Un mois après sa déclaration de candidature, Jacques Chirac devrait s’affranchir cette semaine d’une campagne en demi-teinte pour entrer dans le vif du sujet et reconquérir la confiance d’un électorat circonspect face à la stratégie présidentielle. «C’est maintenant un secret de polichinelle. Le président devait se déclarer début mars, et son changement de stratégie a bouleversé les choses», confie un membre de l’équipe de campagne. «Il a fallu du temps pour tout mettre en place, les derniers permanents sont arrivés lundi dernier au QG, et la dynamique commence seulement à prendre», explique-t-il. Cette «nouvelle dynamique», réclamée par des militants impatients et sceptiques face à la tactique d’un Jacques Chirac mi-président mi-candidat, devrait se traduire mardi par un premier temps fort : le premier meeting public du chef de l’État à Marseille, la ville du sénateur DL Jean-Claude Gaudin. Les organisateurs annoncent pour l’heure 10 000 personnes dans la salle du Dôme. «Les supporters veulent voir leur idole», plaisante un responsable du mouvement des jeunes chiraquiens. Bernadette Chirac, qui a annoncé son intention de faire campagne «à sa manière», en «ouvrière de base», sera présente aux côtés de son époux. Le président a prévu au total cinq meetings avant le premier tour : Marseille, Amnéville (Moselle) le 25 mars, Bordeaux le 3 avril Poitiers le 9 avril et Lille le 18 avril. Trois réunions publiques sont pour l’heure annoncées entre les deux tours : Rennes le 23 avril, Lyon le 25 avril et la région parisienne le 2 mai. Des «poids lourds» de l’opposition – Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy, Philippe Séguin,... – iront en parallèle sur le terrain, à partir de la mi-mars. Jacques Chirac s’est en outre résolu à occuper le terrain médiatique, jusqu’ici monopolisé par le Premier ministre. Il interviendra lundi soir sur France 2, un mois après une prestation mitigée sur TF1 au soir de sa déclaration de candidature. Mardi, il devrait être absent de la réunion hebdomadaire du comité d’orientations au Tapis rouge, car il a prévu de se prêter à un dialogue avec des lecteurs du quotidien régional La Provence à Marseille. Le chef de l’État s’est exprimé par voie de presse vendredi, pour la première fois depuis le début de la campagne, à l’occasion d’une interview à La Dépêche du Midi. Autant de manières de se rapprocher de «la France d’en bas».