Actualités - CHRONOLOGIE
La mort d’un journaliste italien illustre la nervosité croissante des soldats israéliens
le 14 mars 2002 à 00h00
La mort hier du premier journaliste étranger tué dans les territoires palestiniens au cours des deux intifadas, après que des dizaines ont été blessés, illustre les dangers croissants du conflit israélo-palestinien pour les professions appelées à braver le feu. La semaine précédente, cinq membres du corps médical palestinien, dont pour la première fois un employé de l’Onu, avaient été tués par des tirs de l’armée israélienne. Raffaele Ciriello, un photographe indépendant italien âgé de 42 ans, a été touché de six balles à la poitrine, à l’estomac, aux intestins et aux reins par les tirs d’un char israélien à Ramallah, selon un confrère italien et des sources hospitalières. Il est décédé avant même d’avoir pu être opéré à l’hôpital où il avait été transporté par de jeunes Palestiniens, les ambulances n’ayant pu s’approcher du lieu du drame, ont indiqué des témoins. «Le décès du journaliste italien est une nouvelle preuve du manque de respect de l’armée pour les vies de civils lorsqu’elle mène des opérations en Cisjordanie et dans la bande de Gaza», a déclaré Lior Yavne, un responsable de Betselem, organisation israélienne pour la défense des droits de l’homme dans les territoires palestiniens. La mort du journaliste italien témoigne aussi de la nervosité grandissante des soldats israéliens, auxquels les activistes palestiniens infligent des pertes de plus en plus sévères. Le char israélien qui a ouvert le feu à la mitrailleuse sur Raffaele Ciriello se trouvait en effet à environ 150 mètres et aucun tir hostile ne le menaçait à ce moment, a assuré Amedeo Ricucci, journaliste de la chaîne italienne RAI Uno, qui se trouvait avec la victime sur la place centrale de Ramallah. Plus tard, un photographe français indépendant, Hubert Picard, a été blessé par un éclat d’obus de char israélien et un journaliste de la télévision égyptienne, Tarek Abdeljaber, par des balles de mitrailleuses israéliennes à Ramallah. Un caméraman de la télévision satellitaire al-Jazira a en outre été touché par des tirs israéliens alors qu’il filmait les événements à partir des locaux de cette chaîne, situés au cinquième étage d’un immeuble de la localité jumelle d’el-Bireh. Al-Jazira a qualifié ces tirs de «délibérés». Pour M. Yavne, «il est certain que les soldats israéliens sont aussi en danger, mais cela ne les exonère pas de l’obligation d’éviter de faire des victimes parmi les civils». La veille, une trentaine de journalistes avaient été la cible de tirs d’un char israélien alors qu’ils filmaient et prenaient des photos d’une incursion de l’armée israélienne. Ces journalistes, parmi lesquels Raffaele Ciriello, avaient raconté qu’ils se trouvaient sur le balcon d’un hôtel à Ramallah, qui surplombe le camp de réfugiés d’al-Amari, occupé par l’armée israélienne, quand un char a ouvert le feu sur eux. Selon un de ces journalistes, un porte-parole de l’armée lui a dit que l’armée les avait pris pour des tireurs palestiniens, ayant cru que leurs caméras étaient des armes. Hier, l’armée israélienne a affirmé ignorer les circonstances dans lesquelles le photographe italien avait été tué et le journaliste français blessé. «Il faut souligner que Ramallah a été décrété hier (mardi) zone militaire fermée aux civils», a indiqué l’armée dans un communiqué. «Les correspondants qui pénètrent dans des zones de combat sont parfaitement conscients qu’ils prennent des risques et cela, particulièrement, lorsqu’ils le font sans coordination préalable avec Tsahal», a-t-on ajouté de même source. L’association Reporters sans frontières (RSF) s’est déclarée hier «consternée» par ces événements et a demandé à «l’armée israélienne d’ouvrir une enquête et, si nécessaire, faire passer en jugement les auteurs des tirs». «Depuis des mois nous dénonçons l’impunité dont bénéficient les soldats israéliens qui ont tiré sur des journalistes. Cela ne pouvait que conduire à ce genre de drame», a souligné RSF dans un communiqué. Dans la soirée, le ministère italien des affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur israélien pour lui demander des explications et l’ouverture d’une enquête.
La mort hier du premier journaliste étranger tué dans les territoires palestiniens au cours des deux intifadas, après que des dizaines ont été blessés, illustre les dangers croissants du conflit israélo-palestinien pour les professions appelées à braver le feu. La semaine précédente, cinq membres du corps médical palestinien, dont pour la première fois un employé de l’Onu, avaient...
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