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Actualités - ANALYSE

JO 2002 - Le médicament utilisé par les skieurs de fond convaincus de dopage serait facilement détectable Le Nesp ? « Il serait absurde d’en prendre pour se doper »

Le laboratoire Amgen, qui a mis au point l’Aranesp, le médicament utilisé par les skieurs de fond convaincus de dopage aux JO d’hiver de Salt Lake City, a estimé qu’il était «absurde d’en prendre pour se doper», car il est «facilement détectable». Le Dr Jean Caraux, directeur médical d’Amgen France, a en outre révélé que, avant même que ce médicament (baptisé «Nesp» pendant sa phase de recherche) soit commercialisé en septembre 2001, le laboratoire avait, à leur demande, collaboré avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) et le Comité international olympique (CIO) pour les informer sur les moyens de le détecter. «Le dopage à l’érythropoïétine (EPO) est difficile à détecter car, cette hormone étant naturellement produite par les reins, il faut pouvoir faire la différence entre cette production endogène et un apport exogène», a-t-il rappelé. «La darbepoetin alfa, agent actif du Nesp, est en revanche une hormone de synthèse dont la présence dans le sang ne peut être que d’origine exogène. Si on l’y trouve, c’est qu’on l’y a mise. Et elle est facilement détectable, car sa molécule n’a pas la même composition que l’EPO», a-t-il expliqué. «On était sûr qu’ils se feraient prendre», a-t-il ajouté. Détectable plus longtemps Des traces d’Aranesp ont été détectées dans les urines du fondeur espagnol Johann Muehlegg et de ses consœurs russes Larissa Lazutina et Olga Danilova, qui avaient remporté 8 médailles à eux trois aux JO-2002. Le premier a été privé d’une de ses trois médailles d’or, celle du 50 km classique. Lazutina, victorieuse sur 30 km classique, a également été déchue de ce titre. Société de recherche médicale américaine, dont le siège est en Californie, le laboratoire Amgen est expert en matière d’EPO. Ce sont ses chercheurs qui, il y a une vingtaine d’années, ont mis au point la première méthode de production pharmaceutique de cette hormone en réalisant une molécule de synthèse. L’Aranesp n’est qu’une évolution dans cette voie. «L’intérêt de l’Aranesp, du point de vue strictement médical, est qu’il reste plus longtemps dans le sang et donc que les patients n’ont pas à multiplier les injections comme cela est le cas avec l’EPO». «Pour les sportifs qui l’utilisent pour augmenter leur taux d’hémoglobine, cet effet à long terme est plutôt un inconvénient car il reste détectable plus longtemps», a-t-il expliqué. Complications Sans vouloir minimiser les dangers d’une utilisation du médicament lorsqu’il est détourné à des fins dopantes, le Dr Caraux a démenti qu’il puisse avoir les multiples effets secondaires qui lui ont été attribués. «Il y a eu un amalgame avec la somme des effets indésirables – cancer, diabète, déformations des os, maladie de Creutzfeld-Jacob, troubles thyroïdiens – que l’on a pu ou peut imputer à l’ensemble des hormones peptidiques. Certains de ces effets peuvent être dus à l’EPO, d’autres à l’hormone de croissance, d’autres à la testostérone, etc., mais aucune hormone ne peut provoquer l’ensemble de ces maladies», a-t-il expliqué. «Détourné de sa fonction et utilisé abusivement, l’Aranesp ne peut entraîner que des complications cardio-vasculaires graves en faisant monter trop et trop rapidement le taux d’hémoglobine», a-t-il ajouté. Il s’est d’ailleurs étonné que les taux plafonds établis par le CIO – 16 grammes par décilitre de sang pour les femmes, 17,5 g/dl pour les hommes – soient si élevés alors que la normale est de 13 à 14 g/dl. Soucieux que la publicité soudaine faite au médicament n’effraie les malades (insuffisants rénaux ne produisant plus naturellement d’EPO) auxquels il est destiné, Amgen entend bien lutter contre son détournement par les candidats au dopage. «Si ce produit est mal utilisé, cela va nous retomber dessus», s’est inquiété le Dr Caraux.
Le laboratoire Amgen, qui a mis au point l’Aranesp, le médicament utilisé par les skieurs de fond convaincus de dopage aux JO d’hiver de Salt Lake City, a estimé qu’il était «absurde d’en prendre pour se doper», car il est «facilement détectable». Le Dr Jean Caraux, directeur médical d’Amgen France, a en outre révélé que, avant même que ce médicament (baptisé «Nesp»...