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Actualités - RENCONTRE

Débat - Rencontre animée au Sérail avec Hariri Les organismes économiques reprochent au gouvernement de les ignorer

Invités hier au Sérail par le Premier ministre Rafic Hariri pour entamer un «dialogue ouvert», les organismes économiques n’y sont pas allés par quatre chemins pour crier haut et fort leur sentiment de désarroi face à une politique gouvernementale qui se fait selon eux sans consultation préalable du secteur privé. Les présidents et vice-présidents des organismes économiques ont joué carte sur table. La réunion a débuté par un discours de M. Hariri, dans lequel il a assuré que le gouvernement est soucieux de consulter les représentants des organismes économiques dans les grandes décisions. «L’année en cours verra la poursuite de la mise en application des recommandations soumises par les organismes : réduire le volume du secteur public, poursuivre les projets de privatisation et améliorer le rendement des établissements publics», a t-il dit. Le Premier ministre a par ailleurs évoqué l’accord d’association euro-méditerranéen qui prévoit une injection de fonds dans le secteur financier de 60 millions de dollars au départ et qui pourraient atteindre un milliard de dollars. Ces capitaux, à taux d’intérêt réduits, sont destinés au secteur bancaire, qui à son tour devra en faire profiter le secteur privé. Concernant l’affaire des revendications salariales, M. Hariri a souligné que «les intérêts des patrons et des travailleurs ne concordent pas nécessairement». Le chef de l’Exécutif a conclu ses propos en répétant que le gouvernement est toujours disposé à écouter toutes les propositions qui lui sont faites. Le discours de Adnan Kassar, président de l’Union des Chambres libanaises, est venu s’inscrire à contre-pied des déclarations du chef du gouvernement. M. Kassar n’a pas hésité à rappeler au chef du gouvernement le huis clos qui s’est tenu en juillet 1997 au cours duquel il avait fait beaucoup de promesses dont aucune ne s’est réalisée, «surtout que la situation a empiré depuis». Toujours sur le même ton, il a dressé un bilan plutôt sombre de la situation économique actuelle. Rappelant que la dette publique s’élève à plus de 167 % du PIB et que la croissance économique en 2001 n’a pas dépassé les 1 %, il a mis en évidence la gravité du problème économique dans lequel se débat le pays. En outre, il a critiqué ouvertement la politique gouvernementale qui n’implique pas dans sa prise de décision le secteur privé. «Les dépenses publiques s’élèvent à 40 % du PIB. Sachant que les organismes économiques n’ont cessé de demander le dégonflement du secteur public pour alléger son coût sur l’économie nationale. Les réactions aux revendications des organismes n’ont jamais dépassé le stade des vœux pieux», a fait valoir M. Kassar. Par exemple, la date d’entrée en vigueur de la TVA n’a pas été reportée malgré les multiples réclamations en ce sens. D’autre part, les organismes économiques n’ont pas reçu, jusqu’à aujourd’hui, copie de l’accord du partenariat euro-méditerranéen paraphé par le Liban. En outre, le secteur privé n’a pas été consulté dans les pourparlers entamés pour l’adhésion du Liban à l’OMC. Malgré le tollé provoqué au sein du secteur privé par la suppression de la protection des agences exclusives, le gouvernement a persisté à faire la sourde oreille à ces revendications. Une telle décision, selon M. Kassar, «risquerait d’ouvrir nos marchés devant l’importation légale tout comme devant la contrebande». Pour cela, les organismes ont souhaité une meilleure protection du marché libanais, à l’instar des marchés de la région. La décision du gouvernement de tripler l’allocation de transport a été également à l’ordre du jour de la réunion. Les organismes économiques ont expliqué que «le relèvement du plafond des frais de transport provoque une hausse des coûts de production, en augmentant la main-d’œuvre». Quant à l’augmentation de l’assistance à la scolarisation, elle risque d’entraîner des frais dont la CNSS pourrait bien se passer. Les organismes économiques ont rappelé que «le gouvernement doit établir une formule politico-commerciale claire, basée sur une vision stratégique des changements attendus dans les économies de la région. Il en est de même pour ses échanges commerciaux et les données économiques, commerciales et industrielles du pays». Enfin, ils ont réclamé une participation effective à la prise de décision, à travers la création d’un comité conjoint avec le secteur public.
Invités hier au Sérail par le Premier ministre Rafic Hariri pour entamer un «dialogue ouvert», les organismes économiques n’y sont pas allés par quatre chemins pour crier haut et fort leur sentiment de désarroi face à une politique gouvernementale qui se fait selon eux sans consultation préalable du secteur privé. Les présidents et vice-présidents des organismes économiques ont...