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Actualités - ANALYSE

FINANCES - Hausse des taux d’intérêt sur le marché secondaire des eurobonds L’État émet un emprunt d’un milliard de dollars souscrit par la BDL

Le ministère des Finances a annoncé hier soir avoir émis un emprunt obligataire d’un milliard de dollars qui a été entièrement souscrit par la Banque du Liban. L’opération a servi à remplacer une partie des bons du Trésor libellés en livres détenus par la Banque centrale par des eurobonds en dollars dont le coût est inférieur. Concrètement le montant total de la dette publique est resté inchangé. Mais la créance de la BDL porte désormais sur des obligations arrivant à échéance en mars 2005 dont le rendement est de 10,25 %. Auparavant, 86 % des bons du Trésor qu’elle détenait avaient une maturité de deux ans et un rendement de 14,14 %. Les obligations nouvellement émises sont cotées à la Bourse du Luxembourg. L’opération, qui a été conjointement gérée par BNP-Paribas et Morgan Stanley, sert donc à restructurer une partie de la dette de l’État en diminuant son coût et allongeant son échéance. Cette transaction, qui a pris les milieux financiers par surprise, intervient alors que ceux-ci s’interrogent sur la façon dont l’État va assurer son financement en 2002. Le besoin de financement pour cette année s’élève à environ trois milliards de dollars. Jusque-là, le gouvernement trouvait des fonds en procédant à des émissions obligataires en devises, appelées eurobonds. Bien que majoritairement souscrits par des banques libanaises qui acceptent une rémunération du risque inférieure à ce que demanderaient des investisseurs étrangers, ces emprunts coûtent cher à l’État. Or, le seul moyen pour le gouvernement de sortir du cercle vicieux de l’endettement est de parvenir à réduire le service de la dette. La tâche est particulièrement difficile étant donné la détérioration continue de la situation financière du pays qui se traduit par des pressions à la hausse sur les taux d’intérêt. Ainsi, le marché secondaire des eurobonds est-il le théâtre depuis un peu moins d’un mois d’une hausse substantielle des taux d’intérêt qui rend d’autant plus délicat le lancement d’une nouvelle émission obligataire. Les eurobonds à long terme subissent la décote la plus importante. L’obligation de la République libanaise arrivant à échéance en 2009 est par exemple cotée entre 80 et 90 dollars, alors qu’elle a été émise à 100. Cette décote de 10 à 20 % se traduit par une augmentation des taux d’intérêt. Par exemple, si l’obligation à échéance 2009 émise avec un coupon de 10,14 % se traite à 84 dollars, cela veut dire que le taux d’intérêt est passé à 13,70 %, soit une hausse de plus de 3,5 points. Cette situation signifie que l’offre est plus forte que la demande sur le marché secondaire des eurobonds souverains. En revanche, une certaine stabilité règne sur le marché secondaire des obligations bancaires (Blom, Audi, Byblos). En fait, les trois quarts du portefeuille des eurobonds qui sont sur le marché (7,5 milliards de dollars au total) sont entre les mains de banques libanaises qui n’ont pas intérêt à vendre leurs obligations avec une telle décote, à moins qu’elles soient à court de liquidités en devises. La chute des cours résulte plus probablement d’ordres de ventes émanant des rares détenteurs étrangers (investisseurs arabes ou européens) qui détiennent 5 à 10 % des eurobonds sur le marché. La faiblesse du volume des transactions sur le marché secondaire plaide pour cette hypothèse. «Les transactions portent sur quelques millions de dollars alors que les détenteurs de centaines de millions ne sont pas prêts à vendre à un tel prix», dit un banquier. «Le problème c’est qu’ils n’achètent pas non plus pour soutenir les cours», ajoute-t-il. Les banques libanaises qui ont largement bénéficié jusqu’ici de la politique monétaire généreuse de l’État renâclent aujourd’hui à satisfaire aveuglément les besoins de financement du pays. Plusieurs banquiers ont déjà tiré la sonnette d’alarme en réclamant des mesures urgentes de redressement des finances publiques. Lors de la dernière émission d’eurobonds, qui portait pourtant sur un montant relativement faible (250 millions de dollars), l’État a eu le plus grand mal à trouver des souscripteurs. Comment, dans ces conditions, réussira-t-il à lever trois milliards de dollars cette année ? Les banques expliquent qu’elles sont disposées à assurer une partie de ce financement à condition que le reste provienne d’autres sources, comme les privatisations par exemple. Sinon, le gouvernement sera contraint de recourir à nouveau aux bons du Trésor libellés en livres, dont le coût est plus élevé. Ces bons intéressent de moins en moins les investisseurs et c’est la Banque du Liban qui s’est trouvée obligée, par défaut, d’y souscrire. Le phénomène a un nom : le financement par la création monétaire. Hier, le ministère des Finances a fait preuve d’imagination en demandant à la BDL de lui prêter des dollars. Mais il est bien évident que, pour prêter des devises, la Banque centrale doit les trouver dans ses réserves, qui ne sont pas inépuisables. Sibylle RIZK
Le ministère des Finances a annoncé hier soir avoir émis un emprunt obligataire d’un milliard de dollars qui a été entièrement souscrit par la Banque du Liban. L’opération a servi à remplacer une partie des bons du Trésor libellés en livres détenus par la Banque centrale par des eurobonds en dollars dont le coût est inférieur. Concrètement le montant total de la dette publique est resté inchangé. Mais la créance de la BDL porte désormais sur des obligations arrivant à échéance en mars 2005 dont le rendement est de 10,25 %. Auparavant, 86 % des bons du Trésor qu’elle détenait avaient une maturité de deux ans et un rendement de 14,14 %. Les obligations nouvellement émises sont cotées à la Bourse du Luxembourg. L’opération, qui a été conjointement gérée par BNP-Paribas et Morgan Stanley, sert donc à...