Actualités - CHRONOLOGIE
Campagne antiterroriste - Les combattants d’el-Qaëda sont pris au piège dans les montagnes d’Arma L’opération Anaconda durera plus longtemps que prévu
le 09 mars 2002 à 00h00
L’opération Anaconda, lancée le 2 mars par les forces alliées dans les montagnes de l’est de l’Afghanistan, va durer plus longtemps que prévu, estiment les experts, en raison du mauvais temps mais surtout de la résistance inattendue des combattants d’el-Qaëda. Le chef d’état-major des opérations de la coalition internationale en Afghanistan, le colonel américain Joe Smith, a cependant affirmé vendredi que les centaines d’islamistes retranchés dans les montagnes d’Arma, parmi lesquels figureraient des chefs d’el-Qaëda, étaient désormais pris au piège, avec pour seul choix de «se rendre ou être anéantis». Mais le nombre des «ennemis», qui avait été sous-estimé, leur combativité et les réserves en vivres et en armes dont ils disposent ont contraint les stratèges américains à réviser à la baisse leurs prévisions optimistes. Le mauvais temps qui s’est abattu sur la région va en outre compliquer la tâche des aviateurs américains et français qui pilonnaient depuis près d’une semaine la zone des combats, en appui aux offensives terrestres menées par quelque 2 000 soldats, dont la moitié sont des Américains. Selon des sources militaires à Paris, l’opération Anaconda, la plus vaste offensive lancée par la coalition antiterroriste depuis le début de la guerre en Afghanistan le 7 octobre 2001, va durer plus longtemps que prévu et ne devrait pas s’achever avant la semaine prochaine au plus tôt. Initialement, la coalition, dirigée par les États-Unis et à laquelle participent l’aviation française et des soldats d’élite de cinq autres pays (Allemagne, Australie, Canada, Danemark et Norvège), s’était fixé ce week-end comme date butoir. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a d’ailleurs admis jeudi que l’offensive «pourrait se terminer dans le courant de ce week-end ou la semaine prochaine». «Mais on ne peut pas être sûr», a-t-il ajouté, en soulignant que les adversaires de la coalition «n’avaient pas donné l’impression de vouloir se rendre». «Le mauvais temps va obliger à une pause dans les bombardements, et l’opération se poursuivra la semaine prochaine», a commenté à Paris un militaire ayant requis l’anonymat. La température a brusquement chuté vendredi dans la province du Paktia, où se déroulent les combats, tandis que les sommets des montagnes d’Arma étaient noyés dans des nuages annonciateurs de neige. Mais malgré ce retard, l’issue de l’offensive est inéluctable pour les responsables militaires américains, qui affirment avoir éliminé environ 500 islamistes depuis le 2 mars. Selon les estimations alliées, il en resterait encore environ un millier cachés dans de profondes grottes difficiles d’accès. «Nous avons porté un coup dur à l’ennemi. Nous avons désorganisé leurs lignes de défense. Nous avons clairement anéanti plus de la moitié de leurs forces et désorganisé leurs circuits d’approvisionnement», a affirmé vendredi le colonel Joe Smith, chef d’état-major des opérations de la coalition. En prévision de l’offensive finale, les États-Unis ont dépêché de nouveaux renforts en hommes et en matériel dans le Paktia, tandis que le gouvernement intérimaire afghan a décidé de son côté l’envoi d’un millier d’hommes, en majorité tadjiks, et de blindés. Les premiers éléments du contingent afghan sont arrivés vendredi après-midi à proximité de Gardez. Des cibles de « haut niveau » Mais l’armée américaine a appris à ses dépens que son adversaire avait des ressources insoupçonnées et qu’il était beaucoup plus coriace que ce qu’elle avait pensé au départ. Huit soldats américains ont été tués depuis le 2 mars, dont sept au cours d’attaques contre des hélicoptères, pour la première fois depuis le début du conflit en Afghanistan. Selon une source militaire à Paris, les membres d’el-Qaëda tirent des missiles sol-air depuis les crêtes contre des appareils de la coalition et utilisent même des lance-roquettes antichars pour toucher les hélicoptères. «Ce sont des combattants étrangers qui n’ont rien à perdre, qui ont des stocks considérables de vivres et d’armements», a ajouté cette source. Ils profitent de la proximité de la frontière pakistanaise pour circuler apparemment à leur guise entre les deux pays «dans une sorte de zone grise», empruntant, le plus souvent de nuit, les innombrables chemins de montagne autrefois utilisés par les trafiquants de tout poil. Au cours des deux dernières nuits, les forces de la coalition ont observé, grâce aux drones et aux avions de reconnaissance, des «exfiltrations» de combattants hors des zones de combat, a indiqué cette source militaire. Au Pakistan voisin, un porte-parole militaire a toutefois affirmé vendredi que la frontière était étroitement surveillée pour empêcher le passage éventuel d’islamistes en provenance d’Afghanistan. Selon le colonel Smith, des documents retrouvés dans des grottes abandonnées par el-Qaëda indiquent la présence de cibles «de haut niveau» parmi ces combattants. «L’essentiel de ce que nous révèlent les documents est que nous avons affaire au noyau dur de l’ennemi que nous recherchons», a-t-il dit, sans évoquer spécifiquement l’éventuelle présence d’Oussama Ben Laden, instigateur présumé des attentats qui ont fait plus de 3 000 morts et disparus le 11 septembre 2001 aux États-Unis. À Téhéran, l’ex-président iranien Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani a mis en garde vendredi les États-Unis contre «une guerre de résistance contre l’occupation étrangère» en Afghanistan. «Tous les jours il y a des actions contre les Américains en Afghanistan, mais ils n’en parlent pas», a dit M. Rafsandjani lors de la prière hebdomadaire du vendredi. Il a également accusé implicitement le gouvernement intérimaire afghan d’être «proaméricain». L’Iran a été classé parmi les trois pays de «l’axe du mal», aux côtés de l’Irak et de la Corée du Nord, par le président américain George W. Bush.
L’opération Anaconda, lancée le 2 mars par les forces alliées dans les montagnes de l’est de l’Afghanistan, va durer plus longtemps que prévu, estiment les experts, en raison du mauvais temps mais surtout de la résistance inattendue des combattants d’el-Qaëda. Le chef d’état-major des opérations de la coalition internationale en Afghanistan, le colonel américain Joe Smith, a cependant affirmé vendredi que les centaines d’islamistes retranchés dans les montagnes d’Arma, parmi lesquels figureraient des chefs d’el-Qaëda, étaient désormais pris au piège, avec pour seul choix de «se rendre ou être anéantis». Mais le nombre des «ennemis», qui avait été sous-estimé, leur combativité et les réserves en vivres et en armes dont ils disposent ont contraint les stratèges américains à réviser à la baisse...
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