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Actualités - CHRONOLOGIE

MSF condamne les attaques contre des équipes médicales Les ambulanciers palestiniens payent un lourd tribut (PHOTO)

Envoyer des ambulanciers en première ligne, secourir des médecins coincés aux barrages, négocier l’évacuation des blessés : les responsables des hôpitaux palestiniens gèrent l’urgence dans un climat de danger croissant pour le personnel médical des Territoires. Hôpital de Beit Jala (Bethléem), vendredi soir. Trois ambulances se succèdent en l’espace de vingt minutes. Elles amènent successivement deux blessés puis le cadavre d’un homme tué par un obus de char israélien dans le camp de réfugiés de Dheishé. Tendu, un ambulancier tire d’énormes bouffées sur une cigarette, tandis que des employés tentent de gagner quelques minutes de sommeil, à même le sol ou sur un brancard. «Nous travaillons depuis deux jours sans discontinuer, en sous-effectifs, car beaucoup d’employés sont restés coincés chez eux en raison de la présence israélienne», explique le Dr Peter Qumri, directeur de l’hôpital qui emploie quinze médecins, 23 spécialistes et 78 infirmiers. «Pour moi, c’est une lourde responsabilité que de demander aux gens de venir travailler alors que le simple fait de circuler peut s’avérer mortel, ou bien d’envoyer des ambulanciers sous le feu. Mais l’hôpital ne peut pas rester sans personnel», ajoute-t-il, en bredouillant d’épuisement. Depuis lundi 4 mars, cinq personnes du corps médical palestinien ont été tuées dans les territoires palestiniens. La mort, vendredi, du directeur d’un hôpital privé du secteur de Bethléem, tué par un tir israélien alors qu’il circulait en voiture, provoque une grimace chez le Dr Qumri. «Il est mort en allant chercher un de ses employés coincé (dans le camp de réfugiés) à Dheishé. Voilà. Ça peut nous arriver à tous». L’armée israélienne a présenté samedi ses «excuses et ses profonds regrets» pour la mort du docteur et a ouvert une enquête. Mais pour Peter Qumri, il n’y a pas de doute: le personnel médical est devenu une cible. Il accuse l’armée israélienne d’entraver délibérément l’action des médecins et l’évacuation des blessés. «J’ose espérer que ce n’est pas délibéré», déclare de son côté le Dr Robert Tabbash, directeur de l’hôpital de la Sainte-Famille à Bethléem. Avant d’ajouter, avec une rage rentrée : «Qu’est ce qu’il a dans la tête, le soldat israélien qui ne laisse pas passer au barrage une femme en plein travail ? Dont le nouveau-né meurt faute de soins ? J’aimerais savoir si ce sont des initiatives individuelles, ou des ordres ? Qui est responsable ?». Pour procéder à des évacuations ou faire venir du matériel, l’hôpital doit, par le biais d’un officier de liaison palestinien, obtenir des autorisations militaires israéliennes. «On les a la moitié du temps», estime le Dr Tabbash, qui tente de profiter de la moindre pause dans les violences pour négocier le passage depuis Jérusalem d’un camion transportant du gaz anesthésiant, ou envoyer chercher trois de ses pédiatres bloqués à Beit Jala. «On gère au jour le jour. Mais je trouve inacceptable le silence de la communauté internationale par rapport à ce qui se passe», s’indigne-t-il. L’hôpital de la Sainte-Famille, spécialisé en gynécologie obstétrique, a entamé une procédure en justice pour réclamer 85 000 dollars de dédommagements à l’État d’Israël, suite à une incursion de l’armée à Bethléem en octobre dernier, au cours de laquelle l’établissement avait été sérieusement touché. Dimanche, l’organisation Médecins sans frontières a condamné les attaques contre des équipes médicales dans les territoires palestiniens. «Les services d’urgence et le personnel médical sont attaqués, et cela empêche les secours de parvenir aux blessés», indique un communiqué. «L’armée israélienne a bombardé intensivement l’hôpital al-Mezzan de Hébron en Cisjordanie, a endommagé plusieurs ambulances et a tué ces derniers sept jours 15 employés des services médicaux», ajoute MSF.
Envoyer des ambulanciers en première ligne, secourir des médecins coincés aux barrages, négocier l’évacuation des blessés : les responsables des hôpitaux palestiniens gèrent l’urgence dans un climat de danger croissant pour le personnel médical des Territoires. Hôpital de Beit Jala (Bethléem), vendredi soir. Trois ambulances se succèdent en l’espace de vingt minutes. Elles amènent successivement deux blessés puis le cadavre d’un homme tué par un obus de char israélien dans le camp de réfugiés de Dheishé. Tendu, un ambulancier tire d’énormes bouffées sur une cigarette, tandis que des employés tentent de gagner quelques minutes de sommeil, à même le sol ou sur un brancard. «Nous travaillons depuis deux jours sans discontinuer, en sous-effectifs, car beaucoup d’employés sont restés coincés chez eux en...