Actualités - OPINION
Tribune Il est temps de résoudre le problème des retraites Par Fadi Esta conseiller économique et financier
Par ESTA FADI, le 27 février 2002 à 00h00
Pourquoi ne sort-on pas de l’immobilisme à propos des retraites, un sujet pourtant crucial pour les Libanais ? Tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas voulu bousculer les troupes de fonctionnaires arc-boutés sur leurs avantages acquis et qui restent l’arme au pied. Tous les responsables ont refusé de jouer aux démineurs, car s’en prendre aux fonctionnaires, c’est s’attaquer à une base électorale et sociale que l’on ne veut pas offusquer surtout quand celle-ci sait se défendre. C’est seulement sous la directive de Sélim Hoss, alors Premier ministre, que Michel Moussa, ministre du Travail, a déployé beaucoup d’énergie pour réformer l’indemnité de fin de service. Mais le gouvernement actuel a décidé de suspendre les deux décrets réformant le système et propose à la place une nouvelle loi qui reforme l’indemnité de fin de service. Cette nouvelle loi ne constitue pas une base sérieuse pour préparer l’avenir de la Caisse nationale de la Sécurité sociale. Quelle réforme faut-il appliquer au système actuel ? Dans le système actuel, l’indemnité de fin de service dépend principalement du nombre d’années de contribution, ainsi que du montant du dernier salaire. L’indemnité de fin de service pour un employé est fonction de la capacité du dernier employeur à régler la différence entre la somme des contributions payées à la source pour le compte du retraité et le montant de l’indemnité de fin de service relatif à la durée d’emploi chez le dernier employeur. De plus, il existe un grand fossé entre le secteur public et le privé. Les retraites des fonctionnaires proviennent soit de la CNSS, soit du budget de l’État directement. Les Libanais sont conscients que le secteur public bénéficie d’avantages exagérés, et les responsables les plus raisonnables savent que ce système est insensé. Les pressions du système d’indemnités de fin de service qui sont exercées sur le secteur privé empêchent les employeurs d’embaucher et de débaucher librement, de même qu’il limite la possibilité pour les employés de changer de travail. Le système actuel de la CNSS doit donc être reformé pour relancer le marché du travail. Par exemple, dans le système de répartition appliqué en France, la retraite dépend de trois variables principales : la durée des périodes de contribution (périodes travaillées), le taux de pension et le salaire annuel (salaire moyen sur des périodes de travail). L’âge normal pour la retraite est fixé à 65 ans. Une retraite supplémentaire (fixée en points) peut venir s’ajouter à la retraite principale. Le système de retraite par répartition en France est voué à une mort lente, car il impose aux jeunes générations des charges de plus en plus insupportables, pour entretenir des retraités de plus en plus nombreux. Pour sauver aujourd’hui la retraite par répartition, il n’y a pas de recette magique : on peut soit augmenter les cotisations (le gouvernement a en fait diminué les cotisations), soit réduire le montant des indemnités de fin de service, soit allonger la période de travail. L’idéal serait d’appliquer les deux premières solutions, mais les marges sont infimes et les conséquences dures à porter. Alors, allonger la durée de travail est inévitable, sachant que l’espérance de vie (en 2050) va aussi s’allonger de dix ans. Pratiquement, il est vrai, l’État est assez mal armé pour passer de la répartition à la capitalisation. La réforme doit se faire par la sélection d’un système équitable pour tous les Libanais employés, fonctionnaires, ou indépendants. La retraite, ça se prépare ! En attendant une réforme globale, chacun doit penser à son propre avenir. Conserver le même niveau de vie avant et après la retraite requiert une vision à long terme. Les Libanais sont conscients que l’indemnité de fin de service versée par la CNSS ne permettra pas de maintenir le niveau de vie dont ils disposaient en tant que salariés. Pour parvenir à maintenir ce même niveau de vie, il faut épargner. L’épargne peut être constituée par le salarié lui-même et/ou par son employeur. La contribution des entreprises dépend évidemment de leur générosité, les solutions individuelles sont donc les plus avantageuses en termes de régularité. Elles le seront aussi à l’avenir en termes de fiscalité si la législation s’adapte. Deux dimensions sont essentielles pour réussir sa retraite : 1 – La question qui se pose d’abord est de savoir combien épargner chaque année. La réponse à cette question dépend de l’évaluation des besoins futurs. 2 – Il ne faut pas sous-estimer l’effort d’épargne. Pour réussir une retraite individuelle, il faut savoir partir à point. Une personne de 25 ans qui épargne une somme de 50 dollars par mois bénéficiera d’un capital de 60 000 dollars à 65 ans. Pour la même contribution mensuelle, une personne de 45 ans bénéficiera de 18 500 dollars lors de sa retraite. (Ces estimations sont nettes de frais et sont fondées sur une hypothèse conservatrice de rémunération des capitaux au taux de 4 %).
Pourquoi ne sort-on pas de l’immobilisme à propos des retraites, un sujet pourtant crucial pour les Libanais ? Tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas voulu bousculer les troupes de fonctionnaires arc-boutés sur leurs avantages acquis et qui restent l’arme au pied. Tous les responsables ont refusé de jouer aux démineurs, car s’en prendre aux fonctionnaires, c’est...
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