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ZIMBABWE - Victoire de Mugabe sur Blair au sommet du Commonwealth L’Afrique noire unie pour empêcher « les nez roses » de se mêler de ses affaires (photo)
le 05 mars 2002 à 00h00
L’absence de décision du Commonwealth sur le Zimbabwe avant le scrutin présidentiel remet en question la crédibilité de cette organisation de 54 États, quelle que soit la manière dont les dirigeants présentent la résolution à laquelle ils sont parvenus. Le résultat, c’est une défaite amère pour la Grande-Bretagne et un succès pour les nations de l’Afrique noire qui sont parvenues à faire bloc derrière le chef marxiste vieillissant Robert Mugabe pour empêcher «les nez roses» de venir se mêler de leurs affaires. Mais de manière plus significative, l’échec de la conférence au sommet du Commonwealth de sanctionner le Zimbabwe en raison des violences qui entachent sa campagne électorale en vue du scrutin présidentiel des 9 et 10 mars constitue une victoire pour Robert Mugabe qui a obtenu exactement ce qu’il désirait. Simultanément, il apparaît comme celui qui a ouvert une brêche profonde entre les nations blanches du Commonwealth et les États africains. Habilement, il a choisi de s’abstenir de venir à ce sommet, préférant se terrer à Harare pour repousser le plus important défi politique auquel il ait dû faire face sur la scène internationale, où il est accusé de fausser les élections. En revanche, il a envoyé à sa place son ministre des Affaires étrangères, Stan Mudenge, tout en réussissant à contrer à la fois la Grande-Bretagne et l’Australie qui avaient officiellement exigé la suspension du Zimbabwe du Commonwealth. Au lieu de cela, les dirigeants ont décidé de mettre en place une commission ad hoc de trois membres formée par le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Australie chargée de prendre une décision à la lumière du rapport que feront les observateurs du Commonwealth sur le déroulement du scrutin. Deux jours avant le début du sommet, M. Mugabe avait de manière sarcastique demandé au Premier ministre britannique Tony Blair de garder «son nez rose hors de nos affaires», reprenant ainsi les thèmes de sa propagande pour ceux qui n’en auraient pas tenu compte. De son point de vue, l’affaire du Zimbabwe constitue un combat entre Noirs et Blancs ayant ses racines dans la répartition des terres et alimenté par le racisme britannique néo-colonialiste qui s’appuie sur ses anciennes colonies blanches et riches, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, le Canada. La Grande-Bretagne et ses alliés ne doivent pas se mêler des affaires du Zimbabwe, a-t-il affirmé. Les autres dirigeants africains ont approuvé. Le président de Tanzanie, Benjamin Mpaka, a affirmé que les pays du Commonwealth n’avaient pas le droit de s’immiscer dans le droit souverain de voter des Zimbabwéens à leurs élections. «J’espère que nous n’allons pas émettre un jugement avant que nous ayons le résultat», a-t-il dit. Et pourtant, il y a des preuves flagrantes que l’état de droit n’existe plus au Zimbabwe, ne serait-ce que dans le fait qu’en deux années plus de 100 partisans de l’opposition ont été tués. Des milliers ont été torturés, violés, détenus arbitrairement ou enlevés pour ne plus réapparaître, affirment les observateurs et les organisations de défense des droits de l’homme. Robert Mugabe a même promulgué de nouvelles lois qui contournent les directives d’un organisme pour le développement de l’Afrique australe (Sadac) dont l’objectif est d’encourager la tenue d’élections libres et justes, affirment ses opposants politiques. Le parti d’opposition du Zimbabwe, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a condamné hier la décision du Commonwealth. «C’est un feu vert pour lui (Mugabe) pour continuer comme il l’a fait jusqu’à présent, sans protection du Commonwealth pour le peuple du Zimbabwe», a déclaré une porte-parole du MDC, Sekai Holland, présente à Coolum. «Nous sommes venus au sommet du Commonwealth en espérant une action de sa part et tout ce que nous obtenons, ce sont des mots qui confortent Mugabe. Cela va conduire à de nouvelles violences», a-t-elle souligné. Le Premier ministre australien John Howard a reconnu samedi : «Cela n’a pas été un sujet facile». Il a cependant jugé que la déclaration adoptée par le sommet fournissait «un mécanisme rapide, mais un mécanisme équitable» pour faire face au problème.
L’absence de décision du Commonwealth sur le Zimbabwe avant le scrutin présidentiel remet en question la crédibilité de cette organisation de 54 États, quelle que soit la manière dont les dirigeants présentent la résolution à laquelle ils sont parvenus. Le résultat, c’est une défaite amère pour la Grande-Bretagne et un succès pour les nations de l’Afrique noire qui sont...
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