Actualités - CHRONOLOGIE
États-Unis - 10 % du clergé de l’archevêché de Boston accusés d’agressions sexuelles Les cas de pédophilie ébranlent l’Église catholique américaine
le 06 mars 2002 à 00h00
La récente condamnation pour pédophilie d’un ancien prêtre à Boston, suivie d’une avalanche de révélations, a entraîné la mise en accusation de l’Église catholique américaine, soupçonnée d’avoir pendant des décennies gardé le silence sur les agissements de prêtres pédophiles. Le 21 février John Geoghan, 66 ans, suspendu en 1994 et défroqué par Rome en 1998, est condamné à dix ans de prison pour agression sexuelle sur un petit garçon. Les avocats de dizaines d’autres plaignants estiment aux environs de 130 le nombre de ses victimes. Quelques semaines auparavant, le Boston Globe avait révélé que l’archevêché de Boston connaissait de longue date les antécédents pédophiles de John Geoghan, ce qui ne l’avait pas empêché de le nommer au fil des ans d’une paroisse à l’autre. Soumis à une intense pression de la part des paroissiens mais aussi de la justice, le cardinal de Boston, Mgr Bernard Law, a accepté de communiquer au procureur de la ville la liste des prêtres, toujours actifs ou à la retraite, accusés d’agressions sexuelles envers des enfants : elle comprend 90 noms, soit 10 % des membres du clergé de l’archevêché. Les enquêteurs ont ensuite obtenu communication de la liste des victimes, dont certaines étaient au fil des ans parvenues à des arrangements financiers avec l’archevêché en échange d’un renoncement à des poursuites. «L’archevêché de Boston continuera de coopérer avec les autorités en leur fournissant les informations sur des accusations présentes ou passées d’agressions sexuelles sur des mineurs par des membres du clergé», a assuré le 1er mars la porte-parole de Mgr Law, Donna Morrissey. « Crimes en col noir » Dans tout le pays, les affaires de pédophilie mettant en cause le clergé catholique se propagent comme un feu de brousse, au point que la semaine dernière l’hebdomadaire Newsweek leur a consacré la une de son édition nationale, sous le titre «Sexe, honte et l’Église catholique». À Saint-Louis (Missouri), l’archevêché a annoncé dimanche la suspension de deux prêtres soupçonnés d’agissements pédophiles. La semaine dernière, même chose pour des membres du clergé catholique en Pennsylvanie, avec des excuses publiques de la part de l’archevêque à l’intention de dizaines de victimes. Le Los Angeles Time a rapporté lundi que six à douze prêtres, accusés dans le passé d’actes pédophiles, avaient été priés de «quitter leurs paroisses ou de prendre leur retraite». «Boston a déclenché une alerte rouge» dans le reste des États-Unis, a déclaré une source ecclésiastique au journal, sous le couvert de l’anonymat. Des anciens enfants de chœur ou écoliers dans des établissements religieux brisent des années de silence et témoignent à visage découvert. Une association basée à Chicago, Linkup, rassemble depuis 1991 des «survivants d’abus commis par le clergé», qu’elle baptise «Crimes en col noir» et édite une lettre confidentielle, baptisée «The missing link» (Le chaînon manquant). «Les recherches effectuées montrent que ces crimes concernent de 3 à 10 % des membres du clergé», accuse son président, Tom Economus. «Ces recherches démontrent qu’au cours de sa vie, chaque pédophile agresse en moyenne 265 victimes». Pour tenter d’allumer un contre-feu, le président de la conférence épiscopale américaine, l’évêque Wilton Gregory, a exprimé le 19 février dans un communiqué sa «profonde tristesse que certains de nos prêtres se soient rendus coupables de ces abus». «Nous sommes confiants dans le fait que le nombre de prêtres impliqués dans de telles activités criminelles est faible», poursuit-il, «mais les dommages causés sont incommensurables (...). Nous allons continuer de nous excuser auprès des victimes et de leurs parents pour cet échec dans nos responsabilités pastorales».
La récente condamnation pour pédophilie d’un ancien prêtre à Boston, suivie d’une avalanche de révélations, a entraîné la mise en accusation de l’Église catholique américaine, soupçonnée d’avoir pendant des décennies gardé le silence sur les agissements de prêtres pédophiles. Le 21 février John Geoghan, 66 ans, suspendu en 1994 et défroqué par Rome en 1998, est condamné à dix ans de prison pour agression sexuelle sur un petit garçon. Les avocats de dizaines d’autres plaignants estiment aux environs de 130 le nombre de ses victimes. Quelques semaines auparavant, le Boston Globe avait révélé que l’archevêché de Boston connaissait de longue date les antécédents pédophiles de John Geoghan, ce qui ne l’avait pas empêché de le nommer au fil des ans d’une paroisse à l’autre. Soumis à une...