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Actualités - CHRONOLOGIE

Italie - Tourmente au sein de la coalition de droite Berlusconi sacrifie l’Europe pour la xénophobe Ligue du Nord(PHOTO)

Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a sacrifié l’Europe sur l’autel de son alliance politique interne avec Umberto Bossi, le leader de la Ligue du Nord, parti xénophobe et antieuropéen, provoquant une fracture avec les centristes de sa coalition. Le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, européen convaincu, a convoqué hier le chef du gouvernement pour une clarification de sa position à quelques jours du sommet européen de Barcelone. «Les axes fondamentaux de la politique européenne de l’Italie ont été réaffirmés», a annoncé le chef de l’État dans un communiqué publié à l’issue de cette rencontre. Umberto Bossi avait multiplié les attaques contre l’Europe «qui met en péril nos libertés» à l’occasion du 4e congrès de son mouvement samedi et dimanche à Milan, la qualifiant de «nouveau fascisme» et de «construction stalinienne». Invités à ce congrès, Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini, leader de l’Alliance nationale (post-fasciste) et représentant de l’Italie à la Convention sur l’avenir de l’Europe, n’ont rien trouvé à redire à cette vision de l’Union européenne. Le président du Conseil a pris conscience lundi du séisme provoqué par les attaques d’Umberto Bossi contre l’Europe et s’est employé à les minimiser. «Vous connaissez le langage riche en couleur d’Umberto, a déclaré M. Berlusconi, comme toujours, le bon sens nous fera toujours trouver une position commune». Mais les centristes, proeuropéens, exigent une clarification et ont menacé d’une rupture dans le cas contraire. «Si la politique européenne devait être un sujet de fracture, il n’y aurait pas de solution», a affirmé le leader du Centre des chrétiens démocrates (Ccd) Marco Follini. «Sans l’Europe, l’Italie restera en retrait (...) Il n’y a pas d’espace aujourd’hui pour les brusques coups de frein au nom d’une imaginaire identité sans passé et sans futur», a mis en garde le président centriste de la Chambre des députés, Pier Ferdinando Casini, au cours d’un colloque sur l’Italie et l’Europe organisé par la revue de géopolitique Limes. Et l’ancien chef de la diplomatie italienne, Renato Ruggiero, est sorti hier du silence qu’il s’était imposé après son départ du gouvernement le 5 janvier. «Je crois que le vrai motif de mon départ est désormais clair. Si je ne l’avais pas fait à l’époque, j’aurais dû le faire aujourd’hui face aux monstruosités de Bossi», a-t-il déclaré. L’engagement européen affiché par Silvio Berlusconi en début d’année dans un discours devant le Parlement est quotidiennement remis en question par les prises de position eurosceptiques des principaux membres de son gouvernement. Ce combat contre l’Europe va à contre-courant du sentiment de l’opinion publique italienne, estime le politologue Ilvo Diamanti. «Au cours des six derniers mois, après une phase de désenchantement, on constate un retour de la confiance des Italiens en l’Europe. Mais c’est plus de l’euro-réalisme que de l’euro-enthousiasme», explique le politologue. «Le paradoxe est que l’Italie, pays euro-convaincu, apparaît aujourd’hui comme le plus eurosceptique», constate Ilvo Diamanti. Silvio Berlusconi a donné dimanche l’explication de sa position. «Si nous restons ensemble, nous serons invincibles», a-t-il lancé à Umberto Bossi, scellant sur le dos de l’Europe une alliance politique pour les prochaines élections administratives partielles de mai. «Je consacrais jusqu’à présent les lundis soir à l’amour, à ma femme. J’ai décidé de changer mes habitudes et de les consacrer maintenant à Umberto», a-t-il ajouté sous forme de boutade. Une sortie révélatrice car M. Berlusconi n’a pas oublié sa chute en 1994 à la suite de la rupture avec la Ligue et sous la pression des syndicats. Or, actuellement, les trois syndicats majeurs menacent le gouvernement d’une grève générale sur la réforme du statut des travailleurs.
Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a sacrifié l’Europe sur l’autel de son alliance politique interne avec Umberto Bossi, le leader de la Ligue du Nord, parti xénophobe et antieuropéen, provoquant une fracture avec les centristes de sa coalition. Le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, européen convaincu, a convoqué hier le chef du gouvernement pour une...