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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie - « Ankara devrait se rapprocher de la Russie et de l’Iran » Un général jette un pavé dans la mare

Un haut responsable militaire turc a accusé l’Union européenne (UE) d’adopter une «approche absolument négative» envers les problèmes de son pays et estimé que la Turquie devrait se rapprocher de la Russie et de l’Iran. Lorsqu’un général parle en Turquie, pays marqué par 3 coups d’États en 20 ans, il est pris au sérieux. A fortiori quand il s’agit du secrétaire général du puissant Conseil national de sécurité, par lequel les militaires pèsent sur la vie politique, et qu’il vilipende l’Union européenne. La déclaration du général Tuncer Kilinc a eu l’effet d’une minibombe politique. Il a beau eu préciser qu’il s’exprimait «à titre personnel», les analystes turcs peinaient à croire qu’une telle prise de position ait relevé de sa seule initiative. «La Turquie n’a pas reçu la moindre aide de l’UE concernant ses intérêts nationaux. Au contraire, elle (l’UE) a une approche absolument négative à l’égard de nos problèmes, c’est clair et net», a dit Tuncer Kilinc, secrétaire général du puissant Conseil national de sécurité (MGK). «Un scénario de cauchemar», a commenté le vice-Premier ministre chargé des Relations avec l’UE, Mesut Yilmaz, cité vendredi par la presse. Pourtant, le chef d’état-major, le général Huseyin Kivrikoglu, soulignait que l’adhésion de la Turquie à l’UE était une «obligation géopolitique» et que «les intérêts de la Turquie et de l’UE sont parallèles», dans le magazine de la défense et l’aviation à paraître ce week-end. Officiellement, l’armée turque, auteur de putschs en 1960, 1971 et 1980, est pour l’adhésion à l’UE. Mais les déclarations du général Kilinc offrent un tableau beaucoup plus ambigu. Elles reflètent aussi un débat qui divise le gouvernement. M. Yilmaz polémique depuis plusieurs semaines avec l’autre vice-Premier ministre de la coalition tripartite, l’ultranationaliste Devlet Bahceli, autour des réformes requises pour une adhésion, notamment l’abolition de la peine de mort et l’octroi de droits culturels aux Kurdes sous forme d’une télévision ou d’un enseignement dans leur langue. Le Premier ministre Bulent Ecevit est pour l’abolition de la peine capitale, mais contre un enseignement en kurde, craignant qu’il réveille les velléités séparatistes de ses quelque 12 millions de Kurdes. M. Bahceli s’oppose aussi à la suppression de la peine de mort car elle sauverait le chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, condamné à mort en 1999 pour les 15 ans de guérilla, de 1984 à 1999, de son parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) pour l’instauration d’un État kurde dans le sud-est anatolien. Le thème de l’incompréhension – voire de la mauvaise volonté délibérée – de l’UE face aux «sensibilités» et aux «intérêts nationaux et de sécurité» turcs est récurrent, mais s’aiguise à mesure que se rapproche l’échéance de mise en œuvre des réformes. Derniers exemples : le dépit turc que les Européens n’aient pas inclus dans leur liste d’organisations terroristes le PKK et le DHKP-C, groupuscule marxiste-léniniste auteur de nombreux attentats en Turquie, ou devant l’adoption fin février au Parlement européen d’une résolution demandant à Ankara de reconnaître le génocide arménien de 1915, que la Turquie dément catégoriquement. «La question n’est pas de savoir si l’Europe nous admettra, mais si nous sommes prêts à devenir Européens. Et cette année est critique pour la Turquie, car l’UE y annoncera à la fin sa vision de l’élargissement», relevait un éditorialiste du quotidien libéral Radikal. Il faisait allusion à un autre problème auquel la Turquie est confrontée : l’adhésion à l’UE programmée de Chypre, dont l’armée turque occupe le tiers nord, une division que les dirigeants des deux communautés –grecque et turque – de l’île tentent de régler par des négociations marathon à l’issue incertaine.
Un haut responsable militaire turc a accusé l’Union européenne (UE) d’adopter une «approche absolument négative» envers les problèmes de son pays et estimé que la Turquie devrait se rapprocher de la Russie et de l’Iran. Lorsqu’un général parle en Turquie, pays marqué par 3 coups d’États en 20 ans, il est pris au sérieux. A fortiori quand il s’agit du secrétaire général...