Madagascar Le gouvernement Ravalomanana s’installe à la Défense et tient son 1er Conseil

Le gouvernement parallèle du «président» autoproclamé de Madagascar, Marc Ravalomanana, a franchi un nouveau pas hier dans sa prise pacifique du pouvoir en installant le «ministre» de la Défense et en tenant son premier Conseil des ministres. Ce Conseil s’est déroulé dans l’après-midi à l’hôtel de ville de la capitale, qui fait désormais office de palais présidentiel. La cérémonie d’installation du «ministre» de la Défense n’a pas rencontré d’opposition des militaires restés fidèles au président sortant Didier Ratsiraka. Le «ministre», le général Jules Mamizara, et le «Premier ministre» Jacques Sylla, accompagnés d’une vingtaine d’officiers supérieurs, ont effectué un bref passage d’une trentaine de minutes dans le ministère, sous le regard d’environ 200 soldats qui ne sont pas intervenus. Les dizaines de milliers de partisans du «président» autoproclamé, qui participent depuis lundi à l’installation des 18 «ministres» du gouvernement Ravalomanana, se sont arrêtés à environ un kilomètre du ministère, sur ordre des organisateurs. Désormais, seule la Primature n’a pas encore été occupée par le «gouvernement» de M. Ravalomanana. L’installation du «ministre» Mamizara, repoussée depuis plusieurs jours, ne marque pas pour autant un ralliement massif et décisif de toute l’armée, au sein de laquelle de nombreux officiers supérieurs semblent encore hésiter sur la conduite à tenir. La délégation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a de son côté continué ses contacts pour «renouer le dialogue» entre les protagonistes de la crise, selon un membre de cette délégation. Après avoir rencontré mercredi le président Ratsiraka et M. Ravalomanana jeudi matin, les représentants de l’organisation panafricaine se sont entretenus avec le général Léon-Claude Raveloarison, gouverneur militaire d’Antananarivo nommé dans le cadre de la loi martiale par le chef de l’État sortant, ainsi qu’avec deux autres candidats du premier tour de l’élection présidentielle du 16 décembre, et avec l’ancien président Albert Zafy. Ils ont également rencontré les ambassadeurs des principaux bailleurs de fonds, notamment la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’Union européenne, mais se refusent pour le moment à faire tout commentaire sur leurs consultations. La présence de la délégation de l’OUA suscite cependant un mécontentement croissant dans le camp des partisans de M. Ravalomanana, qui estiment «qu’il y a eu une élection et une alternance dans le pays dont l’OUA ainsi que toute la communauté internationale doivent tenir compte», selon un proche collaborateur du «président» autoproclamé.