Les Nations unies ont lancé hier à Kaboul un appel de fonds de 1,18 milliard de dollars pour l’assistance à l’Afghanistan pour 2002, et demandé que les pays donateurs remplissent rapidement leur promesses d’aide. Les pays donateurs se sont engagés le mois dernier à Tokyo à fournir 4,5 milliards de dollars sur cinq ans pour la reconstruction de ce pays ravagé par 23 années de guerre, mais l’argent promis n’arrive encore qu’au compte-gouttes. Des représentants de l’Onu, de plusieurs pays occidentaux, des organisations non gouvernementales et du gouvernement intérimaire afghan se sont réunis, pour la première fois à Kaboul, pour faire le point sur le programme d’assistance international à l’Afghanistan. «Le temps est venu de remplir les promesses substantielles qui ont été faites à Tokyo», a déclaré le secrétaire général adjoint de l’Onu, chargé de la coordination de l’aide d’urgence, Kenzo Oshima. À Berlin, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan s’est dit «inquiet» jeudi du «décalage entre promesses et versement» de l’aide internationale à l’Afghanistan. «Bien que des sommes importantes aient été promises, pas assez d’argent n’a pour le moment été versé. La consolidation de la paix en Afghanistan dépend d’une dynamique de reconstruction qui doit être la plus rapide possible», a souligné M. Annan. «Les Afghans doivent voir des changements tangibles dans leurs vies, et vite», a déclaré de son côté à Kaboul le représentant spécial de l’Onu Lakhdar Brahimi. «Nous ne sommes pas en 1992, quand la plus grande partie du monde avait oublié l’Afghanistan. Nous sommes en 2002, et l’espoir est né», a-t-il ajouté. L’année 1992 avait vu le début de combats entre les factions moudjahidine, incapables de s’unir après avoir vaincu les forces soviétiques quatre ans plus tôt. Ces affrontements allaient faire des dizaines de milliers de victimes et transformer une partie de Kaboul en champs de ruines. Le diplomate algérien a de nouveau réclamé une extension des effectifs de l’Isaf, la Force internationale d’assitance à la sécurité en Afghanistan, forte de 4 500 hommes, dont la mission est cantonnée à Kaboul et ses environs. Il a aussi insisté sur la nécessité d’aider les Afghans à bâtir une force de police et une armée nationales. Un premier bataillon, qui doit à terme compter 600 soldats venant de toutes les régions du pays, a entamé lundi six semaines d’entraînement sous la supervision de l’Isaf pour former un embryon d’armée nationale et multiethnique.