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Actualités - CHRONOLOGIE

Industrie - Conférence sur l’accord de partenariat euromed La Tunisie donne l’exemple d’un programme réussi de mise à niveau

Le Liban a grand intérêt à s’inspirer de l’exemple tunisien s’il veut réussir son partenariat avec l’Union européenne. Car cet accord, paraphé le 10 janvier dernier à Bruxelles présente de nombreuses opportunités aux entreprises libanaises, mais il comporte aussi des risques importants. C’est ce qu’a rappelé hier René Milas, membre de la délégation de la Commission européenne à Beyrouth, lors d’une conférence sur les relations entre le monde arabe et l’Union européenne organisée par l’Association des industriels libanais. Dès sa mise en application, l’accord ouvre en effet largement le marché unique européen aux produits libanais et, en échange, le Liban doit commencer à démanteler ses barrières tarifaires à l’issue d’une période de grâce de cinq ans qui court dès la signature du texte (prévue en avril prochain). Or, pour exporter vers l’Union européenne, il ne suffit pas de bénéficier d’un accès libre, mais d’offrir des produits compétitifs, a souligné le ministre de l’Industrie, Georges Frem. L’Association des industriels est fière de l’augmentation des exportations de 25 % enregistrée en 2001, mais la route est encore longue pour rééquilibrer la balance commerciale entre le Liban et l’Union européenne qui est déficitaire de trois milliards de dollars, a rappelé Jacques Sarraf, président de l’association. Comment relever le défi ? Slim el-Tlatli donne un résumé de sa méthode. Cet expert tunisien a dirigé le programme de mise à niveau de l’industrie dans son pays et travaille aujourd’hui en Jordanie, autre signataire arabe du partenariat euro-méditerranéen. «Aucun pays ne se construit uniquement grâce au secteur des services, il existe une corrélation très forte entre la part de l’industrie dans le PIB et la croissance du PIB», a-t-il expliqué lors de la conférence organisée à l’Unesco, avec la collaboration du CIJE (Consultations internationales juridiques et économiques). Environ 90 % des exportations tunisiennes sont des exportations de biens. Au total, ces exportations représentent sept milliards de dollars, dont trois milliards de textiles. «Aujourd’hui, la Tunisie vend 70 millions de pantalons à l’Union européenne, alors qu’il y a dix ans, les économistes donnaient le secteur textile tunisien pour mort». Dans un marché qui n’excède pas cinq à dix millions de consommateurs, le seul moteur possible de la croissance est l’exportation, estime M. Tlatli. C’est le choix stratégique fait par la Tunisie. Son alliance avec l’Union européenne est à cet égard une décision cruciale, étant donné que 80 % des échanges tunisiens se font avec l’Union européenne. «Mais il ne faut pas croire que l’aide financière européenne est décisive. Elle représente seulement une contribution à un effort qui doit être interne avant tout». Le programme tunisien de mise à niveau a porté sur deux éléments, explique M. Tlatli : renforcer la compétitivité des entreprises et amélioration de leur environnement. Car, poursuit l’expert, des études montrent que la compétitivité des entreprises dépend pour 60 à 70 % d’éléments qui lui sont extérieurs et sur lesquels elle n’a pas prise (coût de l’électricité, infrastructures...). Ce programme nécessite la mise en place d’un fonds national de soutien au développement. «Ne croyez pas que l’aide européenne de onze millions de dollars va suffire à moderniser l’industrie libanaise. L’effort financier doit être beaucoup plus important». Quelques principes doivent guider les pouvoirs publics, poursuit M. Tlatli. «Je ne crois pas à la notion de secteur porteur», dit-il en guise d’exemple. «Cette notion est dangereuse, car elle provoque des distorsions de concurrence entre les entreprises situées dans les secteurs désignés et les autres. Le programme de mise à niveau doit donc être ouvert à toutes les entreprises». Entre 1996 et l’année dernière, 2 005 entreprises tunisiennes ont postulé au programme de mise à niveau, soit 70 % du secteur. Fin 2001, 1 030 dossiers avaient été acceptés. L’État participe à hauteur de 70 % aux projets de modernisation présentés par les candidats dont le montant total représente environ 150 millions de dollars. Les résultats sont spectaculaires sur les trois dernières années. Le chiffre d’affaires moyen des entreprises concernées a augmenté de 11 % par an. Leur résultat brut d’exploitation de 21 % par an et leur chiffre d’affaires à l’export de 18 % par an. Le secteur textile, symbole de cette réussite, a enregistré une croissance de 25 % en 2001, alors que la croissance du marché européen n’a pas dépassé les 3 %. Des insuffisances demeurent et les risques, notamment sociaux, sont toujours présents, mais l’expérience tunisienne est déjà citée en exemple. Une expérience dont le Liban pourrait bénéficier à condition qu’il adopte cet «état d’esprit» bien particulier décrit par Slim el-Tlatli : la volonté partagée de changement. Sibylle RIZK
Le Liban a grand intérêt à s’inspirer de l’exemple tunisien s’il veut réussir son partenariat avec l’Union européenne. Car cet accord, paraphé le 10 janvier dernier à Bruxelles présente de nombreuses opportunités aux entreprises libanaises, mais il comporte aussi des risques importants. C’est ce qu’a rappelé hier René Milas, membre de la délégation de la Commission européenne à Beyrouth, lors d’une conférence sur les relations entre le monde arabe et l’Union européenne organisée par l’Association des industriels libanais. Dès sa mise en application, l’accord ouvre en effet largement le marché unique européen aux produits libanais et, en échange, le Liban doit commencer à démanteler ses barrières tarifaires à l’issue d’une période de grâce de cinq ans qui court dès la signature du texte...