Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Journaliste au « Monde des livres » Patrick Kéchichian, veilleur de poésie (PHOTO)

De passage à Beyrouth pour sa participation, dans le cadre du IIIe Festival des cèdres pour la poésie, à la table ronde sur la traduction, Patrick Kéchichian, journaliste au Monde des livres depuis 1985, est «le» spécialiste du genre du service littéraire du quotidien français. Une appellation qui le fait quelque peu sourire et à propos de laquelle il précise qu’elle ne se vérifie que pour le tiers de ses articles, tandis que le reste est consacré à la prose en général. Mais il n’empêche qu’après ces années de pratique en connaissance de cause, il est à même d’avancer des réflexions sur la poésie, à commencer par une ébauche de définition : «C’est le genre littéraire dans lequel la recherche sur l’usage de la parole et du langage est la plus aiguisée, c’est là que la littérature peut s’exprimer», affirme-t-il. Pourtant, le succès de cette écriture en constante quête d’elle-même est loin d’être assuré : «Un poète, lorsqu’il est plutôt apprécié, vend un millier de copies de son recueil», ajoute le journaliste. Quant à la qualité des publications, Patrick Kéchichian affirme que «sur deux cents recueils environ parcourus en un an, 20 d’entre eux auraient mérité d’être publiés». Verdict abrupt certes, mais parfaitement justifié. «L’attachement affectif du poète à ce qu’il écrit est très fort, si bien qu’il lui est particulièrement difficile de prendre le recul critique nécessaire. En plus, il arrive que certains auteurs écrivent de la poésie mais n’en lisent pas. Ceux-là ont donc une conviction forte sur ce qu’ils produisent». Amateur de la «matière du texte», Patrick Kéchichian a bien sûr ses préférences, qui vont de Hugo, Rimbaud, Verlaine et Baudelaire à des auteurs modernes et contemporains comme Pierre Reverdy, Jean Follain, Lionel Ray ou André du Bouchet. Sans réel a priori, ses articles critiquent d’aussi près que possible la teneur d’un texte mais aussi la valeur d’une thèse. Sa dernière prise de position colérique s’est dirigée vers l’ouvrage d’Henri Meschonnic, auteur d’un essai de 300 pages sur la poésie contemporaine et dont la trame démontrait, grosso modo, l’inexistence du genre à l’époque actuelle. Difficile à croire. Mais les gardiens du temple, comme Patrick Kéchichian, veillent. D.G. * Patrick Kéchichian est également auteur d’essais (Les usages de l’éternité, Le Seuil, 1993), de fables dialoguées (Les origines de l’alpinisme, Le Seuil, 2001) et d’études (La conversion de Saint-Paul, ouvrage collectif en collaboration avec Stanislas Breton et Philippe Moret, Desclée De Brouwer, 2001).
De passage à Beyrouth pour sa participation, dans le cadre du IIIe Festival des cèdres pour la poésie, à la table ronde sur la traduction, Patrick Kéchichian, journaliste au Monde des livres depuis 1985, est «le» spécialiste du genre du service littéraire du quotidien français. Une appellation qui le fait quelque peu sourire et à propos de laquelle il précise qu’elle ne se vérifie que pour le tiers de ses articles, tandis que le reste est consacré à la prose en général. Mais il n’empêche qu’après ces années de pratique en connaissance de cause, il est à même d’avancer des réflexions sur la poésie, à commencer par une ébauche de définition : «C’est le genre littéraire dans lequel la recherche sur l’usage de la parole et du langage est la plus aiguisée, c’est là que la littérature peut...