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Actualités - REPORTAGE

FESTIVAL AL-BUSTAN – Clôture avec l’Orchestre symphonique de Prague et Alexandros Kapelis Somptueux avant-derniers accords

Dernière semaine à Beit-Méry où la musique avait des résonances souveraines. Envoûtantes ont été les mélodies proposées par Joanna MacGregor avec ses cheveux noirs d’ébène tressés en nattes africaines. Un piano littéralement habité de féerie et où éclate surtout un fougueux talent d’interprète avec les éblouissants «tableaux d’une exposition» de Moussorsgski. En bis, ces sensuels et nostalgiques tangos d’Astor Piazolla aux couleurs des nuits argentines. Pour la seconde soirée, c’était au tour de June Anderson, en longue robe de soie noire avec une écharpe satinée jaune paille autour des épaules (accompagnée au piano par Jeff Cohen), de séduire l’auditoire. Programme riche et varié, attestant d’une grande culture musicale et finissant en apothéose avec deux airs différemment merveilleux de Kurt Weil. Tout d’abord, le ludique et inquiétant «Le grand Lustucru» et ensuite ce tango habanera délicieusement mélancolique et sentimental : Youkali. June Anderson avait déjà fait battre les cœurs sous le firmament de Baalbeck à Bacchus en nous contant en diva consommée les émois des amours tapageuses et fuyantes comme du mercure. Voilà qu’elle récidive à Beit-Méry avec tout autant de superbe et d’éclat. Youkali est à retrouver incessamment sur nos platines et nos lecteurs CD. Pour Kirill Troussov, et Alexandra Troussova, le violon et le piano avaient brusquement d’émouvantes et authentiques complicités de frère et sœur. Incantation et magie absolues avec un violon déchaîné, se pliant avec une incroyable souplesse et légèreté aux diktats inspirés d’un «Caprice» (n°24) de Paganini et en bis, d’un public délirant, menant dextrement une étourdissante ronde des lutins de Bassini. Pour l’avant-dernière soirée de ce festival qui a animé la vie culturelle libanaise depuis le 19 février, place à l’Orchestre symphonique de Prague sous la direction du maestro Antoni Wit. Au menu, concis et vibrant, des pages de Smetana, Mozart et Mendelssohn. En soliste au clavier, le jeune et talentueux Alexandros Kapelis pour le concerto n°23 (k488) du génie de Salzbourg. Premières mesures vives et emportées avec l’ouverture tirée de l’opéra-comique La fiancée vendue de Bedrich Smetana, authentique et vaillant défenseur de l’art musical tchèque. Ouverture évoquant avec verve et richesse sonore les différents épisodes d’une œuvre à l’atmosphère joyeuse et populaire, et qui est restée la plus célèbre après La Moldau bien entendu. Pour prendre le relais, on écoute de Mozart un des 27 concerti pour piano et orchestre, en l’occurrence le n23, en trois mouvements (allegro-adagio-allegro assai) et qui est ici interprété au clavier par le brillant Alexandros Kapelis. Une œuvre écrite à l’âge mûr, vers trente ans, et où on retrouve l’intarissable invention mélodique du génie de Salzbourg ainsi que sa spontanéité et sa fraîcheur. Sensation de plénitude et de joie avec cette narration fluide aux tensions éphémères et fugaces oscillant entre douceur et rêverie, entre couleurs harmoniques et richesse du clavier aux arpèges lumineux. Laissant surtout au second mouvement une place importante au soliste pour s’exprimer, Mozart dévoile brusquement là une humeur presque chagrine et une certaine mélancolie. Moment de grâce vite dissipé avec un allegro assai d’une belle impétuosité. Après l’entracte, changement de cap et d’atmosphère avec la Symphonie écossaise en la mineur de Felix Bartholdy, datée de 1842, avec ses quatre mouvements qui s’enchaînent sans interruption. Le motif conducteur est joué par les altos dans l’introduction tandis que le second thème en tons mineurs de l’allegro qui suit est confié aux violons. Et surgissent dans le scherzo les vents de l’Écosse grâce aux airs écossais rappelant sans nul doute la voix des «bag-pipe», cette cornemuse formée d’un tuyau à huit trous… Plus calme est l’adagio avec ses belles et longues phrases qui nous font penser au romantisme vaporeux des «romances sans paroles» au piano... Agressif, fort, presque vindicatif est le thème en tons mineurs emprunté aux chants de guerre des Highlanders qui ouvre le finale pour se terminer brillamment avec majesté et une certaine emphase en un véritable hymne de triomphe. Salves d’applaudissements d’un public enthousiaste et conquis. En bis, déterminée, alerte et nourrie d’une sève folklorique enivrante, La marche slave d’Anton Dvorak, le plus tchèque des compositeurs de Bohême-Moravie. Edgar DAVIDIAN
Dernière semaine à Beit-Méry où la musique avait des résonances souveraines. Envoûtantes ont été les mélodies proposées par Joanna MacGregor avec ses cheveux noirs d’ébène tressés en nattes africaines. Un piano littéralement habité de féerie et où éclate surtout un fougueux talent d’interprète avec les éblouissants «tableaux d’une exposition» de Moussorsgski. En bis,...