Actualités - CHRONOLOGIE
COLOMBIE - La réoccupation de l’ancien fief des Farc prendra au moins 6 mois Ingrid Betancourt restera candidate aux présidentielles malgré sa captivité
le 27 février 2002 à 00h00
Ingrid Betancourt, enlevée dimanche par la guérilla des Farc et dont le lieu de captivité a été localisé lundi soir par l’armée, continuera d’être la candidate des Verts aux présidentielles en Colombie grâce à une récente loi qui permet à des otages d’être élus. L’ex-sénatrice avait été séquestrée dimanche par un commando des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), la principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, près de Florencia, à 700 km au sud de Bogota. Une loi adoptée le 11 décembre dernier par le Congrès de Bogota autorise désormais le maintien de toute candidature à une fonction élective, quelle qu’elle soit, si le postulant est pris en otage, et permet d’entériner son élection si tel est le résultat du scrutin. L’accord écrit ou verbal du candidat pour le maintien de sa campagne politique en son absence par ses fidèles n’est pas exigé quand existe un «cas de force majeure», comme un enlèvement du candidat, souligne cette loi. «Ingrid Betancourt va continuer d’être notre candidate à la présidence au scrutin du 26 mai», a déclaré à la presse Alvaro Soto, l’un des responsables de la campagne du parti des Verts «Oxygène», en l’absence de sa directrice, Clara Rojas, également séquestrée dimanche par les Farc. Les militants du parti «Oxygène» vont «assumer cette campagne, plus unis que jamais», a souligné Alvaro Soto, pour appuyer la candidature d’Ingrid Betancourt, dont le lieu de captivité a été localisé lundi soir par l’armée. «Nous avons repéré l’endroit où elle se trouve, mais nous avons suspendu la chasse aux délinquants à la demande de la famille de Mme Betancourt, qui exige de ne pas mettre sa vie en danger», a révélé le général Roberto Pizarro, chef militaire des Forces conjointes de la région Sud. Le général Pizarro n’a pas révélé le lieu de captivité de la candidate au scrutin, chargé de désigner un successeur au président conservateur Andrés Pastrana. Côté terrain, une source a révélé hier que l’occupation du Caguan, l’ancien fief des Farc, va prendre six mois alors que les bombardements, qui avaient débuté le 21 février, continuaient hier contre les campements rebelles. «La récupération de l’ancien zone démilitarisée des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) exigera un laps de temps de six mois au moins», a déclaré cette source, qui a requis l’anonymat, avant d’ajouter que «les bombardements» contre les campements de la guérilla «se sont poursuivis depuis le début de l’offensive jeudi dernier et vont continuer avec une intensité variable». Lorsqu’elle a été enlevée, Ingrid Betancourt tentait de se rendre en voiture sans escorte dans le Caguan, ancienne zone démilitarisée occupée par les rebelles et grande comme la Suisse (42 000 km2). La candidate des Verts fait bien l’objet d’une demande d’échange de la part des commandants de la guérilla contre leurs hommes détenus dans les prisons de Colombie, a appris lundi soir de source officielle à Bogota. La libération d’Ingrid Betancourt, 40 ans, et de cinq parlementaires colombiens, également aux mains des Farc, dépend de «l’adoption d’une loi sur un échange de prisonniers entre les Farc et le pouvoir d’ici à douze mois», selon un communiqué des Farc reçu dimanche et authentifié lundi soir par les autorités, selon la même source, qui a requis l’anonymat. Aucune menace de mort n’est contenue dans ce document. «Nous rejetons l’utilisation comme arme politique de cet enlèvement, que nous condamnons, et nous exigeons la libération immédiate d’Ingrid Betancourt», a aussitôt déclaré Armando Estrada, ministre de l’Intérieur. «Un échange de prisonniers reste un défi. Les guérilleros ont violé la loi, la plupart sont détenus pour terrorisme, assassinat ou dynamitage», a ajouté le ministre, avant de rappeler que le gouvernement s’est «toujours opposé à cet échange non satisfaisant». Cette réaction du ministre de l’Intérieur laisse présager qu’aucune négociation n’est envisagée par les autorités, en tout cas à partir des exigences contenues dans le communiqué de la guérilla, pour obtenir la libération d’Ingrid Betancourt. Les explications de Bogota Dans une communication adressée à L’Orient-Le Jour, l’ambassadeur de Colombie au Liban, M. Armando Echeverri Jimenez, explique les raisons qui ont poussé le gouvernement de son pays à mettre fin au processus de dialogue avec les rebelles du Farc. M. Jimenez explique ainsi qu’en octobre 1997, dix millions de Colombiens donnèrent mandat aux candidats à la présidence, à travers les urnes, pour aboutir à une paix via la négociation politique. Ainsi, le gouvernement a fait toute sorte d’efforts et beaucoup de concessions dont l’abandon à la guérilla d’un territoire aussi grand que la Suisse afin d’effectuer là-bas les dialogues et aboutir aux accords souhaités. Cependant, à partir du 20 janvier 2002, les Farc ont commis 117 actes de terrorisme, en plus de la prise d’un avion commercial en plein vol à bord duquel se trouvait le sénateur d’origine libanaise Jorge Gechem Turbay, président de la commission de paix du Sénat, et son fils. De plus, la zone cédée par le gouvernement a été utilisée par les Farc pour s’adonner à la culture de la feuille de coca, à l’entraînement de terroristes, à la construction de pistes pour l’atterrissage de vols clandestins et elle était également devenue une prison pour otages et un lieu pour le paiement des rançons. Le président a donné l’ordre aux Forces armées de Colombie de reprendre ladite zone, en faisant attention à ce que la population civile soit protégée de tout risque. Le gouvernement colombien a donc décidé de mettre fin au processus de dialogue, de supprimer la zone démilitarisée, de retirer le statut politique reconnu aux Farc-EP et de maintenir les procédures judiciaires contre ceux qui sont impliqués dans des délits prévus par les lois colombiennes.
Ingrid Betancourt, enlevée dimanche par la guérilla des Farc et dont le lieu de captivité a été localisé lundi soir par l’armée, continuera d’être la candidate des Verts aux présidentielles en Colombie grâce à une récente loi qui permet à des otages d’être élus. L’ex-sénatrice avait été séquestrée dimanche par un commando des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), la principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, près de Florencia, à 700 km au sud de Bogota. Une loi adoptée le 11 décembre dernier par le Congrès de Bogota autorise désormais le maintien de toute candidature à une fonction élective, quelle qu’elle soit, si le postulant est pris en otage, et permet d’entériner son élection si tel est le résultat du scrutin. L’accord écrit ou verbal du candidat pour le...