Actualités - CHRONOLOGIE
France - Près de 6 personnes sur dix ne sont pas intéressées par la campagne présidentielle Chirac et Jospin se disputent l’électorat centriste
le 26 février 2002 à 00h00
Les deux principaux candidats à l’élection présidentielle française ont fait, en ce début de campagne, l’impasse sur leurs différences, notaient lundi des commentateurs dans l’espoir de mobiliser les voix des électeurs politiquement au centre. Mais cette volonté d’éviter les déclarations tranchées est telle, souligne un sondage publié lundi, que pour trois quarts des Français il n’existe plus de différence entre le conservateur Jacques Chirac et le socialiste Lionel Jospin. Cette stratégie, qui semble devoir gommer le débat d’idées qui précède traditionnellement le premier tour du scrutin dans les élections françaises, risque toutefois d’aggraver la lassitude des Français : le même sondage publié dans le quotidien de gauche Libération révèle que 59 % d’entre eux ne sont pas ou peu intéressés par la campagne présidentielle. Les deux hommes se sont encore peu exprimés, mais les commentateurs ont déjà souligné leur souhait apparent d’éviter un choc frontal. La déclaration-programme de M. Chirac la semaine dernière sur la sécurité, un thème au centre des préoccupations des Français, est apparue en retrait par rapport aux projets des formations de l’opposition, et les ressemblances entre les propositions des deux candidats ont été soulignées par la presse. Par la suite, M. Jospin s’est bien déclaré «socialiste d’inspiration», mais pour ajouter aussitôt : «Le projet que je propose au pays n’est pas un projet socialiste». « Libéralisme voilé » contre « socialisme modernisé » Ces premiers échanges ont fait écrire à l’éditorialiste de Libération que «Jacques Chirac a fait de sorte, à l’heure de se jeter en campagne, que son libéralisme s’avance voilé, tandis que Lionel Jospin s’est efforcé que son socialisme paraisse “modernisé”». Cette prudence s’explique par la nécessité pour gagner une élection en France de s’assurer les voix du centre, un concept politique aux contours flous qui recouvre les indécis dont les choix ne sont pas dictés par des convictions partisanes ou idéologiques. Ce «centre» a pris d’autant plus d’importance que l’électorat de chacun des deux camps s’est réduit et que la proportion de ceux qui ne se considèrent «ni de droite ni de gauche» a grimpé de 19 % en 1995 à 45 % en 2001, selon une enquête publiée récemment. «Chirac a fait, en 1988, l’erreur d’abandonner le centre à Mitterrand (ancien président socialiste François Mitterrand, ndlr). Jospin s’est souvenu de la leçon, Chirac aussi», commentait lundi le quotidien régional, Le Télégramme, en citant une constatation faite par M. Jospin lui-même dans son livre écrit en 1991 L’invention du possible. Mais cette décision de faire porter les efforts de séduction sur cette moitié d’électeurs, qui ne se disent ni d’un bord ni de l’autre, risque de rendre caduc l’exercice du premier tour, fixé au 21 avril, qui permettait à la diversité politique de se faire entendre et d’être par la suite prise en compte. «Tout se passe comme si Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient décidé de faire l’économie du premier tour et se livraient d’ores et déjà à une campagne de deuxième tour», prévu le 5 mai, écrit le quotidien régional Le Républicain Lorrain. Pour le quotidien conservateur Le Figaro, «cette stratégie uniquement axée sur le rendez-vous de mai a une double conséquence : la voix des “petits” risque d’être encore plus étouffée. Et la confrontation de projets et d’idéologies que le citoyen pouvait espérer s’éloigne. Alors, le débat ? Nous n’y sommes pas, nous en sommes loin». Ce regret est exprimé de la même manière par le quotidien communiste L’Humanité : «Les électeurs attendent autre chose que d’avoir à choisir entre une option franchement libérale, avec Jacques Chirac, et une autre raisonnablement sociale-libérale, avec Lionel Jospin (...)». Et dans ce contexte où les deux ténors de l’élection présidentielle, victimes sans doute de cinq ans de cohabitation à la tête de l’Exécutif, ont du mal à exprimer des visions politiques différentes, l’avertissement dimanche d’un «petit candidat» de droite est apparu prémonitoire. «Si nous pensons tous la même chose, c’est que nous ne pensons plus rien», a lancé François Bayrou, candidat de l’Union pour la démocratie française, une formation de centre-droit.
Les deux principaux candidats à l’élection présidentielle française ont fait, en ce début de campagne, l’impasse sur leurs différences, notaient lundi des commentateurs dans l’espoir de mobiliser les voix des électeurs politiquement au centre. Mais cette volonté d’éviter les déclarations tranchées est telle, souligne un sondage publié lundi, que pour trois quarts des Français il n’existe plus de différence entre le conservateur Jacques Chirac et le socialiste Lionel Jospin. Cette stratégie, qui semble devoir gommer le débat d’idées qui précède traditionnellement le premier tour du scrutin dans les élections françaises, risque toutefois d’aggraver la lassitude des Français : le même sondage publié dans le quotidien de gauche Libération révèle que 59 % d’entre eux ne sont pas ou peu intéressés...