Actualités - CHRONOLOGIE
Madagascar - Installation en douceur des « ministres » de Ravalomanana L’armée laisse le champ libre aux opposants
le 05 mars 2002 à 00h00
Quatre «ministres» du gouvernement parallèle formé par le maire d’Antananarivo, Marc Ravalomanana, se sont installés pacifiquement hier matin dans leurs ministères à Antananarivo, malgré la présence de l’armée. Des militaires lourdement armés, ovationnés par des dizaines de milliers de manifestants, ont laissé passer les «ministres» de l’Énergie, Élysé Razaka, de l’Industrie, David Rajaona, et de l’Information, Eric Beantana, nommés par Marc Ravalomanana. Le maire de la capitale s’est autoproclamé le 22 février président de Madagascar après avoir refusé de participer au second tour de l’élection présidentielle qu’il estime avoir remportée en décembre au premier tour. Le «ministre» des Finances et «vice-président» Narisoa Rajaonarivony n’a trouvé aucun soldat devant le ministère où il s’est installé dans le bureau ministériel. À chaque ministère, le scénario est le même. Le gouvernement parallèle au grand complet, mené par le «Premier ministre» Jacques Sylla, marche en tête d’une procession de manifestants chantant et dansant. Devant chaque bâtiment, la foule s’assoit et entonne des cantiques. Des huissiers entrent dans le ministère pour établir un état des lieux, puis les soldats s’écartent, laissant passer le «Premier ministre» qui installe le «ministre» dans son bureau. Les fonctionnaires, en grève générale depuis le 28 janvier, entrent à leur tour dans les bureaux. «On va d’abord avoir une conférence avec le ministre, puis on va reprendre le travail», explique l’un d’entre eux. Puis le «Premier ministre» demande à la foule d’ovationner les militaires présents, dont certains répondent d’un geste de la main. «C’est une étape extrêmement importante», a déclaré M. Sylla. «À partir de maintenant, les choses vont aller très vite. Je vais installer mes ministres un par un, mais nous ne pourrons peut-être pas tout faire aujourd’hui», a-t-il ajouté. Concernant l’attitude des militaires, il a estimé que «ceux qui hésitaient au sein de l’armée vont nous rejoindre». «Nous avons reçu l’ordre d’éviter les violences et les dégradations», a expliqué le commandant d’une unité gardant un ministère. «L’armée est neutre. Nous obéissons à nos chefs», a-t-il ajouté, tout en indiquant que ses hommes ne tireraient pas sur la foule si l’ordre leur en était donné. Le président, Didier Ratsiraka, a décrété vendredi la loi martiale à Antananarivo, mais celle-ci n’a pu entrer en application en raison de la présence massive dans la capitale de partisans de M. Ravalomanana. «C’est fou, le pouvoir appartient au peuple», s’exclame un jeune homme fou de joie, dansant devant le ministère de l’Information. «Aujourd’hui, c’est bien la fin du régime héréditaire de Ratsiraka», se réjouit un homme d’une cinquantaine d’années. «On a gagné», crie à pleins poumons une vieille femme. «Le peuple a pris le pouvoir. Vous n’avez plus le pouvoir, alors ayez la sagesse de le quitter», lance-t-elle à l’adresse du président Didier Ratsiraka. Pour compléter son «gouvernement», M. Ravalomanana a nommé hier lundi un général de gendarmerie «ministre» de la Défense, en présence de plusieurs officiers supérieurs. «À partir de maintenant, je n’obéirai plus qu’aux ordres du président Ravalomanana», a déclaré le général de division Jules Mamizara lors d’une cérémonie à l’hôtel de ville. «Nous allons d’abord mettre de l’ordre au sein des forces armées, car beaucoup de nos amis ne sont pas encore très convaincus, mais la majorité des forces armées pense comme nous», a-t-il ajouté.
Quatre «ministres» du gouvernement parallèle formé par le maire d’Antananarivo, Marc Ravalomanana, se sont installés pacifiquement hier matin dans leurs ministères à Antananarivo, malgré la présence de l’armée. Des militaires lourdement armés, ovationnés par des dizaines de milliers de manifestants, ont laissé passer les «ministres» de l’Énergie, Élysé Razaka, de...
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