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Actualités - REPORTAGE

Internet – Les nouvelles techniques graphiques sur la sellette Les progrès du Web, un danger pour les internautes aveugles

Un siècle après l’invention du braille, les non-voyants ont jeté leur dévolu sur Internet, qui leur permet d’accéder à l’information sans l’aide des voyants, mais les progrès d’un Web de plus en plus graphique ne sont pas forcément matière à réjouissance pour cette communauté. On estime que 80 à 90 % des sites Web français ne sont pas accessibles aux aveugles. Aux États-Unis, une loi fédérale impose depuis peu à tous les sites publics d’être entièrement accessibles à tous. En France, le gouvernement a adopté un décret en octobre 1999, demandant l’amélioration de l’accessibilité des sites publics aux handicapés. Mais dans le privé, rien n’est obligatoire. BrailleNet, une association créée en 1997 avec pour principe fondateur «une meilleure intégration des personnes handicapées visuelles», a inventé un Observatoire du Web listant bons et mauvais élèves. L’évaluation est faite par dix experts, qui accordent des étoiles aux sites de journaux, d’administrations ou de commerce électronique. «Personne n’a quatre étoiles», admet Sylvie Duchateau, qui travaille pour la cellule accessibilité de BrailleNet. «Certains sites font de leur mieux, mais c’est comme à l’école, il est très rare d’avoir 20 sur 20», ajoute-t-elle. Parmi les bons élèves, on retrouve pêle-mêle les sites de l’ANPE, de Radio France et de l’AGEFIPH, qui gère les fonds pour l’insertion des handicapés. Le ministère français des Finances a du pain sur la planche. Son site sur le passage à l’euro a été choisi par BrailleNet comme site du mois. Ne respectant pas plusieurs critères, il n’a obtenu qu’une seule étoile. Le World Wide Web Consortium (W3C), un organisme qui s’est fixé pour but d’améliorer le potentiel de l’Internet, a émis une série de recommandations regroupées au sein de la Web Accessibility Initiative (WAI), à appliquer pour rendre son site accessible. Principales cibles : les Webmasters, qui doivent offrir des alternatives textuelles, des sortes de petites légendes pour les éléments graphiques qu’ils intègrent à leur site et qui seront lues par les appareils adaptés aux surfeurs non-voyants. «Aujourd’hui, le défi, c’est la sensibilisation des gens qui font les sites Web, ceux qui paient et ceux qui créent», souligne Olga Faure-Olory, rédactrice en chef de l’Agrandi, un journal imprimé en gros caractères pour les malvoyants. «Certains n’ont jamais entendu parler d’accessibilité, d’autres pensent que c’est trop cher. Mais petit à petit, les grands noms de l’informatique s’y mettent», ajoute-t-elle. «Un 100 mètres contre Marion Jones» Aveugles et malvoyants ont à leur disposition plusieurs outils pour utiliser l’Internet, selon s’ils lisent ou non le braille. Seule une minorité a appris ce langage inventé au milieu du XIXe siècle en France – entre 15 et 30 % de la communauté non-voyante, selon les estimations. Pour eux, des terminaux retranscrivent les données numériques trouvées sur les pages Web sur une «plage braille» en picots. Les autres ont recours à un logiciel de synthèse vocale qui lit le contenu au fur et à mesure que la souris progresse sur les pages. Tous doivent utiliser un navigateur adapté, capable de distinguer les éléments multimédia du texte, comme Braillesurf ou Lynx. Selon une enquête réalisée par l’association française Handicap Zéro, la communauté des malvoyants et non-voyants est mieux équipée en ordinateurs que le reste des Français. Malgré le prix élevé des équipements adaptés, 52 % des déficients visuels interrogés utilisent un équipement informatique contre un Français sur trois, selon les données de l’INSEE. De plus, 9 % d’entre eux naviguent sur l’Internet régulièrement contre 7 % en moyenne. Or pour attirer l’internaute, les sites jouent aujourd’hui la surenchère visuelle. Les Webmasters utilisent de plus en plus d’éléments graphiques, à la recherche d’un «Web convivial». Pour les non-voyants, cette débauche graphique peut tout simplement signifier qu’ils ne peuvent rien lire du tout sur un site, notamment ceux utilisant la technologie Flash, qui permet d’ajouter des éléments animés sur les pages. Flashgo, le lecteur multicartes Les lecteurs de musique mp3, les appareils photo numériques, les ordinateurs portables utilisent de plus en plus de petites cartes mémoire de stockage amovibles. Malheureusement, on s’y perd car il y a plusieurs formats. Voici le premier lecteur, le Flashgo, qui les accepte toutes sans exception. Il se branche sur le port USB de votre ordinateur portable ou fixe, Mac ou PC. Le contenu de chaque carte est donc facilement accessible, modifiable ou récupérable. Fabriqué par Imation, il est commercialisé 90 euros en Europe.
Un siècle après l’invention du braille, les non-voyants ont jeté leur dévolu sur Internet, qui leur permet d’accéder à l’information sans l’aide des voyants, mais les progrès d’un Web de plus en plus graphique ne sont pas forcément matière à réjouissance pour cette communauté. On estime que 80 à 90 % des sites Web français ne sont pas accessibles aux aveugles. Aux États-Unis, une loi fédérale impose depuis peu à tous les sites publics d’être entièrement accessibles à tous. En France, le gouvernement a adopté un décret en octobre 1999, demandant l’amélioration de l’accessibilité des sites publics aux handicapés. Mais dans le privé, rien n’est obligatoire. BrailleNet, une association créée en 1997 avec pour principe fondateur «une meilleure intégration des personnes handicapées visuelles»,...