Robert Arab a fait son vrai come-back sur les planches libanaises après plus de trente ans d’absence. Monsieur l’ambassadeur a retrouvé son bonheur sur les planches du théâtre et le public son plaisir. obert Arab a enfin été nommé général ! «Le Général», le temps de quelques représentations de la pièce d’Anouilh, mise en scène par Alain Plisson, Ardèle ou la Marguerite. Un costume qui lui va bien, comme celui de tous les rôles qu’il a endossés depuis ses débuts au théâtre ; le théâtre de boulevard, celui qu’il préfère car il fait sourire encore, et qui a fait son long chemin avec lui, des planches de l’école des Frères des Écoles chrétiennes au Théâtre de Beyrouth. «Mon premier rôle remonte à la classe de huitième. J’étais Jésus-Christ et je devais monter au ciel, grâce à un système de poulies et de cordes. À la fin de la pièce, une des cordes a cédé, j’ai eu très peur de tomber ; et Jésus Christ s’est mis à crier «maman, maman !». Plus tard, Robert Arab, Robbi pour les amis, fit carrière dans la publicité et les relations publiques – mais n’y a-t-il pas déjà le mot public dans ce premier choix professionnel – avant de retourner sa veste et de vêtir celle d’ambassadeur. «Je me suis trouvé mieux dans la diplomatie, issu d’une famille de diplomates, c’était comme un retour aux sources», qui le mène tout de même en Colombie pour sept ans puis en Espagne. «Je n’ai jamais vraiment cessé de pratiquer ce hobby, en filigrane. Même durant ma carrière diplomatique où j’ai été privé de théâtre, j’ai réussi en Colombie à monter et interpréter une pièce en anglais de Neil Simmons, avec l’ambassadrice des États-Unis». Les «nostalgiques» de ce théâtre francophone des années 50-70 n’ont pas oublié Yvette Sursock, le jeune Alain Plisson, «l’âme du théâtre français au Liban», Cécile Janis, Jean-Marie Mechaka et Lisette Enokian, et des pièces telles Tovarich, Je veux voir Mioussov, Les enfants d’Édouard, L’invitation au château ou encore Romanov et Juliette. M. Arab s’en souvient «avec beaucoup d’affection». «Dans la première version des Enfants d’Édouard qui remonte aux années 50, j’avais interprété un des enfants d’Édouard. Plusieurs années plus tard, pour ne pas dire combien, j’ai repris la pièce en anglais. J’étais naturellement un des parents ! Cela pour illustrer ma longue carrière…», pleine d’anecdotes. «Dans Romanov, poursuit monsieur l’ambassadeur, deux draps devaient pendre avec des lettres explicatives. Lors de la quatrième représentation, pas de lettres au bout de mon drap. J’ai donc improvisé cette réplique : “Il n’a même pas laissé une lettre explicative, mais moi, je sais ce qu’il aurait dit !”». Après Sur la terre comme au ciel où il tenait un «rôle modeste», Ardèle ou la Marguerite lui a permis de «réaliser que, heureusement, la mémoire des textes était encore là. C’était une bonne surprise !». Et la passion du théâtre intacte. «Je ne fais pas partie des gens calmes. Ces derniers ne devraient pas faire du théâtre, mais plutôt élever des moutons en Nouvelle-Zélande !». «On ne peut pas être comédien, poursuit-il plus sérieusement, sans avoir une certaine dose d’excitation et un certain sens de l’humour». Bis, monsieur Arab. Carla HENOUD