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CORRESPONDANCE « Inch’ allah dimanche », à Washington… à la mode algérienne(PHOTO)
Par MOSALLI Irène, le 12 mars 2002 à 00h00
Pour la cinéaste algérienne Yamina Benguigui, ce n’est pas «Jamais le dimanche» mais «Incha’ allah dimanche». Son film ainsi intitulé (qui a déjà été primé en France, au Canada et au Maroc) est présenté au Festival du cinéma français, se tenant actuellement à New York. WASHINGTON-Irène MOSALLI Auparavant, il a fait un passage à Washington. Et ce à la demande de l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie, Zohr Jazairy, qui l’a présenté pour la célébration de la Journée internationale de la femme. En préliminaire de la projection, qui s’est déroulée à la résidence, l’ambassadeur d’Algérie M. Idriss Jazairy a fait une intéressante intervention : «Après l’apartheid, a-t-il dit, le nouveau bastion à prendre est celui de la discrimination contre les femmes, discrimination que refuse l’islam, comme en témoignent ces versets du Coran que je voudrais vous citer : “Les femmes ne sont que les égales des hommes” et ailleurs : “Seul un homme honorable traite les femmes avec honneur et intégrité et seul un homme fourbe et sans honneur humilie et insulte les femmes”, sans oublier : “Le paradis est au pied des mères”. «Je voudrais aussi évoquer ces femmes algériennes qui, à travers le temps, ont lutté côte à côte avec les hommes : au VIIe siècle déjà, al-Kahina et plus tard Lalla Fatma Nsoumer (XIXe siècle). Dans un passé plus proche, les pionnières étaient Hassiba Ben Bouali, Jamila Bouhaïred et Jamila Boubacha. Il y a aussi toutes ces femmes qui pendant la décennie noire de 90 sont tombées victimes du terrorisme et de l’obscurantisme. «À l’actif de la femme algérienne d’aujourd’hui, des acquis majeurs : elle s’est imposée dans les secteurs publics de l’éducation et de la santé de même qu’elle est active au Sénat, à l’Assemblée nationale, dans le corps judiciaire et diplomatique. Elle constitue 20 % de la force de travail. Cependant, il reste encore à faire, spécialement dans le domaine du Code de la famille qui a été restrictive durant cette dernière décennie. «Pour ce qui est du film que nous allons voir, il atteste que le contact de différentes cultures ne doit pas nécessairement mener à un conflit de civilisation et qu’il peut au contraire mener à une solidarité entre gens de divers horizons. Sans oublier que la discrimination des femmes est souvent perpétuée par les femmes elles-mêmes : notamment l’influence de la mère sur son fils». Immigrées malgré elles Ce dernier point est l’un des arguments forts du film Inch’ allah dimanche, dont la trame est l’émigration en France, en 1974, des femmes algériennes, dans le but de rejoindre leurs époux, venus là pour travailler et qui, avant cette date, n’avaient pas le droit d’être accompagnés de leur famille. Rien n’avait préparé ces femmes, immigrées malgré elles, à cet exil, en quelque sorte forcé. La cinéaste Yamina Benguigui reconstitue cette situation par le biais de trois personnages, Ahmad (campé par Zinedine Soualem), le mari qui accueille en France sa femme Zouina (Fejria Deliba), ses trois enfants et sa mère Aïcha, (Rabia Mokedem). Dès son arrivée, cette dernière s’octroie le droit de décision, reléguant sa bru aux travaux ménagers et à la cuisine. Zouina est livrée à elle-même et ne peut établir aucun dialogue avec son mari. Ajouté à tout cela un mode de vie inconnu et des voisins fermés à tout ce qui n’est pas leur culture. Une vie d’enfer pour la jeune femme, qui ne nourrit plus qu’un espoir : retrouver une famille algérienne vivant non loin de là et avec laquelle elle rêve («Inch’ Allah» !) de passer la fête de l’Adha, qui tombe un dimanche. Entre-temps, elle aura découvert le monde extérieur et surtout le monde féminin à travers la radio. Malgré l’interdiction de sortir de la maison, Zouina ira à la recherche de l’âme sœur, aidée par une Française, Mlle Briat (Mathilde Seigner), rencontrée lors d’une escapade qui avait manqué de lui coûter cher. Arrivée à destination, elle trouvera une autre femme, Malika (Amina Annabi), dans une situation aussi désespérée que la sienne, au point que par peur de son mari et de sa belle-mère, elle lui fermera la porte au nez. Cette évasion de Zouina aura duré quatre heures, le temps que son mari réalise qu’il tient à elle et qu’elle doit occuper dans sa vie une autre place que celle dictée par sa mère, une place de choix. Une première étape dans la libération des traditions qui commence ainsi par l’affranchissement du joug de la belle-mère Yamina Benguigui, qui est née et qui travaille en France, s’était fait d’abord connaître par ses documentaires : Femmes d’islam, Mémoire d’immigré et Jardin parfumé. Dans Inch’ allah dimanche, son premier long métrage, elle rend avec sincérité et émotion leur dû à ces femmes ayant vécu leur immigration dans la souffrance. Ces femmes qui sont à présent les mères d’une seconde génération d’immigrés, dont elle fait elle-même partie.
Pour la cinéaste algérienne Yamina Benguigui, ce n’est pas «Jamais le dimanche» mais «Incha’ allah dimanche». Son film ainsi intitulé (qui a déjà été primé en France, au Canada et au Maroc) est présenté au Festival du cinéma français, se tenant actuellement à New York. WASHINGTON-Irène MOSALLI Auparavant, il a fait un passage à Washington. Et ce à la demande de l’épouse...
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