chef Mohammed Raad al-Karmi et à la destruction des maisons à Rafah», a-t-il indiqué dans un communiqué. Selon le groupe, des «combattants des Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont ouvert le feu à l’arme automatique en direction d’une voiture de soldats près de Naplouse, faisant plusieurs victimes». Les Brigades des martyrs d’al-Aqsa avaient, immédiatement après la mort de Mohammed Raad al-Karmi, promis de le venger et annoncé la fin de la trêve qu’elles avaient proclamée le 1er janvier, en réponse à l’appel du président palestinien le 16 décembre à la fin des opérations armées contre Israël. Selon des responsables de sécurité palestiniens, des militaires israéliens ont placé une bombe et l’ont fait exploser au passage de Karmi. L’armée israélienne, qui avait déjà tenté de l’assassiner en septembre, n’a ni confirmé ni démenti son implication, mais le bureau du Premier ministre Ariel Sharon a rendu public un long document énumérant les faits qui lui sont imputés. Dans la soirée, des militants des Brigades ont distribué des tracts dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie, lors d’une manifestation de soutien à M. Arafat : «Nous disons à Sharon, à son gouvernement et à son peuple qu’en assassinant Mohammed Raad al-Karmi, vous avez ouvert sur vous les portes de l’enfer. Vous serez brûlés par son feu». Ces deux nouveaux décès portent à 1 134 le nombre de tués depuis le début de l’intifada le 28 septembre 2000, dont 873 Palestiniens et 239 Israéliens. Dans la matinée, le ministre israélien des Affaires étrangères Shimon Peres avait annoncé l’arrêt des destructions de maisons dans les territoires palestiniens à la suite de la violente polémique provoquée par la démolition de maisons à Rafah. M. Peres a souligné que la question avait été abordée la veille lors de discussions avec M. Sharon et le ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer. «Nous avons tiré la leçon de cette affaire et sommes parvenus à la conclusion que (la destruction de maisons) était plus nuisible qu’utile à Israël sur le plan sécuritaire», a-t-il ajouté. L’armée israélienne a rasé au bulldozer le 10 janvier une cinquantaine de maisons dans le camp de réfugiés palestiniens de Rafah, près de la frontière égyptienne, faisant plus de 500 sans-abri, ce qui a provoqué une intense polémique en Israël et un tollé dans le monde à l’exception des USA.