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Actualités - CHRONOLOGIE

Schröder prépare ses arrières en cas de frappes américaines contre Bagdad L’Allemagne ne participera pas à une action militaire en Irak sans mandat de l’Onu

En plaçant une participation de l’Allemagne à une extension de la lutte contre le terrorisme sous la condition d’un mandat de l’Onu, le chancelier allemand Gerhard Schröder délimite clairement la solidarité avec les États-Unis, tout en préparant ses arrières en cas de frappes américaines contre l’Irak. Vendredi, une porte-parole du gouvernement, Charima Reinhardt, a confirmé le compte rendu d’une rencontre du chancelier avec des intellectuels, mercredi soir à la chancellerie, qui avait filtré dans la presse. Une discussion «philosophique», a-t-elle souligné, au cours de laquelle M. Schröder «a placé tout engagement militaire supplémentaire du gouvernement allemand sous la condition d’un mandat de l’Onu». Le chancelier, qui rencontrait notamment le prix Nobel de littérature Guenter Grass, réagissait au débat «sur une possible extension de la guerre contre le terrorisme», a-t-elle précisé. Et la porte-parole de rappeler qu’«il n’y a aucune indication concrète» que les États-Unis préparent des frappes contre l’Irak... Si tel était le cas, toutefois, l’unité de blindés «Fuchs» («Renard», «Fox»), spécialisée dans la détection des armements nucléaires, bactériologiques et chimiques (NBC) et actuellement stationnée au Koweït, resterait sur place, que les États-Unis agissent avec ou sans mandat de l’Onu, a confié M. Schröder à ses hôtes: la retirer aurait des conséquences imprévisibles sur les relations germano-américaines. En cas de crise, les 50 soldats allemands présents au Koweït sont en mesure de recevoir le renfort de 200 soldats supplémentaires venus d’Allemagne : leur mobilisation est couverte par le mandat voté en décembre par le Bundestag, la Chambre des députés, sur la participation allemande à la lutte contre le terrorisme international. Joschka Fischer inquiet «Fondamentalement, rien n’a changé à la position allemande» vis-à-vis de l’Irak, affirmait vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Andreas Michaelis : l’Allemagne et les Européens continuent de réclamer le retour des inspecteurs de l’Onu en Irak. Mais ces déclarations interviennent alors que le ton du président américain George W. Bush se fait plus belliqueux: ce dernier, qui doit se rendre en mai en Russie, en Allemagne et en France, s’en est pris mercredi au chef de l’État irakien Saddam Hussein en déclarant qu’il était «un problème, et nous allons nous en occuper». «Toutes les options sont sur la table» et «une chose que je ne permettrai pas, c’est qu’un pays comme l’Irak menace notre avenir immédiat en développant des armes de destruction de masse», a-t-il noté, avant de souligner que les États-Unis consulteraient «leurs amis et alliés» sur leurs intentions vis-à-vis de Bagdad. Au lendemain des attentats du 11 septembre, Gerhard Schröder avait été l’un des premiers à proclamer la «solidarité inconditionnelle» vis-à-vis des États-Unis. Il a depuis à plusieurs reprises répété que son pays n’était toutefois pas prêt à des «aventures». Ces dernières semaines, «l’axe du mal» de M. Bush a valu à son auteur de vertes critiques en Allemagne, le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer allant jusqu’à exprimer la «grande inquiétude» de Berlin face au «langage musclé» tenu à Washington vis-à-vis de l’Irak, de l’Iran et de la Corée du Nord. «Schröder semble déchiré», commentait vendredi la Sueddeutsche Zeitung (centre-gauche). Son «devoir» au sein de l’alliance internationale contre le terrorisme est de maintenir les blindés Fuchs au Koweït, quoi qu’il arrive. Mais il faudrait justifier cela devant des Allemands qui risquent d’être plus que sceptiques en cas d’absence de mandat de l’Onu sur l’Irak. Et l’éditorialiste d’affirmer : «Lentement, Schröder prépare l’opinion publique à ce dilemme».
En plaçant une participation de l’Allemagne à une extension de la lutte contre le terrorisme sous la condition d’un mandat de l’Onu, le chancelier allemand Gerhard Schröder délimite clairement la solidarité avec les États-Unis, tout en préparant ses arrières en cas de frappes américaines contre l’Irak. Vendredi, une porte-parole du gouvernement, Charima Reinhardt, a confirmé le...