Actualités - CHRONOLOGIE
Des difficultés d’une relève dans la vie politique française
le 14 mars 2002 à 00h00
Les remarques du Premier ministre français Lionel Jospin, 64 ans, sur l’âge du chef de l’État, Jacques Chirac, 69 ans, son principal adversaire dans l’élection présidentielle d’avril-mai, soulignent le vieillissement du personnel politique français, mais aussi la difficulté d’une relève. M. Jospin avait accusé, en fin de semaine dernière, M. Chirac d’être «fatigué, vieilli, victime d’une certaine usure du pouvoir», mais avait dû rapidement faire marche arrière pour minimiser la portée de ses propos tenus à des journalistes, qui l’accompagnaient en avion au retour d’une tournée électorale. La vigueur de la réaction de M. Chirac, selon lequel son rival se livrait à un «délit de sale gueule», et l’embarras d’une partie de l’entourage de M. Jospin, ont toutefois souligné que les générations du «baby boom» de l’après-guerre ne sont toujours pas concernées par l’accession à la magistrature suprême. «Les Français préfèrent les vieux», a ainsi titré mercredi à la une le quotidien de gauche Libération, soulignant que les cinq candidats les mieux placés pour la présidentielle dont le premier tour aura lieu le 21 avril ont plus de 60 ans. Outre MM. Chirac et Jospin, il s’agit de l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, 63 ans, animateur d’un «pôle républicain», et des dirigeants d’extrême gauche et d’extrême droite, Arlette Laguiller, 62 ans, et Jean-Marie Le Pen, 73 ans. Le doyen de la cinquantaine de postulants à l’Élysée est l’ancien ministre gaulliste Charles Pasqua, 75 ans, le benjamin étant l’un des trois candidats trotskystes, Olivier Besancenot, 28 ans. Pour l’historien Jean-François Sirinelli, interrogé par Libération, la «vieillesse» de la classe politique est bien «une exception française». «On ne peut pas, pour autant, parler d’une tradition de gérontocratie», ajoute-t-il, rappelant qu’au siècle dernier trois présidents seulement étaient âgés de moins de 60 ans en arrivant à la tête de l’État : Raymond Poincaré, 52 ans, en 1911, Georges Pompidou, 57 ans, en 1969, et Valéry Giscard d’Estaing, 48 ans, en 1974. Ce dernier, qui axa sa campagne sur le thème de sa jeunesse, dans un monde alors encore souvent dirigé par des septuagénaires, est d’ailleurs l’exception qui confirme la règle, car, en France, selon Libération, «le mythe Kennedy (...) ne prend pas». Le demi-siècle écoulé a en effet été dominé dans la vie politique française par deux personnages : Charles de Gaulle, élu à 68 ans pour quitter le pouvoir à 79, et le socialiste François Mitterrand, qui présida de 65 à 79 ans. Pour les analystes, la durée du mandat présidentiel, désormais ramené de sept à cinq ans, explique en partie cette prime aux anciens. De même que le jeu des partis, qui oblige un candidat à s’adosser à une formation dont il a fallu au préalable s’assurer le contrôle après de longues années. Enfin, la «professionnalisation» de la politique empêche l’émergence de nouveaux talents. Il est ainsi rare de voir, notamment par le jeu du cumul des mandats, un dirigeant défait retourner à la «vie civile», ce qui est courant dans les pays anglo-saxons, mais aussi en Europe du Sud. «Peut-être, a estimé Libération, parce que la France est plus une république qu’une démocratie (et) qu’elle s’incarne davantage dans un vieux que dans un jeune». Et le journal d’inspiration catholique La Croix de souligner que les récentes passes d’armes Jospin-Chirac «exposent à une usure non moins redoutable que celle supposée du capitaine : l’usure démocratique».
Les remarques du Premier ministre français Lionel Jospin, 64 ans, sur l’âge du chef de l’État, Jacques Chirac, 69 ans, son principal adversaire dans l’élection présidentielle d’avril-mai, soulignent le vieillissement du personnel politique français, mais aussi la difficulté d’une relève. M. Jospin avait accusé, en fin de semaine dernière, M. Chirac d’être «fatigué,...
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