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Actualités - CHRONOLOGIE

FOIRE - Huit cents kilos de viande pour un millier de dollars Le bifteck est italien, le cheval est polonais

Le petit village de Skaryszew, au cœur de la Pologne, se transforme une fois par an en une immense foire aux chevaux prisés par des fermiers polonais, mais surtout par des Italiens prêts à faire 2 000 kilomètres pour trouver une viande de qualité. Les meilleures affaires de cette foire du premier lundi du carême se font à l’aube. Dès cinq heures du matin, les acheteurs parcourent le marché installé dans les rues du village à la quête des plus beaux animaux. Antonio, la cinquantaine, choisit des chevaux robustes. «Ile ?» (combien) est l’un des rares mots de polonais que connaît cet Italien qui vient en Pologne régulièrement. Il frappe le flanc d’un étalon pour vérifier s’il est bien musclé. «Huit cents kilos de viande, 5 400 zlotys», s’écrie le vendeur, un intermédiaire rom. Un marchandage serré commence. Tous deux sont excellents négociateurs, ils se tapent les mains à tour de rôle, puis, trois fois de suite, quand l’affaire est conclue. Le cheval est parti pour 4 500 zlotys (près d’un millier de dollars). Avec des ciseaux, Antonio découpe dans le poil de l’animal le signe de sa société et le numéro 67 : c’est le 67e animal qu’il a acheté, de quoi remplir trois grands poids lourds garés à proximité. Selon la légende, le roi Ladislas Jagellon accorda en 1432 à Skaryszew le droit de tenir une foire aux chevaux chaque premier lundi du carême. Il récompensa ainsi le village qui lui avait fourni des chevaux pour une importante bataille. Droit à l’abattoir «La tradition ne s’est pas perdue, tout le monde sait quand se tient la foire, la plus grande en Europe centrale», explique Miroslaw Sienkiewicz, l’un des organisateurs. Cette année, près 2 000 chevaux ont été mis en vente, ajoute-t-il. Sous les cris des badauds «regardez les biftecks italiens», les chevaux sont conduits vers un parking. Là, on les force à coup de fouet à monter sur une rampe, avant de leur enlever leurs fers, interdits dans le transport pour des raisons de sécurité. «Évidemment, j’aurais préféré vendre mon poulain à un agriculteur et il serait resté vivant, non pas à un marchand italien qui le conduira droit à l’abattoir», dit Stanislaw, propriétaire d’une petite ferme de 4 hectares. «Mais les chevaux sont de moins en moins utilisés dans l’agriculture et de plus en plus chers à entretenir», se plaint-il. Son poulain de 8 mois a été vendu 2 800 zlotys et partira à Barri, dans le sud de l’Italie. C’est dans le centre et le sud de l’Italie que la viande chevaline est la plus appréciée, explique Janusz, partenaire polonais d’une société italienne. «Les consommateurs italiens aiment la viande des chevaux robustes et jeunes, un peu grasse et claire. Les Français préfèrent une viande maigre et plus foncée. Quant aux Japonais, ils apprécient une viande bien grasse», indique Mario, commerçant de la région de Padou. Attachés par des cordes Les chevaux adultes sont transportés attachés par des cordes. «Ils se mordent entre eux. Les poulains voyagent librement», explique Janusz, Les conditions de transport des chevaux polonais vers les abattoirs européens (près de 100 000 animaux par an) sont vigoureusement dénoncées par des écologistes. Les marchands s’en insurgent. «Les écolos dénoncent les conditions dans lesquelles les chevaux sont transportés, mais personne ne pleure quand un cheval laboure dix heures par jour», s’exclame un commerçant qui préfère l’anonymat. «Et tout cela, affirme-t-il, parce qu’un lobby veut interdire le transport de chevaux vivants et construire des abattoirs en Pologne. Résultat : les Italiens n’achèteront plus en Pologne, ils veulent de la viande fraîche, pas congelée». L’an dernier, la maladie de la vache folle a fait le bonheur des paysans polonais. Les prix ont flambé de 30 % en trois semaines. «Aujourd’hui, le marché s’est stabilisé, explique Janusz. Ce n’est plus comme avant. Chaque semaine, cinq camions partaient vers l’Italie, maintenant, on fait trois ou quatre transports par mois».
Le petit village de Skaryszew, au cœur de la Pologne, se transforme une fois par an en une immense foire aux chevaux prisés par des fermiers polonais, mais surtout par des Italiens prêts à faire 2 000 kilomètres pour trouver une viande de qualité. Les meilleures affaires de cette foire du premier lundi du carême se font à l’aube. Dès cinq heures du matin, les acheteurs parcourent le marché installé dans les rues du village à la quête des plus beaux animaux. Antonio, la cinquantaine, choisit des chevaux robustes. «Ile ?» (combien) est l’un des rares mots de polonais que connaît cet Italien qui vient en Pologne régulièrement. Il frappe le flanc d’un étalon pour vérifier s’il est bien musclé. «Huit cents kilos de viande, 5 400 zlotys», s’écrie le vendeur, un intermédiaire rom. Un marchandage serré...