Actualités - RENCONTRE
Blair reçoit Cheney sur fond d’inquiétudes croissantes sur l’Irak
le 11 mars 2002 à 00h00
Le Premier ministre britannique, Tony Blair, reçoit aujourd’hui le vice-président américain Dick Cheney et devrait donner de nouveaux gages de soutien aux États-Unis mais il devra également composer avec les réticences au sein même de son parti face à une possible offensive contre l’Irak. La presse britannique bruisse depuis plusieurs semaines de rumeurs, pour l’heure officiellement démenties, d’une attaque conjointe de Washington et Londres contre l’Irak. Hier, l’hebdomadaire Observer a affirmé que les États-Unis ont demandé à la Grande-Bretagne 25 000 soldats qui se joindraient à une éventuelle force d’intervention américaine contre l’Irak. M. Cheney, qui entame après son étape à Londres sa première tournée au Moyen-Orient depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis, apporterait de nouvelles preuves selon lesquelles Bagdad posséderait des armes de destruction massive, d’après l’hebdomadaire. Selon le journal, les troupes britanniques devraient participer à une force terrestre composée de 250 000 soldats destinée à envahir l’Irak comme lors de la guerre du Golfe en 1991, selon une des options à l’étude. Cette information a été immédiatement démentie par les services de Tony Blair. «Non seulement aucune décision n’a été prise mais aucune demande n’a été formulée», a indiqué à l’AFP un porte-parole du cabinet du Premier ministre. Autre option avancée par l’hebdomadaire, Londres pourrait envoyer de petites unités des forces spéciales afin d’aider les groupes d’opposition en Irak. Troisième possibilité, celle d’une intensification des attaques aériennes contre l’Irak si le président irakien Saddam Hussein n’autorisait pas la venue des inspecteurs de l’Onu. Le Sunday Telegraph affirme, lui, que Dick Cheney informera «cette semaine les leaders arabes que les États-Unis préparent une action militaire contre l’Irak même si Saddam Hussein donne son feu vert au retour des inspecteurs de l’Onu dans son pays». Si Tony Blair a affirmé qu’«aucune décision n’avait été prise», il n’a pas fait mystère de la menace réelle» que constitue selon lui Saddam Hussein. Vendredi encore, il plaidait en faveur du discours à la nation du président américain George Bush, qui a mis l’Irak au cœur d’«un axe du mal» passant également par l’Iran et la Corée du Nord. Dans une tribune au quotidien italien Repubblica, M. Blair a affirmé que «dans cette tentative de faire obstacle à Saddam» il fallait «demeurer aux côtés de George Bush». Mais Tony Blair ne semble pas avoir convaincu l’ensemble de son parti ni même, selon la presse, certains de ses ministres. Plus de 70 députés du Labour ont signé une motion contre une attaque visant l’Irak. Et deux «colombes» du cabinet Blair ont menacé de démissionner, selon l’ensemble de la presse : la secrétaire au Développement international Clare Short, et l’ancien ministre des Affaires étrangères Robin Cook, actuellement président de la Chambre basse. Le numéro deux du gouvernement John Prescott a démenti dimanche toute dissension au sein de l’équipe de Tony Blair et a qualifié «d’absurdité absolue les cancans de la presse». «Nombreux membres du cabinet ne partagent pas l’entêtement de Blair à suivre George Bush dans sa volonté d’attaquer l’Irak», insiste pourtant le Sunday Times. Les deux hommes se retrouveront du 5 au 7 avril dans le ranch personnel du président américain, près de Crawford au Texas. Le soutien de M. Blair est d’autant plus critiqué depuis la décision des États-Unis de prendre des mesures protectionnistes sur l’acier qualifiées par le chef du gouvernement britannique lui-même d’«inacceptables et mauvaises». Même si les proches de Tony Blair affirment en privé «qu’il a réussi à écarter Bush de la guerre totale prônée par Rumsfeld», «Blair est juste un bébé de Bush», affirme l’Observer. «Le président américain apprécie peut-être d’avoir Tony à ses côtés mais il est évident qu’il ne l’écoute pas», affirme le journal.
Le Premier ministre britannique, Tony Blair, reçoit aujourd’hui le vice-président américain Dick Cheney et devrait donner de nouveaux gages de soutien aux États-Unis mais il devra également composer avec les réticences au sein même de son parti face à une possible offensive contre l’Irak. La presse britannique bruisse depuis plusieurs semaines de rumeurs, pour l’heure officiellement démenties, d’une attaque conjointe de Washington et Londres contre l’Irak. Hier, l’hebdomadaire Observer a affirmé que les États-Unis ont demandé à la Grande-Bretagne 25 000 soldats qui se joindraient à une éventuelle force d’intervention américaine contre l’Irak. M. Cheney, qui entame après son étape à Londres sa première tournée au Moyen-Orient depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis, apporterait de...