Actualités - CHRONOLOGIE
ITALIE - La gauche se mobilise contre le gouvernement, mais ne trouve pas de leader Marée humaine à Rome pour dire « assez » à Berlusconi(photo)
le 04 mars 2002 à 00h00
Pour la première fois depuis sa défaite électorale de mai dernier, la gauche modérée italienne a réussi à mobiliser samedi à Rome plusieurs centaines de milliers de personnes pour dire «assez» à Silvio Berlusconi, mais elle n’a pas encore trouvé le leader capable de la conduire à la victoire. L’évaluation de la manifestation a déclenché une polémique. L’écart entre l’estimation de 120 000 personnes fournie par la préfecture et le chiffre de «plus de 500 000» participants annoncé par les organisateurs est en effet très important. Les observateurs indépendants parlent de 200 à 300 000 personnes. Les prises de vue d’hélicoptère ont montré une marée humaine convergeant vers la piazza San Giovanni (Saint-Jean de Latran), lieu du rassemblement. La droite gouvernementale a raillé la satisfaction des chefs de l’opposition devant cette affluence. «La gauche a la berlue. Pour la première fois qu’elle réussit à se réunir sur une place, elle se multiplie par cinq», a ainsi ironisé Antonio Leone, un des chefs du groupe parlementaire de Forza Italia, le parti du président du Conseil Silvio Berlusconi. «La droite risque de se tromper : il est toujours insidieux de sous-évaluer certains signaux», a commenté dimanche l’éditorialiste Stefano Folli dans le Corriere de la Sera (indépendant). Mais si l’opposition s’était mobilisée au mot d’ordre «ensemble contre Berlusconi», la manifestation a été un échec personnel pour ses leaders, notamment pour Francesco Rutelli, chef de l’Olivier, la coalition du centre-gauche. Sa longue intervention a manqué de flamme et de conviction, ont relevé dimanche les éditorialistes proches de la gauche. Piero Fassino, le secrétaire national des Démocrates de gauche (DS), la principale force de l’Olivier, a été mieux accueilli, «mais ni lui ni Rutelli n’ont soulevé l’enthousiasme», a souligné Curzio Maltese dans le journal La Repubblica. «Le vieil Olivier n’est plus et le nouveau n’est pas encore né. L’alternative à Berlusconi reste à venir», a affirmé Stefano Folli. «Le problème de la gauche est l’ennui que les dirigeants actuels inspirent à leurs partisans», avait relevé il y a quelques jours le politologue Claudio Rinaldi. Et leurs querelles de pouvoir leur valent un véritable désaveu. Francesco Rutelli l’a reconnu samedi. Mais ses appels à l’unité et à l’ouverture ont été balayés par le coup de sang de l’ancien magistrat Antonio di Pietro, président de l’Unité des valeurs, furieux de ne pas avoir pu s’adresser à la foule. La gauche espère néanmoins retrouver sa cohésion pour les élections administratives de mai, mais faute d’un leader incontesté, elle ne parviendra pas à contrer Silvio Berlusconi, selon les analystes. Certains manifestants le pensaient samedi, comme l’homme qui brandissait un panneau sur lequel il avait écrit : «860 jours avant le retour du professeur» Romano Prodi, président de la Commission européenne et ancien chef de l’Olivier. Silvio Berlusconi a réagi très durement à la manifestation. «Ceux qui sont descendus dans la rue montrent une inquiétante volonté de ne pas respecter les règles démocratiques», a-t-il accusé. Les manifestants entendaient surtout dénoncer sa conception patronale de la direction du pays, l’adoption de lois servant ses intérêts personnels et la division du pays. Beaucoup étaient venus de Milan, Florence, Bologne et Naples où ils ont participé ces dernières semaines aux mouvements de la société civile pour défendre l’indépendance de la justice. Silvio Berlusconi a promis : «Si les cinq objectifs prévus au cours de la campagne électorale – baisse des impôts, sécurité, retraites, emplois, infrastructures – ne sont pas remplis, je retournerai à la vie privée». Les leaders de l’opposition l’ont mis au défi samedi de remplir ses engagements. Et la bataille s’annonce rude avec une nouvelle manifestation nationale le 23 mars à Rome organisée par la plus grande centrale syndicale italienne, la CGIL (gauche), contre le projet de loi sur les procédures de licenciement.
Pour la première fois depuis sa défaite électorale de mai dernier, la gauche modérée italienne a réussi à mobiliser samedi à Rome plusieurs centaines de milliers de personnes pour dire «assez» à Silvio Berlusconi, mais elle n’a pas encore trouvé le leader capable de la conduire à la victoire. L’évaluation de la manifestation a déclenché une polémique. L’écart entre l’estimation de 120 000 personnes fournie par la préfecture et le chiffre de «plus de 500 000» participants annoncé par les organisateurs est en effet très important. Les observateurs indépendants parlent de 200 à 300 000 personnes. Les prises de vue d’hélicoptère ont montré une marée humaine convergeant vers la piazza San Giovanni (Saint-Jean de Latran), lieu du rassemblement. La droite gouvernementale a raillé la satisfaction des chefs...