Actualités - CHRONOLOGIE
Trois grévistes de la faim refusent de s’alimenter depuis le 1er mars Entre deux prières, les détenus de Guantanamo s’inquiètent de leur avenir
le 09 mars 2002 à 00h00
«Ce qui les inquiète le plus, c’est de savoir ce qu’ils vont devenir», explique l’imam des prisonniers «afghans» de Guantanamo. Installés dans leur routine rythmée par les appels à la prière, ces détenus, arrivés pour certains il y a deux mois, ne savent toujours pas ce que l’avenir leur réserve. Il est 18h08 à Guantanamo, à l’extrême sud-est de l’île de Cuba. La nuit tombe sur le camp X-Ray. Quelque 300 détenus, talibans ou membres présumés d’el-Qaëda, se couvrent la tête d’un turban de fortune, s’asseyent ou s’agenouillent dans leur minuscule cellule grillagée en plein air. La dernière prière du jour va commencer. «Allah est grand, Mohammed est son prophète», déclame l’imam Abuhena Mohammad Saiful-Islam – un militaire américain – dont l’appel est répercuté par haut-parleur. Un panneau a été installé dans le camp, écrit en arabe, qui indique la direction de La Mecque. Les prisonniers répondent à voix haute à l’invitation à la prière. Certains ont couvert d’un drap leur tenue orange de prisonnier. L’obscurité gagne, la prière se termine. Brutalement, des néons s’éclairent, qui vont surveiller toute la nuit les prisonniers derrière leurs grillages. Et le silence s’installe. Les détenus ont dîné avant la prière, leur journée est terminée. L’imam Saiful-Islam est, dit-il, «le seul contact qu’ont ces prisonniers avec l’extérieur». Il connaît leurs inquiétudes et leurs peurs. «Cela dépend des jours. Parfois ils sont aimables avec moi et me parlent. Parfois ils sont tendus, tristes». Certains lui parlent «ouvertement de leurs croyances, de leurs convictions». Mais, dit-il, «ce qui les inquiète le plus est l’incertitude de leur avenir. Ils se demandent ce qu’ils vont devenir». Cette peur explique pour partie le mouvement de grève de la faim tournante entamé le 27 février et qui était toujours suivi vendredi par 21 détenus, dont trois refusent de s’alimenter depuis le 1er mars, selon les responsables du camp. Possibles rapatriements Depuis cette date, les autorités du camp ont permis aux prisonniers de porter un turban improvisé durant la prière – ce qu’ils réclamaient – et cherché à contenir l’inquiétude, sur la base des maigres informations dont ils disposent. Vendredi, deux mois après l’arrivée des premiers prisonniers le 11 janvier, le général Michael Lehnert, responsable de la base, leur a ainsi annoncé que certains seraient renvoyés chez eux. «Vous devez dire la vérité lors des interrogatoires, et seulement dans ce cas, si vous n’êtes pas coupables de crimes graves, vous pourrez rentrer chez vous», a-t-il déclaré dans un discours traduit en arabe. «Vous êtes ici parce que vous êtes soupçonnés d’être des talibans de haut rang ou des membres d’el-Qaëda», a expliqué le général. «Certains d’entre vous m’ont déclaré qu’ils étaient innocents», a-t-il ajouté, soulignant que son pays était «un État de droit». Le général a également demandé aux grévistes de la faim d’arrêter leur mouvement. «Ce n’est pas la solution», a-t-il dit. Il n’a donné aucune autre précision sur ces rapatriements éventuels ou sur l’avenir des prisonniers qui n’en bénéficieront pas. Mercredi, un responsable américain avait indiqué que les États-Unis détermineraient «au moment voulu qui sera poursuivi aux États-Unis et qui sera rapatrié dans son pays d’origine». «Nous sommes en train d’en apprendre plus sur qui nous détenons», avait expliqué à La Haye Pierre-Richard Prosper, ambassadeur des États-Unis pour les questions relatives aux crimes de guerre.
«Ce qui les inquiète le plus, c’est de savoir ce qu’ils vont devenir», explique l’imam des prisonniers «afghans» de Guantanamo. Installés dans leur routine rythmée par les appels à la prière, ces détenus, arrivés pour certains il y a deux mois, ne savent toujours pas ce que l’avenir leur réserve. Il est 18h08 à Guantanamo, à l’extrême sud-est de l’île de Cuba. La nuit tombe sur le camp X-Ray. Quelque 300 détenus, talibans ou membres présumés d’el-Qaëda, se couvrent la tête d’un turban de fortune, s’asseyent ou s’agenouillent dans leur minuscule cellule grillagée en plein air. La dernière prière du jour va commencer. «Allah est grand, Mohammed est son prophète», déclame l’imam Abuhena Mohammad Saiful-Islam – un militaire américain – dont l’appel est répercuté par haut-parleur. Un...