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Actualités - REPORTAGE

Conférence - Corruption et subjectivité, les médias au banc des accusés. La LAU propose un code d’éthique aux journalistes

Le thème en lui-même – «Journalisme et éthique» – ne pouvait que susciter une polémique d’autant plus houleuse qu’au Liban même des médias se livrent une guerre des ondes. C’est d’ailleurs sur cette controverse que le ministre de l’Information Ghazi Aridi a choisi d’élaborer son intervention lors de la conférence organisée par la Lebanese American University (LAU-Beyrouth), intitulée «L’Éthique professionnelle, la législation des médias et la liberté d’expression au Liban», à laquelle a participé M. Melhem Karam, président du syndicat de journalistes. Un sujet bien délicat dans un pays comme le Liban qui se targue d’avoir une presse libre et une tradition de pratique journalistique exemplaire au regard du reste du monde arabe. Cela est-il pour autant vérifié ? Dans quelle mesure cette liberté est-elle bien «gérée» dans les différentes institutions médiatiques ? Et permet-elle par ailleurs une transparence suffisante au niveau du financement de ces médias ? C’est ce type d’interrogations qui a été soumis au débat lors des sessions animées par des intervenants de taille tels que la journaliste de CNN d’origine libanaise, Octavia Nasr, Mona Ziadé du Daily Star, Marcello Scarone, de l’Unesco, une représentante du directeur de l’Institut international de presse, (IPI), Johann Fritz, Jawad Adra, de Information International, Nabil Dajani, de la LAU etc. Et bien entendu l’intervention très remarquée du ministre de l’Information Ghazi Aridi, qui n’a pas raté cette occasion pour rappeler que la démocratie en Amérique ne se porte pas mieux que chez nous. «On peut même parler de terrorisme exercé sur les journalistes», a-t-il dit, en faisant allusion à la mise sur pied d’«une véritable cellule médiatique, dont l’objectif n’est que d’induire l’opinion publique en erreur». Et M. Aridi de mettre l’accent sur la véritable signification de la liberté d’expression qui doit être distinguée de la dissension confessionnelle, en dénonçant «la sale guerre qui oppose en ce moment certains médias audiovisuels non pas pour protéger les intérêts de certaines communautés, mais simplement pour préserver des intérêts personnels». La responsable de la CNN, Octavia Nasr, raconte les débuts de son expérience au sein de cette grande institution internationale. Elle rappelle le nombre de lois et de codes auxquels elle a été soumise dès son accès à cette chaîne. «Les codes d’éthique qui régissent notre métier sont énormes», affirme Mme Nasr en expliquant qu’il lui a fallu des années pour retenir toutes ces réglementations. La source d’information, la crédibilité de l’informateur et les moyens de parvenir aux renseignements voulus sont également les guets-apens par excellence du métier, «d’où l’importance d’une éthique et de lignes rouges afin de ne pas mettre en cause l’intégrité du journaliste». Mais la question que l’on est en droit de se poser est de savoir si c’est au scoop qu’il faut donner la priorité ou plutôt à la rigueur de l’information ? «Nous avons décidé d’opter pour le second choix», a conclu Octavia Nasr. On a également beaucoup parlé lors de cette conférence de «l’argent politique» qui sert de moteur à certains médias, de pots-de-vin versés aux journalistes, de corruption à toutes les échelles du métier dont la première et dernière règle devrait pourtant être la transparence et l’objectivité. Et une journaliste d’interpeller M. Melhem Karam, en lui demandant : «Pouvez-vous nier qu’il n’existe pas de journalistes corrompus ? Les médias ne sont-ils pas à l’image de ceux qui les ont créés ? Confessionnels, sectaires et politisés jusqu’au bout ?» Le débat allait monter crescendo lorsque les participants, notamment Fayçal Salman, notre collègue du Safir, devait critiquer le projet de code d’éthique présenté par le comité de la LAU. Estimant que ce code, tel qu’il a été formulé, est «humiliant» pour les journalistes, M. Salman a proposé, soutenu par M. Karam, son amendement. Plusieurs participants ont répondu à ces critiques en précisant qu’il ne s’agit pas de reproches personnels mais d’un simple code d’éthique dont le métier a vivement besoin. Jeanine JALKH
Le thème en lui-même – «Journalisme et éthique» – ne pouvait que susciter une polémique d’autant plus houleuse qu’au Liban même des médias se livrent une guerre des ondes. C’est d’ailleurs sur cette controverse que le ministre de l’Information Ghazi Aridi a choisi d’élaborer son intervention lors de la conférence organisée par la Lebanese American University (LAU-Beyrouth), intitulée «L’Éthique professionnelle, la législation des médias et la liberté d’expression au Liban», à laquelle a participé M. Melhem Karam, président du syndicat de journalistes. Un sujet bien délicat dans un pays comme le Liban qui se targue d’avoir une presse libre et une tradition de pratique journalistique exemplaire au regard du reste du monde arabe. Cela est-il pour autant vérifié ? Dans quelle mesure cette...