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PATRIMOINE - Bientôt la fin d’une profession qui fait rêver petits et grands Gardien de phare automatique
le 06 mars 2002 à 00h00
Pareil à un colosse surplombant la mer, il illumine les nuits des marins et rythme encore de manière nostalgique la vie à terre : le phare de l’île Vierge dans le Finistère, un département de l’ouest de la France et l’un des six derniers habités du pays, fête ses cent ans. Le 1er mars 1902, la haute tourelle de pierres de taille de 80 m 50, un record en Europe, s’allumait pour la première fois, balayant l’horizon de son faisceau, à l’aplomb de son île de lande et de granit rongé par les vents et les embruns en face du village de Plouguerneau (Finistère). Le phare succédait à une plus petite tour de 33 mètres de hauteur, construite sur l’île en 1845 mais jugée insuffisante. D’une portée d’environ 50 kilomètres, il devait combler un vide laissé entre deux autres grands phares, le Créac’h à Ouessant (Finistère) et les Roches Douvres au large de Saint-Brieuc (département des Côtes-d’Armor). Il fonctionnait alors au pétrole, sous l’étroite surveillance de son premier gardien, maître des lieux dans sa tour de Babel après en avoir franchi les 397 marches. Le week-end dernier, les habitants de la région ont fêté l’anniversaire avec émotion, l’occasion voulant qu’une grande marée (coefficient 115) permette à ceux qui le souhaitaient de se rendre à pied à l’île Vierge, habitée au XVe siècle par des moines cordeliers. À la tombée de la nuit, d’autres se sont rassemblés à la pointe de Kastell Ac’h, près d’un buste de Victor Hugo sculpté à même le granit par un artiste inspiré. Avant de célébrer l’événement plus largement en juillet prochain, l’Ecomusée de Plouguerneau avait organisé une balade nocturne des phares et balises à terre après avoir commenté «l’allumage en direct» avec deux des actuels gardiens du phare. Aujourd’hui, relevés toutes les semaines par deux autres collègues, ils veillent encore en permanence à bord de l’édifice centenaire, sans toutefois devoir grimper l’escalier en colimaçon qui s’étire telle une ellipse vers le sommet à l’intérieur de la tour tapissée de 12 500 plaques d’opaline d’un bleu pâle irisé. Allumage automatique Le phare s’allume automatiquement mais les hommes assurent la veille. Ils vérifient que l’ensemble des bouées et phares alentours fonctionnent, actionnent la corne de brume en cas de brouillard et donnent l’alerte en cas d’incident à proximité. «C’est la liberté, l’autonomie, le calme et la beauté. La vie est rythmée par ce paysage splendide», commente tout sourire Jean Prigent, 43 ans, gardien de phare depuis vingt-quatre ans. «Lorsque je vois les lumières s’allumer sur la côte, je pense aux terriens. Je veille sur leurs nuits, à eux de prendre la relève du jour», ajoute-t-il, comme en écho à l’allumeur de réverbères du Petit Prince de Saint-Exupéry. Il ne reste aujourd’hui que cinq autres phares habités en France : Chausey, les Sept Îles, Kéréon, Cordouan et la Chiapa. En 1990, on comptait encore 350 gardiens de phares. Il n’en reste plus que 24, selon le service des phares et balises, qui veille sur 140 phares en France dont 51 en Bretagne auxquels s’ajoutent 5 400 bouées, balises et tourelles ou autres appareils d’aide à la navigation. Lorsqu’on interroge les gardiens de l’île Vierge sur l’avenir, ils «ne veulent pas y penser». L’entretien des phares s’avère onéreux et les nouveaux systèmes de navigation risquent de sonner tôt ou tard le glas de ce patrimoine maritime qui fait encore rêver petits et grands.
Pareil à un colosse surplombant la mer, il illumine les nuits des marins et rythme encore de manière nostalgique la vie à terre : le phare de l’île Vierge dans le Finistère, un département de l’ouest de la France et l’un des six derniers habités du pays, fête ses cent ans. Le 1er mars 1902, la haute tourelle de pierres de taille de 80 m 50, un record en Europe, s’allumait pour la...
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