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ZIMBABWE - La population aux urnes ce week-end pour élire son président Scrutin à risque pour Mugabe après 22 ans de pouvoir (PHOTO)
le 09 mars 2002 à 00h00
Les Zimbabwéens votent ce week-end pour élire leur président, un scrutin à haut risque pour l’actuel chef de l’État, Robert Mugabe, au pouvoir depuis 22 ans, qui affrontera le leader de l’opposition, Morgan Tsvangirai, après une campagne marquée par la violence. Cette élection représente le plus grand défi de la carrière politique de M. Mugabe, 78 ans, depuis l’indépendance du pays par rapport à la Grande-Bretagne en 1980, Morgan Tsvangirai, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), ayant su s’imposer en deux ans comme le seul capable de le faire tomber. Face au danger, le président Mugabe a usé de la violence de ses militants, de textes législatifs répressifs et de ses pouvoirs spéciaux pour imposer une loi électorale dénoncée par la Cour suprême, pour tenter par tous les moyens d’assurer sa réélection. Depuis le 1er janvier, au moins 33 personnes ont été tuées dans des violences politiques, des centaines ont été agressées, torturées, enlevées, violées, selon les organisations de défense des droits de l’homme. La police parle de 16 morts. Comme en 2000, lorsque la campagne pour les législatives de juin 2000 et les occupations des fermes de la minorité blanche par des anciens combattants de la guerre d’indépendance (1972-1979) avaient fait 32 morts, les victimes sont pour la plupart des opposants. Le MDC affirme que depuis sa création en septembre 1999, 107 de ses militants ont été assassinés par des partisans du parti pésidentiel, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). Parallèlement, le pouvoir a promulgué une loi sur la sécurité et l’ordre public qui empêche tout rassemblement politique sans autorisation préalable de la police. Ce texte a permis l’interdiction de bon nombre de meetings électoraux du MDC. Mercredi, le chef de l’État a imposé par décret une modification de la loi électorale, passant ainsi outre un jugement de la Cour suprême qui l’avait jugée illégale et anticonstitutionnelle. La loi donne aux seuls 22 000 fonctionnaires désignés par le gouvernement pour observer l’élection le pouvoir de dénoncer des fraudes, oblige les électeurs à justifier de leur présence dans le pays pendant les 12 mois précédant le scrutin et interdit aux Zimbabwéens de l’étranger de voter, à l’exception des diplomates et des militaires. Défenseurs des droits de l’homme et opposition craignent des fraudes massives, d’autant que les listes électorales n’avaient toujours pas été publiées à la veille du scrutin, permettant l’inscription à la dernière minute de nouveaux électeurs sympathisants du pouvoir, essentiellement dans les zones rurales. Le gouvernement harcèle également M. Tsvangirai, régulièrement interpellé sous des prétextes divers, et accusé de «trahison» par le pouvoir dans une sombre affaire de complot visant à assassiner le président Mugabe sur la foi d’allégations d’un ancien agent du Mossad israélien, proche du pouvoir. En dépit de la violence et de la répression, le besoin de changement semble le plus fort, les deux sondages réalisés depuis novembre 2001 donnant Morgan Tsvangirai vainqueur. Les Zimbabwéens sont dans leur écrasante majorité victimes d’une crise économique sans précédent qui les appauvrit de jour en jour: le taux d’inflation est proche des 120 %, celui du chômage tourne autour de 60 %, les pénuries alimentaires sont régulières et 75 % des 12,5 millions d’habitants vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté. Face à ce bilan désastreux pour un pays qui était autrefois «le grenier» de l’Afrique australe, Robert Mugabe mise à fond sur son programme de redistribution des terres des Blancs à des Noirs démunis et sur la fibre antibritannique et antiblancs pour tenter d’assurer sa réélection. Mais ses discours raciaux et sa politique répressive de plus en plus marquée valent au pouvoir zimbabwéen d’être mis à l’index par les États-Unis et l’Union européenne qui ont imposé des «sanctions ciblées» à son encontre. Ses voisins d’Afrique australe, qui l’ont soutenu lors d’un récent sommet du Commonwealth en Australie, ne cachent pas leur inquiétude, mais veulent encore croire à une «élection pacifique, libre et équitable». Quelque 5,6 millions d’électeurs sont inscrits pour l’élection qui se déroulera sur deux jours dans plus de 4 500 bureaux de vote et dont les résultats ne sont pas attendus avant le 12 ou le 13 mars, voire plus tard.
Les Zimbabwéens votent ce week-end pour élire leur président, un scrutin à haut risque pour l’actuel chef de l’État, Robert Mugabe, au pouvoir depuis 22 ans, qui affrontera le leader de l’opposition, Morgan Tsvangirai, après une campagne marquée par la violence. Cette élection représente le plus grand défi de la carrière politique de M. Mugabe, 78 ans, depuis l’indépendance du...
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