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MÉDIA - « Here’s New York » a commencé avec… un poème En 40 000 clichés, ce qui a changé après le 11.9
le 21 mars 2002 à 00h00
Cela a commencé par un poème qu’on affiche sur une devanture vide, le 13 septembre près de Ground Zero. Six mois plus tard, l’opération «Here’s New York» est en passe de révolutionner le monde de la photo. Cette exposition à nulle autre pareille, sous-titrée «Une démocratie de photographes», met en vente dans deux boutiques à Manhattan et sur Internet, pour un prix unique de 25 dollars, des clichés dont les auteurs restent anonymes. Les images doivent avoir un rapport, même lointain, avec les attentats du 11 septembre. Un demi-million de dollars a déjà été versé à une association d’aide à l’enfance. L’idée a germé dans la tête de quatre New-Yorkais, dont le photographe français de l’agence Magnum, Gilles Peress, et Michael Shulan, propriétaire d’une boutique non occupée dans le quartier de Soho. «J’ai vu le poème, je suis monté chercher une vieille vue du World Trade Center et je l’ai affiché sur la vitrine» se souvient Michael Shulan. «Les gens se sont arrêtés, ont commencé à parler, à apporter leurs photos. Gilles m’a appelé. Nous avions envie de faire quelque chose. Il fallait que nous fassions quelque chose». Six jours plus tard, le local ouvre ses portes. Des fils aux murs, des pinces à linge pour accrocher les tirages. Amateurs et professionnels se retrouvent, des volontaires commencent à numériser les images, à imprimer les clichés, à tenir la caisse. Très vite, il y a foule. En deux minutes À Noël, la base de données numérique comprend plus de 4 000 photos. Aujourd’hui, 40 000. Des milliers de photographes, connus ou pas, quelque deux cents volontaires, cinquante imprimantes qui tournent 24 heures sur 24, des clichés expédiés dans le monde entier, un site Internet (www.hereisnewyork.org) recevant plus d’un million de connexions par jour. Des fondations privées ont fourni des financements, des fabricants de matériel, de l’équipement. La deuxième boutique, sur la 6e avenue, vient d’ouvrir ses portes. Une exposition jumelle est en cours à Chicago. «Here’s New York» sera présentée aux Rencontres Photos d’Arles, en juillet. «Nous avons plus de cinquante demandes dans le monde, mais nous manquons de personnel, assure Michael Shulan. Nous voulons en faire une alternative à la façon dont les gens distribuent et regardent les photos. Nous voulons devenir, grâce à Internet, un média global. Tout mettre en réseau». Les clichés, que chacun est libre d’apporter, sont numérisés, ce qui permettra, à terme, de les imprimer/afficher/diffuser/vendre/exposer en temps réel, dans un nombre illimité de lieux. «Nous ne vous disons pas ce qu’il faut penser, nous présentons les images, poursuit Michael Shulan. C’est l’idée sentimentale selon laquelle l’Amérique devrait fonctionner comme cela. Ce n’est d’habitude pas le cas, et c’est pourquoi nous voulons continuer. Nous n’allons pas devenir une entreprise, même si nous avons besoin de soutiens privés. Nous voulons montrer que des individus peuvent faire la différence». Dans leur nouvel appel aux photographes, intitulé «Histoire sans cadre», les organisateurs demandent des images qui montrent «comment notre vie quotidienne a été affectée par la tragédie». Sont ainsi apparues les premières photos d’Afghanistan, des Territoires palestiniens occupés, d’Irlande. Un pilote de chasse a apporté des vues de son porte-avions croisant en mer Rouge. Un scanner relié à plusieurs écrans plats permet de diffuser dans la salle en quelques minutes de nouvelles photos qui, numérotées comme les autres, pourront être imprimées à la demande d’un acheteur. Il ne découvrira le nom de l’auteur qu’au verso de son tirage. Pour conserver la mémoire de ces semaines exceptionnelles, tous les photographes vont être enregistrés en vidéo pour, en deux minutes, raconter comment et pourquoi ils ont appuyé, ce jour-là, sur le bouton.
Cela a commencé par un poème qu’on affiche sur une devanture vide, le 13 septembre près de Ground Zero. Six mois plus tard, l’opération «Here’s New York» est en passe de révolutionner le monde de la photo. Cette exposition à nulle autre pareille, sous-titrée «Une démocratie de photographes», met en vente dans deux boutiques à Manhattan et sur Internet, pour un prix unique de 25...
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