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Actualités - OPINION

Adoption du plan Abdallah, réconciliation irako-koweïtienne, rejet de l’implantation Le sommet a acquis une dimension historique

Un «happy end» digne des traditionnels mélodrames égyptiens à l’eau de rose. Telle est la tournure qu’a prise en définitive le 14e sommet arabe de Beyrouth lors de la clôture de ses travaux, hier. Sous les applaudissements nourris des dirigeants arabes et des membres des délégations présents, pour la troisième séance de travail, dans la grande salle de conférences de l’hôtel Phoenicia, le prince héritier saoudien, Abdallah ben Abdel-Aziz, et le «numéro deux» irakien, Ezzat Ibrahim, se sont donné une chaleureuse accolade, scellant ainsi une spectaculaire détente entre Bagdad et ses voisins du Golfe, après plus d’une décennie de conflit et de tension. Tout aussi remarqué (et applaudi) aura été le «come-back» du chef de la diplomatie palestinienne, Farouk Kaddoumi, qui a fait son entrée dans la salle aux côtés de M. Rafic Hariri, mettant fin à la bouderie de la veille, provoquée par le refus libanais (et/ou syrien ?) de relayer par voie satellitaire le discours du président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Mais bien au-delà des embrassades «fraternelles» et du rabibochage entrepris au dernier quart d’heure, le sommet de Beyrouth a quand même acquis une indéniable dimension historique à plus d’un titre. Au niveau proche-oriental, d’abord, les 22 membres de la Ligue arabe ont avalisé à l’unanimité l’initiative du prince Abdallah. Certes, les principes définis par le plan de paix saoudien (endossé désormais par la Ligue arabe) n’apportent rien de véritablement nouveau, quant au fond. Les pays membres de la Ligue ont déjà réaffirmé par le passé leur attachement à une «paix juste et globale, comme option stratégique», comme ce fut le cas, notamment, lors du sommet extraordinaire du Caire, en juillet 1996. Bien plus, le roi Fahd d’Arabie saoudite avait déjà admis implicitement, dès août 1981, l’existence de l’État d’Israël en reconnaissant le «droit de tous les États arabes de la région à vivre en paix». Ce que l’initiative Abdallah apporte de nouveau, c’est qu’elle va bien plus loin que ces vagues déclarations de principe. Pour la première fois, un dirigeant saoudien s’est adressé, mercredi, directement au «peuple d’Israël», à la tribune de la Ligue arabe. Pour la première fois, l’ensemble des pays arabes se prononcent, dans le cadre d’un sommet, pour l’établissement de «relations normales» avec Israël. Allant bien au-delà des considérations générales, ils reconnaissent désormais d’une manière claire et sans équivoque le droit du peuple israélien à «vivre en sécurité, au côté des autres peuples de la région», en contrepartie d’un retour aux frontières de juin 1967, de l’établissement d’un État palestinien et du règlement du problème des réfugiés. Jamais cette reconnaissance du droit d’Israël à l’existence n’a été aussi explicite de la part des pays arabes. Et ce qui confère encore plus de poids à cette position, c’est sans doute le fait qu’elle a été adoptée à l’unanimité des 22 pays membres de la Ligue et qu’elle émanait, au départ, d’un pays comme l’Arabie saoudite et d’un dirigeant de la trempe du prince Abdallah. Le projet saoudien – qui est désormais un plan de paix arabe – ne constitue, à l’évidence, qu’un tremplin, un premier pas symbolique (mais néanmoins historique) qui devrait simplement paver la voie à des négociations sous égide internationale. Il reste que l’initiative du prince Abdallah et son endossement par la Ligue ont été qualifiés de «très constructifs» par Washington, de «contribution positive» par Paris, de «percée historique» par Amman et de «source d’espoir» par le ministère israélien des Affaires étrangères. Fait caractéristique, les premières critiques israéliennes, hier, après la clôture du sommet, ont été axées principalement, non pas tant sur le problème du retrait ou de l’État palestinien, mais plutôt sur la question (somme toute négociable) des réfugiés et du droit au retour. C’est précisément ce dernier point qui a donné aussi au sommet de Beyrouth une certaine dimension historique. Du moins en ce qui concerne le Liban. Sur l’insistance du président Émile Lahoud – qui s’est montré intraitable sur ce plan –, un projet de paix arabe comporte, pour la première fois, une clause explicite rejetant toute implantation des Palestiniens qui serait en contradiction avec les «particularités des pays d’accueil». Fort d’un consensus interne portant sur ce dossier explosif, le Liban a réussi à obtenir que «son» sommet avalise son combat contre le spectre de l’implantation. La troisième réussite indéniable qui a marqué cette 14e rencontre des rois et chefs d’État arabes aura porté sur la consécration du dégel entre l’Irak et les pays du Golfe, comme prélude à une détente désormais inéluctable entre Bagdad et le Koweït. Le sommet arabe qui s’était tenu l’an dernier à Amman avait déjà amorcé ce revirement. Mais cette fois-ci, l’Irak a signé, pour la première fois, un document officiel aux termes duquel il s’engage clairement à ne plus envahir l’émirat voisin, comme il l’avait fait en 1990. Cette réconciliation avec l’Irak – qui brise de facto l’isolement du régime de Saddam Hussein – représente, dans une certaine mesure, un revers diplomatique pour Washington. Alors qu’elle brandit la menace d’une nouvelle opération militaire contre Bagdad, l’Administration Bush se trouve à cet égard dans une position quelque peu difficile après le sommet de Beyrouth. Une position d’autant plus délicate que désormais la balle est dans son camp. Surtout en ce qui concerne le dossier du Proche-Orient. Car aujourd’hui, la grande question est de savoir si les États-Unis parviendront à convaincre le Premier ministre israélien de saisir au vol la chance historique de paix offerte hier par les 22 rois et chefs d’État arabes. Michel TOUMA
Un «happy end» digne des traditionnels mélodrames égyptiens à l’eau de rose. Telle est la tournure qu’a prise en définitive le 14e sommet arabe de Beyrouth lors de la clôture de ses travaux, hier. Sous les applaudissements nourris des dirigeants arabes et des membres des délégations présents, pour la troisième séance de travail, dans la grande salle de conférences de l’hôtel...