Territoires occupés - Sharon promet d’infliger « encore beaucoup de pertes » L’aviation et la marine israéliennes s’acharnent sur les Palestiniens : 16 tués

L’aviation et la marine israéliennes ont mené hier soir des raids contre des bâtiments officiels palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, quelques heures après un ferme avertissement adressé par le Premier ministre Ariel Sharon aux Palestiniens. Des hélicoptères de combat israéliens ont tiré deux missiles sur le principal bâtiment des renseignements palestiniens, situé à quelques mètres des bureaux du président palestinien Yasser Arafat confiné par Israël à Ramallah depuis le 3 décembre. «M. Arafat se trouvait dans son bureau. Il se porte bien et continue son travail», a déclaré Nabil Abou Roudeina, un proche conseiller du président palestinien. La marine israélienne a tiré, de son côté, une roquette et ouvert le feu à la mitrailleuse lourde sur des bâtiments de l’Autorité palestinienne à Gaza. Aucune indication n’a été donnée sur d’éventuelles victimes. Auparavant, des chasseurs-bombardiers F-16 israéliens avaient détruit complètement à Bethléem, un bâtiment abritant les renseignements palestiniens et la Force 17, la garde personnelle du président palestinien. Les Palestiniens doivent encore subir «beaucoup de pertes, afin qu’ils sachent qu’ils n’obtiendront rien par le terrorisme», a affirmé M. Sharon à la presse. «Quiconque veut négocier avec eux doit d’abord les frapper durement pour qu’ils sachent qu’ils n’obtiendront rien par le terrorisme», a-t-il déclaré. Le spirale de la violence, qui s’est accélérée depuis jeudi, a fait lundi 16 tués palestiniens, dont cinq enfants et adolescents et un médecin. Cette nouvelle effusion de sang intervient au lendemain de la décision d’Israël d’intensifier ses opérations militaires, après la mort de 22 Israéliens durant le week-end, victimes d’attaques palestiniennes. «Nous sommes engagés dans une véritable guerre face à un ennemi cruel et sanguinaire», a proclamé par ailleurs le Premier ministre israélien. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, s’est déclaré «de plus en plus inquiet de l’intensification du cycle de violence, des représailles, de contre-violence entre Israël et les Palestiniens». Il a appelé les deux parties à une trêve. En visite aux États-Unis, le président égyptien Hosni Moubarak a indiqué à CNN qu’il allait proposer d’organiser prochainement à Charm el-Cheikh (Égypte) un sommet entre MM. Sharon et Arafat. Le secrétaire du gouvernement palestinien Ahmad Abdelrahmane et le mouvement islamiste Hamas ont menacé de «punir» Israël après la mort de 16 Palestiniens. Six Palestiniens à bord de deux voitures, dont la femme et les trois enfants d’un responsable local du mouvement radical islamiste Hamas, ont été tués par un obus de char dans le camp de réfugiés d’al-Amari près de Ramallah en Cisjordanie par un tir israélien. Le ministre de la Défense Benyamin Ben Eliezer a présenté ses «regrets», affirmant dans un communiqué que le char visait une voiture «transportant des Palestiniens armés» et que les civils avaient été «tués par erreur». Dans le camp de réfugiés de Jénine, un médecin, Khalil Suleiman, 58 ans, responsable du Croissant-Rouge palestinien, a été tué par des militaires israéliens qui ont ouvert le feu contre une ambulance, selon des sources concordantes. Selon des sources médicales palestiniennes, l’ambulance a été prise sous le feu d’un char, alors qu’elle transportait une fillette blessée. À Genève, le Mouvement international de la Croix-Rouge a dénoncé lundi «le manque de respect dont souffrent les services médicaux d’urgence» dans le conflit du Proche-Orient, après la mort de ce médecin. Selon l’armée israélienne, des soldats ont ouvert le feu à l’arme légère contre le véhicule qui avait forcé un barrage et a explosé. Neuf autres Palestiniens ont été tués, certains lors d’échanges de tirs, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Au total, 1 357 personnes ont été tuées depuis le début de l’intifada, en septembre 2000, dont 1 027 Palestiniens et 305 Israéliens.